Un seul cercle, la planète entière

Tous/toutes citoyen-ne-s, tous/toutes solidaires

 

Avec la loi fédérale du 18 mars 1994 sur l’assurance-maladie (LAMal), « le législateur souhaitait l’introduction de l’assurance obligatoire des soins pour l’ensemble de la population en Suisse. » Aujourd’hui, l’Office des réfugiés planche sur l’opportunité de les refuser aux requérant-e-s d’asile. Leur « Menschsein » n’en aurait pas besoin!1.

 

Pourquoi hésiterait-il devant une telle discrimination? La confédération et les cantons n’acceptent-ils pas depuis longtemps que l’aide sociale accordée aux requérants d’asile ne constitue qu’une fraction du minimum prévu par les barèmes officiels d’assistance? L’administration possède depuis des décennies la compétence de discriminer selon leur nationalité les bénéficiaires d’une autorisation de séjour.

 

Solidement calé sur tous les partis gouvernementaux, le Conseil fédéral travaille aujourd’hui à introduire cette compétence dans la loi. Sa nouvelle « Loi sur les étrangers » (LEtr)2 systématise la discrimination des prétendus non-européens. Elle restreint l’octroi des visas, renforce les contrôles policiers aux frontières et accroît les obstacles à la vie de famille. Elle aggrave le pouvoir de traiter en délinquants les immigrants discriminés et renforce l’arsenal répressif qui leur sera infligé. (V. article en p.6)

 

En juillet 2000, ruse lamentable, le Conseil fédéral fourgue ce projet travesti en contre-projet à l’initiative 18%. Les autorités suisses acceptent depuis plus de 80 ans le racisme d’Etat qui règne au Département fédéral de justice et police. Le Parlement acceptera-t-il de discuter demain un texte ouvertement raciste? Dans les mois à venir, nous nous efforcerons d’empêcher un tel scandale. Nous contribuerons notamment à faire connaître la LEtr et les enjeux de ce débat.

 

En 1964, à la chute des empires coloniaux, le Conseil fédéral, fermait les portes de la Suisse aux citoyens des nouveaux pays. Il se bornait alors à autoriser la « police des étrangers » à « distinguer certaines catégories d’étrangers ». La Suisse de l’an 2000 a connu une formidable évolution démographique que le vice-président de l’UDC lui-même, Jean Fattebert, décrivait ainsi au Courrier: il y a tant d’étrangers en Suisse que les Suisses n’en ont plus peur3. Dans ce sens l’inscription du racisme d’Etat dans la loi stabiliserait une « politique des étrangers » que menace le changement des mentalités.

 

L’humanité de l’an 2000, elle, subit hélas une formidable régression! L’impérialisme impose une misère barbare à de nombreux pays du tiers-monde et de l’ex « bloc-soviétique ». Il inflige la dérégulation à la planète entière. Brisant la solidarité sociale qui fondait les démocraties occidentales, il n’offre aux salariés de ces pays que la peur et la convoitise. Cette politique nie l’humanité et broie la vie des centaines de millions de citoyens de pays ruinés qui n’ont pour tout espoir que la recherche des moyens indispensables à leur subsistance. Limitant leur espérance de vie elle leur impose une inégalité sociale radicale qu’elle présente comme une inégalité raciale. Les minorités issues de ces continents sacrifiés vivant dans les métropoles impérialistes sont soumises au même racisme. (V. « Racisme et prisons » en p.9)

 

Exiger la libre circulation des êtres humains sur la planète entière ne constitue pas un thème de propagande. Cette revendication constitue aujourd’hui une condition indispensable à la reconstitution des formes les plus élémentaires de la solidarité sociale !

 

Karl Grünberg

 

 

 

1 Une telle mesure constituerait une infraction aux articles 1, 2, 3 et 5 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale que la Suisse a ratifiée en 1994.
2 La Loi sur les étrangers, désignée par l’acronyme LEtr, que le Conseil fédéral prévoit de substituer à l’actuelle LSEE (Loi sur le séjour et l’établissement des étrangers, 1931).
3 Jean Fattebert, Le Courrier, 26 septembre 2000.