De l’anti-néolibéralisme à l’anti-impérialisme... NON à l’OMC! NON à la guerre en Afghanistan!

De l’anti-néolibéralisme à l’anti-impérialisme…


NON à l’OMC!


NON à la guerre en Afghanistan!



Jean Batou

Depuis deux ans, celles et ceux qui participent aux mobilisations contre la libéralisation des échanges, la spéculation financière ou les privati-sations, ont ciblé un adversaire omniprésent: la main invisible du marché. Certes, si l’Etat a perdu l’usage de sa main gauche (la prévoyance sociale), il dresse un poing droit plus menaçant (la police et les prisons).


Néanmoins, le triomphe du “nouveau capitalisme mondialisé” de l’après-Guerre Froide semblait coïncider avec un effacement progressif de l’Etat. Même la gestion de la dette du tiers-monde, les grandes puissances créancières l’avaient apparemment cédée à des institutions supranationales comme le FMI ou la Banque Mondiale, reconverties en ambassadrices du libéralisme et de la “bonne gouvernance” (désengagement de l’Etat).


Le complexe militaro-industriel américain, le Pentagone et la CIA avaient-ils perdu une partie de leurs prérogatives, suite à l’effondrement de la super-puissance soviétique? En effet, un par un, les pays “non alignés”, partisans d’un développement national moins dépendant, avaient jeté l’éponge, se ralliant au “consensus de Washington”. Certes, les guerres ethniques ou nationales, consécutives à la désagrégation du bloc de l’Est (en ex-Yougoslavie ou en ex-URSS), voire aux coups de force de quelque “satrape” (Saddam Hussein, par exemple), nécessitaient encore une “police internationale”, capable d’“ingérence humanitaire” dont les Etats-Unis fournissaient les gros bataillons, non sans rechigner… On traitait alors de dinosaures, ou pire, de léninistes impénitents, ceux qui dénonçaient les nouvelles visées impérialistes des Etats-Unis et de l’Union Européenne.


Nous n’avons jamais partagé cette vision angélique de la mondialisation néolibérale. Comme le remarquait récemment le Movement for Global Resistance britannique, McDonald’s ne peut se passer de MacDonald Douglass (l’un des plus gros producteur d’armements). Et les budgets militaires US n’ont pas attendu Bush pour reprendre l’ascenseur. En effet, leur suprématie militaire donne aux Etats-Unis un avantage de taille sur leurs concurrents européens ou japonais, comme le montre la course actuelle aux ressources pétrolières du bassin de la mer Caspienne, qui conditionne largement l’opération militaire en cours en Afghanistan (pays de transit du pipeline envisagé).


Au cours du XIXe siècle, l’Europe Occidentale s’est progressivement convertie aux vertus du libre commerce, conquérant ainsi les marchés du monde entier grâce aux atouts de l’industrialisation. C’était l’époque des Guerres de l’Opium pour l’ouverture du marché chinois (les Anglais voulaient imposer la libre vente de cette drogue, qu’ils produisaient en Inde, tandis que l’empereur voulait l’interdire). A partir de 1870-1880, l’exportation massive de capitaux a permis au Vieux Continent de prendre directement la maîtrise du potentiel productif du reste du monde. En cas de besoin, ce contrôle économique se doublait d’un contrôle politique et militaire: la colonisation. L’impérialisme était né, grand pourvoyeur de marchandises, de capitaux, de bombes et de soldats.


“Le monde est presque entièrement loti et ce qui en reste est en cours de répartition, de conquête et de colonisation (…) Je voudrais annexer les planètes, si je pouvais”, confiait Cecil Rhodes, le grand patron britannique des mines d’or et de diamant sud-africaines, il y a un siècle. On comprend que l’Asie Centrale, récemment régurgitée par l’empire soviétique, fasse aujourd’hui rêver ses héritiers… N’est-il pas grand temps que le mouvement contre la mondialisation néolibérale prenne pleinement conscience des dimensions politiques et militaires de l’impérialisme.