Loi contre les étrangers: NON à la xénophobie et au racisme!
Loi contre les étrangers: NON à la xénophobie et au racisme!
Le Conseil national siégeait du 3 au 7 mai pour traiter de la loi sur lAsile (LAsi) et de la Loi sur les étrangers (LEtr). Le traitement de celle-ci na pas été terminée et sera repris en juin, rien de ce qui a été voté nest donc définitif et rien na été voté qui remette en cause sur le fond le caractère raciste et xénophobe de la loi. De plus, le Conseiller fédéral Blocher a annoncé quil reviendrait aux Etats avec de nouvelles propositions, sur lesquelles il fait plancher ses services, et dont sa conférence de presse du 30 avril donnait un aperçu peu ragoûtant. Le communiqué du 7 mai du groupe socialiste aux Chambres présentant les travaux comme se soldant par «une avancée prudente vers une politique dimmigration tournée vers lavenir» semble discutable. Nous publions ici deux interventions contre la LEtr délu-e-s du groupe «A Gauche toute!» Ci-dessous celle de notre camarade de solidaritéS Pierre VANEK, qui intervenait dans le débat dentrée en matière pour la refuser et, ci-contre, des extraits dintervention de sa collègue Marianne Huguenin du PST/POP au nom d«A gauche toute!» également dans la suite du débat. Nous reviendrons dans un prochain numéro sur la LEtr, mais aussi sur la LAsi. (réd)
Pour notre groupe AGT, la LEtr cest le racisme et la xénophobie dEtat devenu loi en Suisse.
Le texte proposé légalise en effet la discrimination des «étrangers», qualificatif désormais réservé à toux ceux qui ne sont pas ressortissants dun pays dit du «premier cercle» (membre de lUE ou de lAELE)
Cest cette distinction que rejetait la Commission fédérale contre le racisme dans sa position sur le système binaire dadmission de la politique des étrangers en Suisse, publiée le 2 mai 2003: «Linégalité de traitement concernant le séjour en Suisse de ressortissants de lUnion européenne et de ressortissants dEtats tiers, et qui touche la famille, les enfants, la liberté détablissement, laccès au marché du travail, lexpulsion, entre autres, porte atteinte à linterdiction de discriminer énoncée dans les conventions sur les Droits de lhomme» écrivait-elle.
Dans son analyse de la Loi sur les Etrangers, la Commission fédérale contre le racisme mettait en garde les député-e-s amenés à examiner le projet de loi sur lun des effets du système binaire dadmission; elle indiquait que: «Ce sont précisément ces circonstances qui suscitent un rejet au sein de la population suisse. Elles encouragent la xénophobie et le racisme et vont jusquà servir dinstrument pour créer un climat hostile. Le système binaire reflète la délimitation dun «monde euro-occidental» par rapport au reste du monde et lancre dans le droit. Il comporte le risque que les personnes issues de pays non européens, et notamment de pays du Sud, soient considérées par la majorité des habitants de la Suisse comme des indésirables, dont la présence sur le territoire national est abusive, comme potentiellement criminelles, etc [ ] Une telle perception peut rapidement se focaliser sur des caractéristiques visibles, comme la couleur de la peau. On associe aux personnes à la peau foncée les adjectifs «extra-européens» ou «africains» et on les considère comme des indésirables».
Dans son troisième rapport sur la Suisse, adopté à fin juin dernier, la Commission européenne contre le racisme et lintolérance du Conseil de lEurope allait dans le même sens estimant que «le système binaire risque dexacerber les préjugés à lencontre des étrangers couverts par la LEtr »
En outre, dans le même rapport, elle «exhorte les autorités à réagir fermement contre les manifestations de racisme ou de xénophobie, quelles émaillent le discours de certains hommes ou partis politiques ou bien quelles déteignent sur la conduite de certains fonctionnaires »
Pour ce qui est de la pertinence de cette mise en garde les pleines pages ouvertement xénophobes et racistes publiés dans toute la presse nationale par lUDC de Monsieur le Conseiller fédéral Blocher à la veille des élections nationales en témoignent. Comme aussi la conférence de presse du 30 avril, de ce dernier, qui indique les directions dans lesquelles sinscrivent les nouvelles proposition quil entend faire; pour nen citer quune, il projette des «mesures dintégration davantage axées sur la lutte contre la violence et la criminalité».
La Commission européenne contre le racisme et lintolérance met le doigt en outre sur une évidence: «lentrée en vigueur de la nouvelle loi sur les étrangers qui réserve lentrée et le séjour en Suisse en principe aux personnes hautement qualifiées risque daccroître le nombre détrangers travaillant illégalement, dans la mesure où les lois du marché du travail font que des emplois modestes et mal rémunérés disponibles sont exercés par des non-ressortissants.»
La politique incarnée par cette Loi CONTRE les étrangers, qui discrimine les étrangers-ères en fonction de leur origine nationale, fabriquera en effet toujours plus de sans-papiers. Elle introduit également des dispositions liberticides, portant des atteintes graves à la liberté personnelle ainsi quaux droits fondamentaux inscrits dans la Constitution fédérale, tels notamment que le droit au mariage, la protection de la sphère privée ou le droit dobtenir de laide dans des situations de détresse. Elle sinscrit dans la tradition de la politique xénophobe de la Suisse officielle.
Mais à qui profite le crime? A ceux qui ont intérêt à diviser les travailleurs-euses de ce pays, qui ont intérêt à les opposer les un-e-s aux autres, à ceux qui ont intérêt à disposer dun réservoir de main duvre sans droits, taillable et corvéable à merci pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail de tous les salarié-e-s de ce pays. A ceux pour qui le profit maximal servi au capital passe avant les droits et les besoins de la majorité des gens!
A ceux-ci nous disons que nous nous battrons pour loctroi dun permis à toute personne bénéficiant dun emploi en Suisse, pour les droits égaux pour tous les travailleurs-euses dans ce pays, sans discrimination. Hier des centaines de manifestant-e-s, dans de nombreuses villes de Suisse, rassemblé-e-s sous létiquette «Sans nous rien ne va plus» appelaient au rejet de cette loi, cest ce message que nous apportons ici, cest ce que nous vous invitons à faire par votre vote tout à lheure!
Pierre VANEK