Les TPG refusent l'initiative: parlons-en
Les TPG refusent l’initiative: parlons-en
Les TPG viennent de publier une note opérationnelle intitulée «Gratuité des TPG», qui entreprend de démolir l’initiative en faveur de la gratuité des transports publics. Les TPG n’apprécient pas et le disent en employant des arguments qui frisent la malhonnêteté intellectuelle!
Tout d’abord, les TPG contestent d’une manière spécieuse le terme de gratuité, arguant que l’on ne peut parler de gratuité puisque les transports présentent un coût d’exploitation. Certes, mais ils oublient de dire que ce mot figure en bonne place dans la Constitution genevoise, qui prévoit explicitement que l’école primaire est gratuite, alors même que son coût de fonctionnement est assuré par l’impôt. Chacun comprendra (sauf les TPG) qu’on y parle de gratuité parce que les parents des élèves n’ont pas d’écolage à payer, contrairement à ce qui se passe dans les écoles privées. Il est donc évident que le cas de figure des TPG subventionnés par l’Etat est tout à fait comparable, puisqu’à ce jour, les transports publics sont payants à Genève contrairement à l’école publique.
Demande croissante
Les TPG reconnaissent que la gratuité entraînerait une augmentation de 25% du trafic voyageurs. Bel argument cela signifie clairement que notre initiative produirait les effets escomptés et assurerait un remarquable report modal de la voiture vers les transports publics! Les TPG entendent par là démontrer que cette augmentation engendrerait un surcoût d’exploitation personnel, infrastructures et nombre de véhicules – et qu’ils ne pourraient y faire face.
Cet argument n’est pas sérieux, car chacun sait que les transports publics sont actuellement en plein développement. En quelques années, nombre de lignes de tram ont été mises en service: 13, 15, 16 etc. Il a fallu acheter de nombreux véhicules et engager du personnel pour assurer leur bonne marche. On n’est, d’autre part, pas loin du premier coup de pioche de la ligne de Meyrin, qui va permettre d’augmenter, en portant les fréquences sur un parcours de 9 kilomètres à 7´30 minutes, l’offre du trafic des voyageurs de 212%. Il est par ailleurs bien évident que l’initiative, si elle était acceptée, n’entrerait pas immédiatement en application – procédure oblige – et qu’en cas de nécessité, les TPG auraient donc tout le temps de faire face à une augmentation de leurs charges d’exploitation.
La gratuité existe ailleurs
Parlant des expériences de gratuité, en les dénigrant (à tort), dans les villes d’Hasselt, de Châteauroux et de Seattle, ils oublient de citer – mais en avaient-ils même entendu parler? – l’expérience de la vallée de Chamonix, qui concerne plus de 100’000 personnes en haute saison, à 70 kilomètres de Genève, et qui est, de l’avis général, un grand succès. Un succès tel que des rendez-vous ont été pris pour étendre encore la gratuité à d’autres vallées!
Et puis pour conclure (provisoirement), on ne parle dans cette prise de position que très peu de l’impact de la gratuité sur l’environnement. Faut-il rappeler que les dernières mesures effectuées par le ROPAG indiquent une augmentation très sensible du dioxyde de carbone, du dioxyde d’azote, de l’ozone troposphérique et des particules malgré les deux plans successifs de mesures OPair adoptés par le Conseil d’Etat?
De nombreux scientifiques (Fellous, Hobsbawm) estiment que la régulation a atteint ses limites et que seul un «collapsus» est de nature à inverser le cours des choses. Le report modal obtenu par la gratuité pourrait très sensiblement améliorer la qualité de l’air en diminuant la production de dioxyde de carbone de 100’000 tonnes et celle de dioxyde d’azote de 156’200 kg par année. Les TPG, obnubilés par leur coût d’exploitation et une vision étriquée du problème, n’en parlent pas et c’est bien dommage
Christian ZAUGG