Howard Zinn (1922 – 2010)
Howard Zinn (1922 2010)
En janvier, est décédé un des grands intellectuels
et militants américains. Son livre phare « Une
histoire populaire des Etats-Unis », ouvrage engagé
et marxiste, fut un best-seller.
Ce quil faut dabord dire dHoward Zinn, cest
quil refusa toujours de réduire son activité
à la simple écriture, à la seule réflexion.
Il fut un véritable acteur, partie prenante de nombreuses luttes
que connurent les Etats-Unis au XXe siècle. On ne saurait donc
le réduire au statut dintellectuel. Il était
à vrai dire un véritable historien, dans le sens
où il ne se contentait pas de raconter lHistoire, il en
faisait lexpérience et ne la concevait que de
façon située. Il rejeta constamment la notion de
neutralité pour prôner une position critique face à
lhistoire telle quelle est enseignée,
identifiée comme celle des vainqueurs. Il voulait dire
lhistoire des sans-voix, de ceux auxquels on veut refuser le
statut de citoyen américain : les noirs, les
amérindiens, les femmes, les travailleurs pauvres. Hors de tout
pessimisme, il rappelait que des forces contestataires ont toujours
existés aux Etats-Unis et quelles continueront
dexister.
En tant quécrivain, il publia vingt
livres dont le célèbre Une histoire populaire des
Etats-Unis, adapté et actualisé récemment en BD
sous le tire Une histoire populaire de lempire américain,
mais également Karl Marx, le retour et plusieurs pieces de
théâtre. Presque toute sa vie, il enseigna
lhistoire. Dabord au collège Spellman à
Atlanta, réservé aux édutiantes
afro-américaines, puis à New York et Boston. Avant cela,
il fut dabord ouvrier puis soldat. Il participa notamment, lors
de la Seconde Guerre Mondiale, au bombardement de Royan au cours duquel
l’armée américaine utilisa pour la première fois
le napalm de façon massive. Cet événement allait
le marquer définitivement. Il en conçut un refus de la
violence, faisant de la désobéissance civile un devoir.
Après guerre, il sengagea pour de nombreuses causes,
notamment pour la fin de la ségrégation raciale et contre
la guerre au Vietnam. Avec les années, il nabandonna en
rien sa posture dopposant: il condamna fermement les guerres
dIrak et critiqua tant lultralibéralisme de Bush
que la fausse alternative représentée par Obama. Et
cest bien un des mérites dHoward Zinn auquel il
faut rendre hommage que son intégrité et sa
fidélité envers ses idéaux. Il pensa toujours les
luttes sociales comme des moments globaux, le racisme apparaissant
ainsi comme lié au capitalisme et à
limpérialisme.
PR