Les Montagnes contre le Conseil d’Etat en défense de leurs hôpitaux

Les Montagnes contre le Conseil d’Etat en défense de leurs hôpitaux

Interview de Muriel Bovay Schneider,
l’initiatrice de la pétition contre le
démantèlement des hôpitaux dans les Montagnes
neuchâteloises

Avec près de 15 000 signatures récoltées en
moins de trois semaines, vous faites fort. Comment cette récolte
s’est-elle organisée? Comment expliquez-vous ce
succès?

Face au plan d’actions proposé par l’HNE, aucune
réaction n’était perceptible. Il m’a donc
paru indispensable d’une part d’informer et d’autre
part de donner la possibilité aux citoyen-ne-s de
s’exprimer quant à ces enjeux. Très rapidement, la
population s‘est reconnue dans les revendications de la
pétition qui a de ce fait essaimé dans toute la
région. L’appui des pharmaciens et des médecins a
été un soutien et une motivation importants. Ce
succès s’explique par l’information apportée
à la population, la colère suscitée par les
projets de l’HNE ainsi que par l’attitude
inéquitable du Conseil d’Etat par rapport aux
indispensables équilibres entre les régions.
L’origine populaire et apolitique du mouvement a permis aux
citoyen-ne-s de tout bord de soutenir cette pétition.

Quelles étaient vos revendications?

Le plan d’action soumis au Conseil d’Etat prévoyait
la fermeture de la pédiatrie hospitalière mais aussi des
restructurations dans d’autres services. Alors que le peuple
avait accepté en juin 2005 la loi sur l’EHM qui
garantissait deux hôpitaux principaux dans le canton, nous ne
pouvions accepter ces projets qui tous sans exception, se faisaient au
détriment de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds ou de
ceux des périphéries (Le Locle, La Béroche, le
Val-de-Travers). Nous demandions donc un meilleur équilibre
entre les régions ainsi que le maintien d’un service de
pédiatrie hospitalière de proximité.

Les signatures émanent-elles essentiellement des familles ou
avez-vous le sentiment qu’il s’agit d’un mouvement
plus large, impliquant aussi des personnes sans enfants?

C’est clairement l’ensemble de la population qui a
signé cette pétition. Nous avons entendu beaucoup de gens
en colère à l’idée d’un
démantèlement prévisible de leur hôpital
(pour la construction duquel ils ont payé des taxes pendant 40
ans…), à l’encontre de la politique cantonale
(sentiment très fort d’être
régulièrement prétérité par un
gouvernement qui ne compte plus de représentant du Haut du
canton dans ses rangs), ou encore en imaginant l’avenir et
l’attrait de notre région dépouillée de ses
hôpitaux et de ses écoles. Les parents et grands-parents
ont bien sûr pensé à leurs enfants mais la
fermeture de la pédiatrie hospitalière était un
point parmi d’autres.

Suite à ce très large soutien qui s’est aussi
exprimé lors de la manifestation du 12 janvier avec plus de 3000
personnes dans la rue, le Conseil d’Etat n’est pas
entré en matière sur vos revendications. Quelle est votre
réaction devant ce refus?

Nous restons très en souci quant à l’avenir de
l’hôpital de La Chaux-de-Fonds et à la prise en
charge de ses patients. Nous prenons acte des garanties données
de maintenir une garde pédiatrique 24h/24, des consultations
ambulatoires ainsi que le maintien de la maternité. Le fait que
ces garanties aient été promises sans consultation des
principaux intéressés et la prise de position très
différente de ces derniers ne sont pas pour nous rassurer. Le
report de trois mois de la fermeture de la pédiatrie
hospitalière pour permettre de finir l’hiver 07/08 avec
les deux sites opérationnels n’est-il pas signe que les
problèmes existent et ne sont pas résolus?

En effet, après l’hiver 07/08, viendront les hivers
suivants! Que disent les pédiatres? Avez-vous le sentiment
qu’ils partagent votre inquiétude?

Les chefs des services de pédiatrie défendent un service
unique regroupant les compétences et les moyens. Leurs adjoints
se disent très inquiets, ne cautionnent pas les décisions
prises et ne sont pas prêts à travailler dans des
conditions qui ne garantissent plus une prise en charge optimale du
petit patient.

Entretien réalisé par Marianne Ebel