Moutons noirs contre chemises brunes
Moutons noirs contre chemises brunes
Personne nignore que ce samedi 6 octobre des affrontements ont
eu lieu à Berne entre des membres du «black bloc» et
la police, à loccasion de ce qui aurait dû
être une «marche sur Berne» organisée par les
dirigeants de lUDC. Ce défilé devait être le
point culminant dune campagne électorale placée
sous le signe de la xénophobie et de lhystérie
sécuritaire. Evidemment, les médias se sont beaucoup
moins attardés sur le large rassemblement pacifique
quoique forcément moins spectaculaire qui se tenait au
même moment sur la place de la Cathédrale à Berne.
Quelque 3500 personnes se sont en effet rassemblées, durant tout
un après-midi rythmé par plusieurs concerts et par des
discours politiques, pour protester contre la politique raciste et
antisociale menée par laile populiste du grand patronat,
connue en Suisse romande sous le nom dUDC. La présence
dimmigré-e-s et surtout de très nombreux jeunes
dans cette foule bigarrée fait de cette manifestation un
succès; cela dautant plus si lon tient compte de
la défection, au dernier moment, des partis de la gauche
institutionnelle, qui craignaient que leur nom soit associé
à des violences, deux semaines avant les élections
nationales. Cette forte mobilisation de la jeunesse, malgré le
risque de répression policière voire dagressions
de la part de néonazis, est des plus encourageantes.
Des néonazis, parlons-en justement. Ils étaient une bonne
centaine à parader en tête du défilé de
lUDC. Cela na rien détonnant, dans la
mesure où lensemble des sites néonazis suisses
avait appelé à venir soutenir un parti quils
semblent bien considérer comme leur vitrine institutionnelle. Au
moment où les crânes rasés ont voulu se
détacher du cortège pour en «découdre»
avec les militants de gauche, le service dordre de lUDC
et plusieurs élus nationaux ont réussi de justesse
à les en dissuader. Cette obéissance de la part
dindividus généralement violents montre bien, si
cela était encore nécessaire, que ces groupements
reconnaissent dans lUDC un parti apte à faire avancer
leur cause.
Reste que lempressement des médias à
dénoncer la violence des «blacks blocs» ou mieux,
«la violence de la gauche», comme dit Christophe Blocher,
na dégal que leur aveuglement face à la
violence véritable et cultivée par lUDC, la
violence de tous les jours, celle des licenciements collectifs et des
expulsions dimmigré-e-s.