Comportements électoraux sondés...Mais qui donc a voté pour l’UDC ?

Comportements électoraux sondés…
Mais qui donc a voté pour l’UDC ?

Depuis des années,
l’Institut gfs a pris l’habitude de publier une analyse des
comportements électoraux ou lors de votations. Ces sondages,
d’abord effectués à la sortie des urnes, puis,
après l’introduction du vote par correspondance,
téléphoniquement et sur une plus longue durée,
jouissent d’une bonne réputation quant à leur
fiabilité. Leur marge d’erreur (plus ou moins 3,2% pour
1016 sondés, avec un taux de vraisemblance des réponses
de 95%) ne permet pas de faire une analyse détaillée.
Elle est néanmoins acceptable et donne à voir les
tendances les plus marquantes.

Si l’UDC progresse, elle le doit à un double mouvement:
d’une part, elle poursuit sont travail
d’hégémonisation complète de la droite
nationaliste et conservatrice, en réduisant à (presque)
rien les Démocrates suisses, la Lega et les
fédéralistes (UDF); d’autre part, sur cette
lancée, elle parvient à capter la mobilisation des
nouveaux électeurs-trcies à droite et profite le plus des
votes volatils (électeurs ayant changé de choix
électoral entre deux élections nationales).

Le PS recule dans ses bastions

Alors qu’à droite, l’UDC tire profit prioritairement
de cette consolidation, à gauche, c’est l’inverse
qui se passe: l’ancienne bipolarisation UDC-PS ne s’est pas
reproduite et le PS recule. Par rapport aux intentions de vote en
septembre, il perdait dans tous les sousgroupes de
l’électorat, en particulier là où il
était fort: auprès des femmes, des jeunes, des
habitant-e-s des grandes agglomérations et chez les personnes
hautement qualifiées.

Ces tendances sont confirmées par les résultats des
élections au Conseil national, c’est bien dans ses
«bastions» qu’il recule: chez les jeunes, les
personnes sans confession et dans les grandes villes, chez les hommes
et, surtout, chez les personnes faiblement qualifiées. Son
électorat va donc partir d’abord chez les Verts, un peu
chez les Verts libéraux, mais aussi, et c’est nouveau,
à l’UDC, même si les électeurstrcies radicaux
restent les transfuges les mieux représentés dans
l’électorat de cette formation. On assiste donc non
seulement à un recul électoral, mais aussi à une
fragilisation politique du PS, dans la mesure où la
volatilité de son électorat s’accroît (elle
est la plus forte chez les Verts).

L’électeur type de l’UDC

Si l’on analyse le profil socio-démographique de
l’électorat de l’UDC, on constate que sa base
traditionnelle reste parmi les personnes âgées et dans les
régions rurales. Retraité-e-s, personnes moyennement ou
faiblement qualifiées, employé-e-s intermédiaires
sont surreprésentés dans l’électorat UDC,
à l’instar des indépendants.

Par rapport à 2003, toutefois, l’UDC progresse dans la
plupart des sousgroupes (les femmes, les cadres, les Romand-e-s, les
habitant-e-s des petites et moyennes agglomérations, p. ex.).
Elle recule toutefois chez les indépendants, chez les personnes
à très haut revenu et parmi les salarié-e-s du
service public. Ainsi que, bonne nouvelle, parmi les jeunes. Une
réalité qui a dû échapperau Matin, qui
mène, ces jours, une campagne éhontée sur le
thème «voter UDC est devenu jeune et sexy».

Le poids de la manifestation de Berne

En se basant sur les décisions de vote, l’analyse
rétrospective fait apparaître que les électeurs et
les électrices de l’UDC se sont déterminés
tardivement. Trois semaines avant les élections, les choix
électoraux se portaient de manière à peu
près égale sur les quatre grands partis gouvernementaux.
Le coup d’accélérateur pour l’UDC est
intervenu en fin de campagne: elle a alors gagné dix points dans
les décisions de vote. L’effet de la manifestation de
Berne a sans doute joué largement en faveur de ce parti, qui
s’est retrouvé dans une de ses postures
préférées, celle de la victime. Ceux des
contre-manifestant-e-s qui croyaient avoir remporté une
«victoire militaire» symbolique n’ont fait que
renforcer le plan de communication politique de plus roués
qu’eux.

Daniel Süri