Californie, dérégulation électrique désastreuse
Californie: un avertissement sérieux face à la LME
Dérégulation électrique désastreuse
En 1996, le législatif californien unanime votait, comme lont fait les Chambres il y a une dizaine de jours avec la LME, une loi «dérégulant» le marché électrique et ouvrant la voie dans ce sens à dautres Etats des USA, dont plus de vingt aujourdhui ont pris ce chemin. Cette décision, dont les effets nous intéressent en particulier aujourdhui, fut saluée à lépoque par des défenseurs de lenvironnement qui y voyaient le moyen de liquider un nucléaire «non-compétitif» et par des organisations de consommateurs sattendant à des baisses de prix.
par Pierre Vanek
Or, ce quon a vu cest dabord une débauche de subventions au nucléaire, au frais des consommateurs, au titre du sauvetage dinvestissements dits «échoués» du fait de la libéralisation: 28,5 milliards de dollars pour les réacteurs californiens et 200 milliards à léchelle du pays.
Les emplois, le service public et les démunis sacrifiés
Ce quon a aussi vu, ce sont des suppressions demplois massives: 30% environ des salarié-e-s des compagnies électriques virés depuis 1999, soit 150000 postes de travail supprimés à léchelle du pays, avec une nette réduction de la qualité des services. Des coupures de courant importantes sont en effet à mettre directement en relation avec les «économies» réalisées par les compagnies sur le dos du personnel et en réduisant les investissements au minimum, notamment pour lentretien des réseaux.(1) A signaler en particulier dans ce domaine les blackout de lété 1999 à Chicago et New York.
Ce qui est en marche aussi, cest la suppression – dans nombre dEtats – de protections contre les coupures de courant dont pouvaient bénéficier certains ménages, à faibles revenus et au crédit fragile, avant la «libéralisation». Ainsi, ce sont les plus démunis bien sûr qui, par grands froids ou chaleurs excessives, risquent de se voir déconnectés. On évoque dailleurs la création dun marché de seconde zone, pour clients du deuxième ordre de ce type, qui seraient desservis en courant, mais aux heures creuses seulement, ou dont la fourniture serait «interruptible» au gré des décisions des compagnies, créant ainsi un «volant» intéressant pour celles-ci.
Des prix et des profits qui explosent
Ce quon a vu aussi en Californie, ce sont des hausses massives du prix de gros de lélectricité avec des pointes dépassant 1400 dollars le Mégawatt-heure(2), alors que le prix courant est de lordre de 20 ou 30 dollars. Des pointes découlant de manoeuvres – de marché! – par des fournisseurs visant à maximiser leurs profits, agissements que navaient soi-disant pas prévu les idéologues promoteurs dune «libre» concurrence censée fonctionner à l´avantage de tous. Mais lélectricité ça ne se stocke guère, et cest un bien devenu vital dont la demande est largement inélastique: conditions idéales pour que les spéculateurs en question puissent faire leur beurre.
Le fonctionnement de la dérégulation électrique «réellement existante» en Californie mérite quon sy arrête. Au mois daoût dernier déjà – alors quaucune condition météo, ni aucun fait technique lié au réseau ou au centrales, ne le justifiait, cet Etat a été sur le point de subir des coupures de courant «tournantes», comme on en connaît dans certains pays du Tiers Monde, suite à un approvisionnement insuffisant. En cause, le boom économique – lié notamment à linformatique et à Internet, gros consommateurs délectricité(3) – mais surtout une «incapacité» du marché à répondre à cette demande.
Les hôpitaux et autres services essentiels menacés
A lépoque le porte-parole dune des compagnies californiennes annonçait déjà quils «essayeraient» déviter les coupures aux hôpitaux et aux services durgence et quils «tenteraient» de les limiter à deux heures de suite.(4)
Cet été dans des localités comme San Diego les consommateurs ont vu leur facture électrique multipliée par quatre. Le gouverneur de lEtat, Gray Davis, se lamentait: «Le marché de lélectricité est cassé!» et mettait en route une investigation pour détecter de probables «manipulations» du marché de gros de lélectricité.(5) Début novembre la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) annonçait que les tarifs électriques de cet été en Californie nétaient en effet pas «justes et raisonnables» comme le veut – en théorie – la législation fédérale des USA, mais elle annonçait dans son rapport que «des problèmes de temps et des données insuffisantes» l´avaient empêché de déterminer qui était responsable.
Des milliards de dollars détournés
En clair, la FERC a reconnu que les consommateurs californiens avaient été volés, dun montant de lordre de 5 ou 6 milliards paraît-il, mais que le délit resterait impuni faute de moyens den poursuivre les auteurs et a fortiori dexiger une restitution.(6) Ainsi a-t-il été – officiellement – établi que la «main invisible» …des monopoles dérégulés peut se lancer impunément dans le brigandage, la FERC na pas les moyens dy faire quoi que ce soit. De quoi rassurer et confirmer les pronostics des idéologues de la Heritage Foundation – une boîte de prêt-à-penser néoconservatrice qui – dans son document programmatique(7) à ce sujet – publié juste six mois avant le message du Conseil fédéral sur la LME – demande la suppression de la FERC qui «ne servira plus à rien» une fois la «dérégulation» en oeuvre!
Notons au passage que parler de «déré-gulation» est sans doute abusif. En effet, à travers les fusions à un train denfer et la consolidation de holdings et de positions dominantes, on se retrouve toujours plus dans une situation décrite par Roosevelt, linitiateur du New Deal, dans une lettre au Congrès en 1935.
Du «socialisme» privé ?
Il y évoquait en effet un système de holdings et une «concentration du pouvoir» économique, qui «dans la destruction du contrôle local et sa substitution par un système de management absentéiste, a construit dans le domaine des services publics ce qui a justement été caractérisé comme un système de socialisme privé qui est inamical au bien-être dun peuple libre»(8). Et en effet, lidée dun «socialisme privé» répond mieux à la réalité dune régulation – pour le profit – des marchés, que limage dEpinal dune concurrence parfaite …parfaitement inexistante en fait.
Reconnaître la réalité du «socialisme privé», présente lavantage de mettre en évidence la question posée, en dernière instance, par la plupart des problèmes politiques et économiques, celle dun vrai socialisme…public, collectif, démocratique, au service du bien commun!
Mais revenons à la Californie. En décembre 2000, alors quen principe cest en été, avec lair conditionné à plein que la demande électrique pose problème, cet Etat est au bord du chaos …énergétique! Le 10 décembre le célebre économiste américain , Paul Krug-man(9), signe un édito dans le New York Times qui prend la mesure du phénomène. Il mérite dêtre connu. Nous l´avons traduit intégralement:
California screaming(10) par P. Krugman
Lindustrie électrique californien- ne dérégu-lée, dans la-quelle les pro- ducteurs peu- vent vendre le courant à la hauteur de ce que le marché supporte, était sensée livrer de lénergie meilleur marché, plus propre. Mais au lieu de cela, lEtat fait face à une pénurie électrique si sévère que le gouverneur a fait éteindre les ampoules sur son arbre de Noël officiel – une pénurie qui sest montrée hautement profitable pour des compagnies électriques et qui a suscité des soupçons quant à la manipulation des marchés.
Cette expérience conduit à sinterroger à propos de la déréglementation. Et plus gé–né-ralement, elle constitue un avertissement quant aux dangers de la croyance aveugle aux marchés.
Il est vrai quune part du problème californien est dû à une augmentation inattendue de la demande électrique liée à une économie en plein boom. Il est possible que la crise actuelle soit arrivée sans dérégulation.
Mais linverse est plus probable. Dans le bon vieux mauvais temps, des compagnies ayant un monopole se voyaient garantir un profit, même si lindustrie avait une capacité excédentaire. Ainsi, elles ont construit une surcapacité capable de répondre même à une demande inattendue. Mais dans le marché dérégulé, où les prix fluctuent constamment, les compagnies savaient que si elles «surinvestissaient» les prix et leurs profits sécrouleraient. Ainsi ont-elles été réticentes à construire de nouvelles unités de production – ce qui a conduit une demande inattendue à engendrer la pénurie et des prix qui explosent.
Mais, pourriez-vous dire, dans le long terme, il ny a rien à redire. La construction de surcapacités de production était coûteuse et ces coûts étaient répercutés sur les consommateurs. Si les prix peuvent fluctuer dans un système avec moins de «mou» , en moyenne, les consommateurs payeront moins cher. En fait, les manuels déconomie suggèrent que cest une bonne chose que les prix de lélectricité explosent quand loffre est trop faible: cest ça qui motive les compagnies électriques à investir. Ainsi, on pourrait arguer quaucune intervention publique nest nécessaire, voire même que les seuils plafonds officiels qui limitent la hausse des prix électriques ne font quaggraver le problème, que nous devrions compter sur les forces du marché et de la concurrence pour résoudre la crise.
Mais le marché électrique est il vraiment concurrentiel? Ce qui rend explosif politiquement la crise énergétique californienne est le soupçon quil ne sagit pas seulement de capacité de production inadéquate, mais quil y a là-der-rière des prix artificiellement gonflés.
Comment la manipulation du marché pourrait-elle fonctionner? Supposez quon est en juillet, il fait chaud, les climatisations marchent à fond et lindustrie arrive à la limite de sa capacité de production. Si, pour une raison quelconque, une part de cette capacité se déconnectait soudain, la pénurie électrique conséquente conduirait les prix de gros de lélectricité à crever le plafond. Ainsi, un gros producteur pourrait en fait accroître ses profits en inventant des problèmes techniques pour justifier larrêt de certains générateurs, poussant à la hausse son prix pour la production du reste de son parc. Ceci se passe-t-il vraiment? Une étude récente pour le National Bureau of Economic Re- search, réalisée par Severin Bo- renstein, James Bushnell et Frank Wollak, affirme que cest précisément des manipulations de ce type qui ont eu lieu en Grande Bretagne avant 1996 et en Californie durant les étés 1998 et 1999.
On ne sattend pas vraiment à ce que ça se produise dans les mois plus froids, quand la demande est plus faible. Cependant, il est compréhensible que des responsables de ladministration soient devenus soupçonneux à propos de la crise énergétique actuelle, précipitée par le fait bizarre que près dun quart de la capacité de production de lEtat est hors-ligne, comme conséquence de réparations programmées ou pour cause de pannes.
Peut-être les compagnies électriques californiennes ne truquent-elles pas les prix. Mais elles en ont clairement à la fois les moyens et le motif économique. On est conduit à se demander pourquoi les dé-régulateurs ne sen sont pas souciés et pourquoi ils ne se sont pas posés la question, apparemment évidente, de savoir si le marché quils se proposaient de créer fonctionnerait réellement comme an-noncé.
Et peut-être est-ce là la leçon plus générale à tirer de cette débâcle: ne vous précipitez pas sur une solution de marché quand il y a des interrogations sérieuses sur le fon-ctionnement du marché. Tant lanalyse économique que lexpérience britannique auraient dû sonner lalarme à propos du projet de dérégulation en Californie. Mais ces avertissements ont été ignorés, comme le sont des avertissements similaires au-jourdhui, par les fanatiques des solutions de mar-ché pour tout, de la couverture de la santé à léducation.
All the lights went out in San Francisco, ou presque
Le 13 décembre, trois jours après cet édito, lISO (Independent System Operator) organisme chargé de la gestion du réseau californien – qui contrairement à la S.A. privée prévue dans le même rôle par la LME suisse vers laquelle lorgnent de Pury et ses associés, nest pas censée faire du profit lISO donc, initiait des coupures de courant «tournantes» à travers lEtat, faute dapprovisionnement suffisant.
Plus tard le même jour, le secrétaire à lénergie Richardson, responsable du Département fédéral de lénergie (DOE), intervenait en vertu de pouvoirs spéciaux durgence, pour contraindre les producteurs et brokers électriques de lOuest des USA à vendre leur courant aux distributeurs californiens exsangues et au bord de la faillite. En effet, ceux-ci dans la plupart de lEtat nont pas le droit pour le moment de dépasser un prix de vente au détail plafonné à 65 dollars le Mégawatt-heure.(11)
Le coût estimé du courant vendu à la Californie se montait ce jour là -et pour un seul jour !- à près de 800 millions de dollars, léquivalent de la facture électrique de cet Etat pour tout le mois de décembre de 1999(12)
Signalons que le DOE, qui est ici intervenu en urgence fait partie de ce big governement que la Heritage Foundation(13) veut supprimer car: «une fois quune politique pro-concurrence aura été mise en place», il ny aurait en effet selon ces experts-ès-néolibéralisme «peu de besoins restant pour une intervention fé- dérale» et le DOE «devrait faire lobjet dune stratégie et dun calendrier visant son élimination».
Promesses non tenues
En attendant, le 21 décembre lagence de rating Standard & Poors annon-çait quelle était sur le point de dégrader le crédit de la Pacific Gas & Electricity de San Francisco et de la California Edison, les deux distributeurs californiens au rang le plus bas (junk status). En effet, ces compagnies ont accumulé en peu de temps des dettes à hauteur de 8 milliards suite à la flambée des prix de lélectricité en gros.
Le 4 janvier, le régulateur californien, la California Public Utilities Commission, se réunira pour statuer sur la levée du plafond des prix de détail pour permettre à ces deux sociétés déviter, au frais des usagers, la banqueroute qui les guette, ceci alors que ce plafond avait été garanti aux consommateurs en 1996 pour «faciliter» le passage de la loi ouvrant le marché électrique et qu´il devait être maintenu jusquen 2002.
On parle aujourdhui de hausses de tarifs initiales de 10 à 30% avec un programme daugmentations de prix programmées sur des années.(14) Le président du Sénat californien, John Burton, évoque quant à lui – comme «compensation» à lacceptation de ces hausses – la reprise par lEtat du réseau de distribution.
Ces augmentations suscitent bien sûr des craintes sérieuses du côté des plus pauvres, de la communauté latino notamment, dont lun des porte-parole à San Francisco affirmait quils navaient pas les moyens de se les payer.(15)
Licenciements «spot»… et récession en vue ?
Evidemment, ces compagnies ont également – à la veille de Noël – procédé à des centaines de licenciements pour manifester leur volonté de comprimer leurs coûts et ont remis en cause les investissements programmés, ce qui nest évidemment pas de nature à améliorer la situation à long terme.
Signalons dailleurs que la situation présente de ces compagnies est aussi liée au fait que dans le cadre de la «dérégulation» elles avaient été encouragées à se défaire, au nom de la séparation des rôles dite unbundling, de leurs propres unités de production, revendues à des tiers, et à salimenter sur le marché spot.
Mais, au-delà des difficultés de ces deux entreprises, cest lensemble du tissu économique californien qui serait menacé. Daucuns évoquent une récession ad hoc en Californie liée au gel dinvestissements par nombre de firmes, en labsence de garanties quant à un approvisionnement fiable. On parle dentreprises décidant d´aller sétablir ailleurs, comme lévoquait le secrétaire à la trésorerie de lEtat Phil Angelides le 21 décembre affirmant le caractère «vital» dune intervention étatique rapide pour stabiliser la situation.(16)
Freinage durgence de la libéralisation ?
Parmi les autres Etats des USA ayant une «dérégulation» en vue, il y en aurait sept ou huit qui ont indiqué quils allaient ralentir le processus et réfléchir à deux fois, suite aux problèmes californiens. LEtat du Nevada est le premier à avoir pris une décision formelle dans ce sens, lArkansas, le Montana, le Nouveau Mexique, lOklahoma et lOregon pourraient suivre.(17)
Par ailleurs, en Californie toujours, tout nest pas si sombre. Notamment à Los Angeles où les responsables municipaux ont décidé en 1997, malgré les craintes de certains face à la concurrence privée, de ne pas accompagner la dérégulation et ont décidé dattendre «pour voir» comment le processus allait marcher, avant de sallier à des privés en matière électrique. Ainsi, à L.A. cest un département de ladministration municipale, qui a investi dans son parc électrique et qui dispose dune abondance relative de courant pour alimenter ses 3 millions dusagers, il envisagerait même de réduire ses tarifs (inférieurs de 20-25% à ceux des autres compagnies) et a engrangé des millions au passage en vendant son surplus à ses voisins.(18)
Vers une réinvention …des services publics ?
Cet exemple nest – évidemment – pas passé inaperçu en Californie et en plusieurs lieux on est en train détudier la création de régies électriques à but non lucratif qui fonctionneraient dans le cadre des administrations locales. Des villes, de San Francisco et Berkeley à San Diego, et des communautés urbaines aux alentours, sont en train dexaminer l´idée. La question était par exemple à lordre du jour du Conseil municipal de Berkeley mardi 18 décembre. Le conseil de la ville de San Marcos près de San Diego a dores et déjà adopté une résolution en faveur de la création dune telle entité.
A la Veille de Noël, le 24 décembre lISO, gérant du réseau californien, annonçait un nouvel Etat dalerte, demandait aux consommateurs de baisser leurs thermostats, déteindre les éclairages non essentiels et de ne pas allumer les décorations de Noël avant 19h00…(19) Le capitalisme «néolibéral» menant au rationnement et la pénurie… Vive le socialisme …et le référendum contre la Loi sur le marché de lélectricité helvétique!
- Ces chiffres sont tirés dune déclaration de Ralph Nader du 13.9.99 «On energy deregulation and the impact on the latino community» devant un forum parlementaire hispanique, ainsi que lintéressant document de lorganisation Public Citizen publié en décembre 2000 et intitulé Disastrous deregulation On retrouve ce matériel et dautres documents sur ces questions sur www.citizen.org
- Montant cité par le Financial Times du 23.12.00, ce qui fait un kWh à 1.4 dollars soit à CHFr 2.30!
- Comme on la appris à Genève à loccasion de laffaire Digiplex (v. solidaritéS No 118)
- V. le New York Times du 3 août 2000
- Environnemental News Network, L. Chubb le 12.8.00
- Communiqué du 3.11.00 de Public Citizen par C. Higley, dir. de recherche en énergie.
- Energizing America: A blueprint for deregulating the energy market du 23.1.97
- FDR, Message from… in Report of the national power policy committee, 74th Congress, 1st Session, House doc. No. 137 12.3.1935
- Krugmann est prof déconomie au MIT, auteur de 16 li-vres et 200 articles, fondateur de la «New trade theory» a reçu un prix en 1991 de lAmerican Economic Association…
- La Californie hurle
- FT.com, le 23.12.00
- Selon une dépêche Reuters du 21.12.00
- Voir doc. cité dans la note 6 ci-dessus, p. 33
- Selon le Sacramento Bee du 22.12.00
- José Hernandez du Latino Issues Forum cité dans le Mercury News du 21.12.00
- Dépêche Reuters du 21.12.00
- Selon les déclarations de M. Zenker du CERA, Cambridge Energy Research Associates, cité par une dépêche Reuters du 21.12.00
- Selon un article du New York Times du 22.12.00
- KPIX.com le 24.12.00