Le monde doit changer de base

Le monde doit changer de base


Les manifestations de Seattle, Washington, Melbourne, Millau, Prague, Nice, mais aussi celles, moins médiatisées, du Sud (voir SolidaritéS, n° 117), ont imprégné le tournant du siècle d’une odeur de souffre. Un spectre hante à nouveau le monde: celui de la lutte contre les effets de la mondialisation capitaliste.
Nous ne fétichisons pas l’impact de manifestations de rue qui ont regroupé à chaque fois quelques dizaines de milliers de personnes. Mais tout comme nous, les global leaders de ce monde, à la tête des Etats, des institutions économiques et des multinationales les plus puissantes, ne s’y sont pas trompés. Elles expriment une vague de fond beaucoup plus profonde et peuvent glisser un coin dans les failles du système.


Achaque fois, de façon plus ou moins importante, syndicats ouvriers, associations paysannes, mouvements populaires du Sud, ONGs, féministes, écologistes, con-sommateurs/trices étaient au rendez-vous, avec une nouvelle génération de militant-e-s. De même, l’écho de ces confrontations rebondissait de proche en proche dans les larges couches défavorisées de la société «globalisée».


L’enjeu principal de la période actuelle consiste donc dans le renforcement des liens politiques et la meilleure coordination des forces sociales engagées dans ce combat. La puissance du mouvement réside tout autant dans son universalité, dans sa capacité à rassembler, que dans sa dynamique de contestation globale du système capitaliste. Il ne faut brader aucun de ces atouts.


C’est pourquoi, solidaritéS s’est engagé dans l’organisation du Sommet alternatif de l’Appel de
Bangkok à Genève, en juin dernier, dans la préparation du Forum Social Mondial de Porto Alegre, les 25-31 janvier, comme dans le soutien à la manifestation convoquée à la gare de Davos, le 27 janvier à 13h.30. Aujourd’hui, l’approfondissement de la réflexion, du débat et des échanges d’expériences, la recherche de convergences, mais aussi la poursuite des mobilisations, constituent des priorités décisives.


Cette année, certaines forces significatives qui s’étaient abstenues d’appuyer la manifestation de Davos, en janvier 2000, ont changé d’at-titude. D’un côté, l’Autre Davos appelle à rejoindre la manif, après la journée de conférences et de débats qu’il organise le vendredi 26 à Zurich. De l’autre, Public Eye on Davos, tout en ne convoquant pas à la manif, a affirmé sa volonté de ne pas concurrencer la mobilisation de rue la plus large en renonçant à tout rendez-vous alternatif le samedi après-midi. Nous nous en félicitons.


En même temps, la coalition internationale WOW (Wipe Out WEF! Balayer le WEF!) a appelé à manifester dans le respect de l’intégrité des personnes, avec des égards pour les habitant-e-s de la région.


En dépit de cela, les autorités ont choisi délibérément d’interdire la manif, pendant que la police préparait l’état de siège et annonçait des mesures de répression exceptionnelles. Les responsables politiques ne doivent entendre aucune fausse note de la rue dans le concert lénifiant des multinationales.
Face à ce défi, nous sommes décidés à défendre nos droits dans le calme. Nous irons à Davos le 27 janvier !

Jean Batou