Trois livres pour bien commencer l’année
Trois livres pour bien commencer lannée
Jean-Louis Sagot Duvauroux
De la gratuité
Éditions LÉclat, Paris, 2006
Par tradition, la «culture de la gratuité» est
associée à lenvers du marché, à un
mode alternatif de penser les échanges, à des
démarches démancipation sociale, au don. Mais elle
subit aujourdhui de puissants effets de brouillage. Le
développement dInternet entremêle inextricablement
vraies et fausses gratuités. Les stratégies marketing
annexent sans complexe lattrait du mot «gratuit».
Les télévisions ou les journaux «gratuits»
sont le cheval de Troie du tout-marchand publicitaire, alors que de
grandes gratuités sociales comme lécole publique
ou lassurance maladie subissent une crise grave et que la
mécanique du profit semble occuper tout lhorizon. Quels
enjeux de civilisation couvent sous cette question? À quel prix
peut-on encore dire avec Bruce Sterling: «Gratuit comme
lair, leau… gratuit comme la connaissance»?
Jean-Louis Sagot-Duvauroux tente de répondre à ces
questions et propose une éthique de la gratuité.
Philosophe, écrivain, journaliste, homme de
théâtre, Jean-Louis Sagot-Duvauroux est lauteur
(entre autres) de: On ne naît pas noir, on le devient (Albin
Michel) et du scénario et des dialogues de La Genèse,
long métrage de Cheick Oumar Sissoko (sélection
officielle Cannes 1999, «Un certain regard»). Il dirige une
compagnie théâtrale entre Bamako et
Paris.
Gérard Duménil & Jacques BIDET,
Altermarxisme, un autre marxisme pour un autre monde
PUF, Paris, 2007.
«Face aux discours de consensus et de résignation, nous
avons voulu écrire un livre de combat. Non pas une utopie. Mais
une contribution à limmense lutte qui sesquisse en
ce début de siècle». Une refondation. Marx avait
forgé la grande utopie du XXe siècle. Au-delà de
bien des échecs, les auteurs tentent ici de relever le
défi marxien et de reconstruire lédifice sur une
base mieux établie. Cette réélaboration
théorique radicale engage à la fois la philosophie et
léconomie, lhistoire et la sociologie,
conformément à une tradition qui entend relier entre
elles toutes ces dimensions et exigences du savoir. Un autre marxisme.
Les sociétés modernes sont dominées par deux
forces sociales, lune liée à la
propriété du capital, lautre à la
compétence dencadrement organisationnel et culturel. Une
politique populaire suppose une alliance avec la seconde pour
éliminer la première. Le combat pour une alternative
radicale démancipation, pour une société
sans classe, est cependant à mener simultanément sur ces
deux fronts, pour labolition de tous les privilèges.
Pour
un autre monde. Le néolibéralisme conduit à son
terme la formation dun système
dÉtats-nations ordonné selon une hiérarchie
impérialiste. Sy imbrique cependant peu à peu une
logique nouvelle: celle dun État-monde capitaliste en
gestation. Dans ce cadre émerge une symbiose entre luttes de
classes, de peuples et de genres à léchelle
globale.
Les auteurs, membres de la rédaction dActuel Marx (PUF),
sont présidents du Congrès Marx International.
Gérard Duménil, économiste, directeur de recherche
au CNRS, a notamment écrit Le concept de loi économique
dans Le Capital (1978) et, en collaboration avec Dominique Lévy,
Crise et sortie de crise. Ordre et désordres
néolibéraux (2000). Jacques Bidet, philosophe, professeur
émérite à lUniversité Paris-X, est
lauteur de: Théorie générale.
Théorie du droit, de léconomie et de la politique
(1999) et Explication et reconstruction du Capital (2004).
Johann Boillat:
Une ligne à
travers les Montagnes: la première compagnie de chemin de fer du
Locle à Neuchâtel: le Jura industriel (1857-1865).
Edition Alphil, Neuchâtel, 2007
Les éditions Alphil (www.alphil.ch)
de Neuchâtel ont publié une série douvrages,
tirés de mémoires de lInstitut dhistoire de
lUniversité de Neuchâtel, sur lhistoire des
transports dans la région. Lun de ces ouvrages,
publié en 2007, est signé par Johann Boillat: Une ligne
à travers les Montagnes: la première compagnie de chemin
de fer du Locle à Neuchâtel: le Jura industriel
(1857-1865).
En ce temps-là, la politique ferroviaire influençait de
façon déterminante la politique tout court. Ainsi, avant
même linauguration du tronçon Le Locle-La
Chaux-de-Fonds (1857), le Parti républicain avait
scissionné entre adeptes du «Franco-Suisse»
(tracé par le Val-de-Travers) et du «Jura
industriel». Ces dissensions aboutirent à la
démission du Conseil dEtat en 1853, et suscitèrent
des espoirs chez les royalistes, à lorigine de la
contre-révolution des 2-3 septembre 1856.
Une fois les travaux entrepris, les espoirs dune liaison entre
lAtlantique et lItalie par les Montagnes
neuchâteloises furent déçus en raison des
problèmes techniques et financiers de la ligne La
Chaux-de-Fonds-Neuchâtel (coût du tunnel le plus long de
Suisse). Le 3 janvier1861, la compagnie fut mise en faillite, avant
quune nouvelle société, fondée en
février 1865, ne soit finalement rachetée par le canton,
en 1884.
Hormis les questions financières, la compagnie concurrente du
«Franco-Suisse» avait obtenu la liaison avec la France,
notamment grâce à un «lobbyiste»
célèbre, le général Guillaume-Henri Dufour.
La crédibilité du «Jura industriel» en fut
donc affectée. En 1862, le personnel de la compagnie refusa
cependant de subir passivement les conséquences de ces
péripéties. Afin de mettre fin à une grève,
le Conseil dEtat dut ainsi accorder un crédit
extraordinaire pour lui payer les salaires en retard
«Sil est une aventure qui peut être assimilée
à celle des westerns, cest bien la construction des voies
ferrées dans les Montagnes neuchâteloises»,
affirment deux historiens neuchâtelois. Laissons la conclusion
à lauteur de louvrage: ce fur «le plus grand
fiasco de lhistoire de la République
jusquà présent!». Devisée à 6
millions de fr., la construction du «Jura industriel» aura
finalement coûté 17 millions (1 demi-milliard
daujourdhui). Au début du 21e siècle, le
projet «Trans-RUN» (nouvelle liaison ferroviaire entre le
Haut et le Bas) est estimé à 450 millions de
fr