Parlement et AVS.. Arrière toutes !


Parlement et AVS… Arrière toutes !


La session spéciale du parlement sur la 11è révision de l’AVS a approuvé une révision-régression par 62 oui, 60 non et 63 abstentions! Cette acceptation a été rendue possible grâce à l’abstention de 11 élus socialistes!

Michel Ducommun

Cette régression, avec au passage 500 millions d’économies, se fait essentiellement au détriment des femmes



  • Elévation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans dès 2009.
  • Suppression de la rente de veuve pour les veuves sans enfants.
  • Indexation des rentes tous les 3 ans plutôt que tous les 2 ans, et en ne tenant plus compte de l’indice des salaires.















































  400 mios
 
800 mios
 
1500 mios
 
Revenu – de 49 000 – de 74 000 – de 49 000 – de 74 000 – de 61 800 – de 74 000
64 ans -2.9% -5.0% -0.9% -3.4% -0.0% -0.0%
63 ans -6.9% -10.7% -4.1% -8.4% -1.1% -3.2%
62 ans -11.3% -16.5% -8.4% -14.3% -4.0% -8.7%

Le seul petit sucre, c’est 400 millions en faveur de la retraite à la carte, c’est-à-dire l’introduction d’une retraite anticipée qui restera beaucoup trop diminuée pour que celles et ceux qui en auraient le plus besoin puissent en profiter. Par rapport au projet initial du Conseil fédéral, que nous avions déjà analysé et critiqué, la seule différence notable est la réintroduction de la rente de veuve pour celles qui ont des enfants. L’argumentation de la droite n’a pas été un subit retour aux préoccupations sociales, mais la conviction de perdre sur ce sujet en cas de référendum!


Il ne fait pas de doute que cette révision est inacceptable, non seulement par les mesures mêmes qu’elle introduit, mais aussi par la conception qu’elle représente: au moment où l’on dispose de dizaines de milliards pour l’armée, où l’on s’apprête à faire des milliards de cadeaux fiscaux particulièrement aux riches, le parlement affirme qu’il faut économiser sur la prévoyance vieillesse alors que l’AVS ne satisfait même pas son exigence constitutionnelle: garantir un minimum vital.


Le référendum est donc nécessaire, il devrait recevoir un soutien relativement large («Si le projet de 11e révision de l’AVS n’est pas radicalement amélioré, l’USS n’hésitera alors pas à mobiliser ses membres et à saisir le référendum», ainsi se termine la résolution votée par l’Assemblée des délégués de l’USS du 7 mai). Cependant la combativité du PS et des directions syndicales n’est pas encore garantie. Il est significatif que lors des débats et résolutions syndicales précédant la session des chambres fédérales, c’est la question des rentes de veuves qui était mise en avant, et que l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes n’était pas remise en cause si les mesures de flexibilisation étaient suffisantes.


La «combativité» socialiste s’exprime aussi par la déclaration finale, avant le vote, de Paul Rechsteiner, président de l’USS: «Nous ne pouvons pas accepter, telle qu’elle se présente, cette révision. C’est maintenant au Conseil des Etats d’améliorer ces propositions pour qu’elles deviennent acceptables». Présenter la chambre la plus réactionnaire comme l’espoir d’une amélioration sociale, il faut oser! En fait cette déclaration ouvrait la porte aux abstentions socialistes qui ont permis l’adoption de cette loi. Il faut aussi revenir sur la question de la flexibilisation de l’âge de la retraite, l’argument de ceux qui y voyaient le progrès possible de cette 11è révision. Le débat s’est focalisé sur 400, ou 800 ou 1500 millions en faveur de cette flexibilisation, en d’autres termes faut-il être plus ou moins généreux. Cette manière de voir obscurcit les enjeux. Politiquement, la vraie question est: Si l’on accepte qu’il soit possible de choisir de prendre sa retraite à 65 ans, à partir de quel âge a-t-on le droit à une rente complète? Et cet âge et les diminutions pour une retraite prise avant cet âge doivent-ils dépendre du revenu?


De ce point de vue, il est utile de savoir ce que signifient les solutions discutées. On remarque que seule la solution à 1500 millions, balayée par le parlement, garantit l’objectif le plus minimaliste, une rente complète pour tous dès 64 ans, et que dans ce «meilleur des cas» on abandonne ce qui doit rester notre objectif: la retraite pour tous dès 62 ans. Ceci montre l’importance du référendum, mais d’un référendum mené sur des bases combatives, sur la volonté d’une amélioration des conditions sociales de la vieillesse, et non sur une base minimaliste qui vise à limiter les dégâts.