Une politique des caisses vides au service des plus riches

Une politique des caisses vides au service des plus riches

En refusant les comptes 2007 de
l’Etat de Vaud, le groupe A Gauche toute! du Grand Conseil
dénonce une politique d’austérité et de
coupes budgétaires dirigées contre les prestations des
services publics et contre les conditions salariales des
employé-e-s de l’Etat de Vaud… au moment où
le gouvernement annonce 951 millions d’excédent
budgétaire!

Si le procédé a fait ses preuves depuis belle lurette, il
faut bien reconnaître que le ministre radical des finances Pascal
Broulis y recourt avec une adresse remarquable: clamer à tout
vent que les caisses sont vides, que le poids de la dette est
énorme, que la bonne conjoncture, ça ne va sûrement
pas durer, tout cela pour justifier auprès de la population de
nouvelles coupes budgétaires, et des baisses de salaires pour
les employé-e-s de la fonction publique. Citons deux exemples
récents: la réduction des subsides à
l’assurance maladie, pourtant impératifs pour de nombreux
salariée-s, d’autant que les primes ne cessent
d’augmenter, et la réforme de la grille salariale de la
fonction publique (dite «decfo-sysrem»), synonyme de
baisses de salaire inacceptables sur l’ensemble d’une
carrière pour les employé-e-s de l’Etat.

Pourtant, malgré la mythologie des «caisses vides»
et de la «dette abyssale » que le Conseil d’Etat
cherche à imprimer dans la tête de chaque Vaudois-e, les
faits sont têtus: pour la troisième année
consécutive, l’Etat de Vaud connaît un
excédent budgétaire. Et pas des moindres pour 2007
puisqu’il se chiffre à près d’un milliard de
francs. Même si Pascal Broulis a tout tenté pour minimiser
cette somme qui risque de mettre en cause sa doctrine de
l’austérité budgétaire à tout prix
(il y a quelques mois, Broulis annonçait un excédent
de… 14 millions; finalement, le document officiel de
présentation des comptes, au prix de quelques contorsions dans
les «écritures de bouclement», parle d’un
excédent de 270 millions seulement, chiffre complètement
erroné qui dans un premier temps a été repris par
la presse).

Alors, quand décidément les chiffres
s’entêtent à rester dans le noir, il faut prendre
des mesures drastiques pour que l’idéologie des
«caisses vides» devienne réalité. La droite
majoritaire à l’exécutif et au législatif
vaudois a ainsi concocté un premier train de mesures fiscales –
complètement irresponsables – qui devraient coûter
à l’Etat de Vaud 90 millions de francs par an: 67 millions
de cadeau pour les actionnaires et pour les plus riches contribuables
(avec notamment une réduction de 25% de l’imposition des
dividendes) ; et 23 millions de réductions fiscales sur les
bénéfices des entreprises (malgré le refus vaudois
de la réforme de la fiscalité des entreprises le 24
février dernier, à plus de 54%).

En refusant les comptes 2007, le groupe A Gauche toute! dénonce
le caractère calamiteux de cette politique budgétaire et
fiscale. Au lieu d’offrir de nouveaux cadeaux fiscaux aux plus
riches contribuables, il serait temps d’utiliser
l’excédent budgétaire pour mettre en oeuvre une
véritable politique sociale et écologique. Par exemples
en revalorisant les salaires des employé-e-s de l’Etat qui
ont baissé de plus de 20% depuis le milieu des années 90,
en favorisant un service public du troisième âge de
qualité, en développant massivement les énergies
solaires renouvelables, ou encore en planifiant une véritable
politique du logement, au moment où le gouvernement annonce une
augmentation de 100 000 habitant-e-s d’ici à 2020.

Hadrien Buclin