LEtat du mouvement après Gênes
LEtat du mouvement après Gênes
Les réactions des institutions et des forces politiques aux événements de Gênes, létat du mouvement et la question de la violence.
Pour tirer tous les enseignements de Gênes, il faudra croiser les bilans et lire avec attention les textes venant de réalités militantes différentes, ceux des italiens bien sûr, mais aussi ceux des autres délégations, des militants de nombreux pays étant présents aux différentes manifestations. Ce texte traitera de trois problèmes. Tout dabord les réactions des institutions internationales, des gouvernements et, à partir de là, celles du parti socialiste, ensuite létat du mouvement pendant et après Gênes, et enfin la question de la violence pendant les manifestations. Chacun dentre eux mériterait de plus amples développements, Gênes représentant un tournant très important. Cest vrai pour les institutions et les gouvernements qui sont arrivés à la fin dune phase : ils ne peuvent décemment plus continuer à se réunir à labri de grilles et de murs, et il ne sera politiquement pas longtemps possible de se réfugier au fond des montagnes ou des déserts. Mais Gênes représente également un tournant majeur pour les mouvements qui sont confrontés à une croissance considérable, mais sans que les acteurs traditionnels, et en particulier les syndicats, ne soient prêts à prendre leurs responsabilités ; des mouvements qui doivent, dans le même temps, se positionner face à la violence.
A – Du côté des institutions et des gouvernements
Si Gênes restera un moment important dans lhistoire des mobilisations et des luttes, cest à cause de la violence de la répression et de lampleur des manifestations, mais aussi à cause de lécart énorme entre les attentes de lopinion et des manifestants et les décisions prises par le G-8. Celui-ci na pu que constater les désaccords entre les Etats-Unis et les autres grands sur le protocole de Kyoto, texte pourtant analysé par la plupart des associations environnementalistes comme notoirement insuffisant pour lutter contre lémission de gaz à effet de serre. Et pour la seule décision prise, la création dun fonds dintervention pour la santé, les sommes annoncées (1,3 milliards de dollars) sont considérées comme ridicules par tous les mouvements travaillant dans ce domaine. Cette panne du G-8 renvoie aux divergences et aux contradictions entre grands pays, divergences qui apparaissent de façon récurrente et qui sont une des explications de léchec de lOMC à Seattle. Mais la panne du G-8 prend une dimension particulière de par la faible légitimité de cette instance. Lionel Jospin rend public son doute sur lutilité de telles réunions, et François Hollande enfonce le clou en annonçant la «mort politique du G-8». Klaus Schwab, le fondateur du «World Economic Forum» et des réunions annuelles de Davos, elles aussi en perte de légitimité, estime de son côté que le G-8 nest pas linstance la plus adaptée pour discuter des «grandes questions concernant la globalisation».
Les voix du Sud
Malgré cette panne du côté des grands, la voix des pays du Sud ne sest que peu exprimée à Gênes. Si Abdoulaye Wade, le président de la République du Sénégal, a pris en compte lampleur du mouvement, pronostiquant même, comme en 1968, son extension au Sénégal, il na, pas plus que ses homologues présents à Gênes, pu sappuyer sur lampleur du mouvement pour formaliser une politique alternative ni permettre davancer vers une alliance des pays pauvres pouvant faire pièce au concert des pays riches. Les raisons de cette faiblesse sont connues. Les pays du sud sont confrontés, eux aussi, à une panne dorientation stratégique – les modèles tiers-mondistes de développement autocentrés ont montré leurs limites. Les élites des pays du sud ont massivement adhéré au crédo néolibéral en même temps quexiste lillusion que dans le «nouvel ordre du monde» ils pourraient jouer un rôle en profitant de la concurrence entre les grands. Mais lémergence dune opposition à la mondialisation libérale, portée par des états du sud, serait pourtant un élément décisif dans le rapport de force international.
Que disent les maîtres du monde ?
Si, entre les pays du G-8, les divergences se sont exprimées nettement, celles-ci ne sont pas le seul problème quauront à résoudre les gouvernements et les classes dominantes. Une fois de plus, le plus frappant, dans les discours des responsables politiques, est la faiblesse des argumentations cherchant à convaincre les opinions du bien fondé de leur orientation. On a vu, à Gênes, se dessiner deux types dorientations. La première, portée par George Bush et Tony Blair, assume clairement le choix de la mondialisation libérale, présentée comme la seule solution, y compris pour les pauvres de la planète qui sont sensés y trouver leur compte. Cette orientation ne pourra sappuyer que sur une fraction minoritaire dune opinion publique qui manifeste de plus en plus nettement ses inquiétudes face à la «mondialisation libérale». Pour tenter de se rallier lélectorat conservateur, George Bush et Tony Blair ont condamné les «casseurs» avec une grande fermeté. Mais, là aussi, le bilan de Gênes montre les limites dune telle orientation : le gouvernement Berlusconi, fidèle soutien de la ligne libérale de ladministration Bush, paie aujourdhui le prix politique de sa politique répressive.
La deuxième orientation ne sest exprimée que sur une question dapparence tactique : Jacques Chirac, vite rejoint par Lionel Jospin, a manifesté sa «compréhension» pour les manifestants. Les responsables politiques français nayant fait en cela que suivre Bill Clinton qui avait eu des propos similaires à Seattle. Une compréhension qui a ses limites : les autorités françaises nont pas, à cette date, condamné lattitude des autorités italiennes. Pour Jacques Chirac, le problème est strictement tactique : il sagit, comme il la fait sur les questions environnementales, de prendre date sur tous les terrains qui pourraient permettre à la gauche de se délimiter pour tenter, comme en 1995, de gagner la présidentielle en mordant sur un électorat qui nest pas celui de la droite traditionnelle. Mais, derrière les évidentes préoccupations électorales, les responsables politiques français essaient de formaliser une réponse aux inquiétudes de lopinion. Ils ne sont pas les seuls à penser quil faudra bien sengager, dune façon ou dune autre sur la voie de réformes. Dans son éditorial, le Financial Times du 11 août abondait en ce sens. Mais aujourdhui, aucun signe concret ne montre que lon sengage pratiquement dans cette voie : il faudrait pour cela un consensus entre les grands, avec en premier lieu lassentiment des Etats-Unis. Cependant, ce débat ne fait que commencer et il se nourrira des contradictions entre les différents Etats et de lintervention des institutions internationales, FMI, BM, OMC et ONU, qui ont besoin despace pour exister face aux différents gouvernements et, en particulier, laméricain.
B – Le mouvement après Gênes
Avant dentrer dans le bilan de la mobilisation, il vaut la peine de sarrêter sur le sigle choisi par les mouvements italiens pour désigner leur cadre unitaire : le GSF, le «Genoa Social Forum», filiation assumée du «World Social Forum» de Porto Alegre. Ce choix est significatif dune généalogie, certes courte, mais riche de moments fondateurs et de lieux de cristallisation dalliances et de mouvements. Il y a deux ans, à Paris en juin 1999, les rencontres internationales organisées à linitiative dATTAC et de la CCC-OMC avaient connu un succès qui indiquait lémergence dun mouvement qui sest clairement manifesté, en novembre de la même année, à Seattle. Quelques mois plus tard, cest à Bangkok que la première «alliance internationale» commençait à se formaliser avec beaucoup des partenaires que lon retrouvera partout : ATTAC bien sûr, mais aussi les diverses coalitions pour lannulation de la dette des pays du tiers monde, Via Campesina, Focus on the Global South ou la KCTU coréenne.
De Genève …à Porto Alegre
A Genève, en juin 2000, le «Comité suisse de lappel de Bangkok» répondait à lappel du même nom et organisait une conférence qui sera très importante pour les mobilisations comme Prague mais aussi pour la construction du mouvement : cest là que se sont forgés des mouvements comme le «Movimiento de Resistancia Global», très implanté en Catalogne et dans quelques villes espagnoles, et cest surtout là qua été lancé lappel pour le Forum Social Mondial de Porto Alegre. Porto Alegre a représenté un tournant décisif. Les différents mouvements ont pu, là, se coordonner pour préparer les mobilisations à venir, Buenos Aires, Québec et, bien sur, Gênes. Plusieurs délégations nationales ont profité de lévènement pour renforcer leurs liens et décider dun cadre commun de travail, au niveau national. Ce fût le cas des forces italiennes qui ont, à Porto Alegre, défini le cadre qui sera celui qui préparera la mobilisation de Gênes. Ce court rappel na pas que pour but de restituer lhistoire dun mouvement qui comporte bien dautres étapes et filiations (cest à Nice, par exemple, que beaucoup de militant-e-s et de mouvements français ont décidé de préparer Gênes). Il ne faudrait surtout pas y voir le moindre déterminisme militant : les grandes mobilisations auraient certainement eu lieu, avec ou sans cette série de conférences et de rencontres. Mais le maillage ainsi réalisé a été déterminant pour créer un réseau de confiance et de solidarité entre les responsables des mouvements sociaux et militants des différents continents. Et surtout, un cadre a été donné, qui allie la défense sans concession des revendications de ces mouvements et une volonté unitaire permanente, qui a permis au mouvement de sélargir régulièrement, sans pour autant se fragmenter. Cest cet acquis quil nous faut préserver au travers des initiatives et des rencontres à venir.
Un tournant essentiel pour le mouvement italien
Gênes a représenté un tournant par le nombre des manifestants, mais cela na été possible que parce que le rassemblement des forces qui étaient dans le GSF était tout à fait nouveau. La fin des années 1970, la montée de lautonomie puis les «années de plomb» avaient accéléré la dispersion des équipes militantes, y compris dans la gauche radicale. Le début des années 1990 avait vu le retour de luttes ouvrières (elles avaient entraîné la chute du 1er gouvernement Berlusconi), une recomposition politique à gauche, avec lapparition des DS et de Refondation Communiste et la croissance des syndicats non-confédérés, grâce à lessor des COBAS, en même temps que les «centres sociaux», des anciens locaux industriels occupés par des militants souvent issus des courants autonomes, connaissaient un développement important en offrant des espaces festifs et militants à la jeunesse. Mais tous ces nouveaux cadres militants travaillaient peu ensemble. Gênes a marqué une rupture à cet égard, en même temps quune nouvelle génération militante saffirmait, en liant ces structures radicales au monde associatif italien (ManiTese, Lega Ambiante, ARCI, etc.) particulièrement actif et implanté. Le succès qua rencontré ATTAC-Italie, dès sa création officielle en juin, est significatif de ce renouveau militant. Nous le verrons dans les mois et années qui viennent, car il ny a aucun automatisme en la matière, mais Gênes pourrait bien être le point de redémarrage des luttes en Italie dans un cadre de recomposition bien plus favorable que celui des années 1990.
Le mouvement syndical à Gênes
Plus difficile est la place du syndicalisme dans cette recomposition. Les trois confédérations italiennes (CGIL, qui était liée au PCI, la CISL, anciennement proche de la démocratie chrétienne et lUIL, liée aux socialistes) ont été hors du coup. Si des pesanteurs propres au syndicalisme en général et au syndicalisme italien, en particulier, ont pu jouer un rôle dans cette absence, la responsabilité première en incombe aux responsables confédéraux.
Ainsi, le 19 juillet, le syndicalisme international et européen (la CISL et la CES) avaient organisé un débat sur la mondialisation avec plusieurs centaines de participants, en grande majorité des responsables de syndicats italiens. Vittorio Agnoletto, le porte parole du GSF avait été invité et son intervention avait été extrêmement bien accueillie, avec un tonnerre dapplaudissements sauf du côté des responsables confédéraux. Le secrétaire général de la CGIL, Cofferatti, enfonçait le clou le lendemain, dans une interview au Corriere de la Serra, en expliquant pourquoi il ne fallait pas participer aux manifestations de Gênes : celles-ci napporteraient pas assez de propositions positives, ce quun syndicat, parce quil est là pour négocier, doit dabord prendre en compte ! Cette absence confédérale va donner de lespace aux secteurs de la gauche syndicale, quils soient ou pas membres des confédérations (les COBAS et la CUB sont indépendants et, dans la CGIL, la tendance de gauche «Alternativa Sindacale» avait appelé aux manifestations avec la FIOM, la puissante fédération de la métallurgie). On peut espérer que cela pousse les confédérations à entrer dans la bataille contre la mondialisation libérale, comme lAFL-CIO la fait aux Etats-Unis. Lexemple de Barcelone, où les Commissions Ouvrières et lUGT, les deux principales confédérations du pays, ont été obligées dappeler, au côté de la CGT anarcho-syndicaliste, aux manifestations contre la tenue dune conférence de la Banque mondiale, montre que cela est possible. Cest un enjeu important parce quil conditionne lalliance, qui ne pourra être que conflictuelle, entre la mobilisation de la jeunesse et le mouvement syndical, qui représente encore lessentiel des forces organisées du mouvement populaire.
Les partis sociaux-démocrates pourront réagir plus vite que les confédérations qui leurs sont proches. Cest en tout cas ce que montrent les cas italiens, mais aussi français. En Italie, la direction des DS (Démocrates de Gauche), le parti qui dirigeait, il y a quelques mois encore, le gouvernement qui préparait le G-8, sest divisé pour savoir sil fallait appeler aux manifestations de Gênes et a participé à toutes celles qui ont suivi. En France, Vincent Peillon, porte-parole du PS, regrette ainsi labsence du PS à Gênes et, dans une tribune publiée par «Le Monde» et signée avec Christian Paul, secrétaire dEtat à loutre-mer, prend nettement partie pour les mouvements qui sopposent à la mondialisation libérale. Par-delà les évidentes préoccupations électorales, ce positionnement du PS ne pourra quencourager les mouvements en légitimant leur action. (
)
C – A propos de la violence
Un des éléments du bilan de Gênes a été la manière dont le GSF sest construit et a fonctionné. Les Italiens ont montré, à cette occasion, quils étaient les maîtres dans la gestion de lunité dans la diversité. Le pari nétait pas tant de faire tenir ensemble des composantes dont lorigine était diverse, cas de figure somme toute assez classique, mais de faire tenir sans craquer un édifice dont les composantes avaient des buts et des stratégies assez différents. Le GSF allait en effet de la campagne «dette», très modérée et marquée, en Italie, par le poids des religieux, jusquaux COBAS et aux Tute Bianche, qui entendaient pénétrer dans la zone rouge et utiliser des moyens de défense certes défensifs, mais qui les faisaient plus ressembler à des chevaliers du moyen âge quà des Gandhi modernes.
Recherche du consensus au sein du GSF
Au prix dheures et dheures de discussion, lalliance a fonctionné et sest même renforcée au fil du temps. Lalliance ainsi créée a permis dintégrer dans un cadre commun des cortèges totalement pacifiques pendant que dautres pratiquaient une «violence symbolique», et ainsi de représenter lécrasante majorité des manifestants. Lenvers de cet accord a été la difficulté à «gérer» les relations avec ceux qui étaient extérieurs au cadre du GSF. Laccord, dans un contexte compliqué par les tensions liées à lélection de Berlusconi et à linstallation, en juin, de son gouvernement, sest fait au prix de tensions avec les composantes les plus radicales du GSF. Cela a dabord été le cas avec les Tute Bianche, qui avaient, de façon métaphorique, «déclaré la guerre» aux autorités italiennes. Les COBAS ont été ensuite sur la sellette, leurs liens avec dautres composantes des centres sociaux faisant craindre des violences dépassant le cadre fixé par le GSF. Le GSF avait, en plus de ces débats, à gérer les relations avec les gouvernements successifs. Cela explique le temps mis à prendre réellement en compte les composantes européennes et internationales de la mobilisation et la difficulté à expliciter les problèmes rencontrés avec des composantes (issues dun petit nombre de centres sociaux) qui ne se reconnaissaient pas dans le GSF.
Un bilan largement positif
En final, le bilan du GSF est tout à fait positif. Il a été légitimé, en Italie et bien au-delà, par sa capacité à se démarquer des violences commises par certains groupes de manifestants tout en dénonçant fermement les autorités italiennes, réelles responsables de lincroyable déchaînement de violence quà connu Gênes les 20 et 21 juillet. Et sil est utile de comprendre les difficultés que le GSF a pu connaître, son fonctionnement unitaire et sa capacité dintégration en font un exemple pour les mobilisations à venir. Mais Gênes, après Göteborg, obligent à une réflexion sur la violence qui risque daccompagner les manifestations. Il faudra être capable danalyser les situations pratiques et concrètes de chaque manifestation, tout en ayant un point de vue plus général, nécessaire pour donner une orientation visible au mouvement.
GSF et «black block»
A Gênes, la délimitation entre le GSF et ce qui a été appelé le «black block» était claire. Sil ne faut pas criminaliser celui-ci (il y avait à lévidence des agents provocateurs, policiers voire militants dextrême droite, mais la majorité du milliers de participants de ce «black block» étaient des jeunes radicaux, italiens dans leur grande majorité), son orientation était clairement différente de celle du GSF. Cela était net sur le plan idéologique, le GSF étant taxé de «réformisme», comme sur le plan politique : le «black block» nentendait pas encercler la zone rouge ou même y pénétrer, mais voulait sattaquer aux «symboles du capitalisme», façades de banques, voitures «luxueuses», etc. Si, à Gênes, la responsabilité des violences incombe, dabord et avant tout, aux autorités italiennes qui ont commis, ou laissé faire, des actes que lon pouvait croire impossibles dans un pays démocratique, la séparation nette entre les manifestants du GSF et de ses alliés européens et ceux du black block en a facilité la démonstration publique. Les attaques contre les cortèges pacifiques, les violences commises contre les manifestants arrêtés et le passage à tabac des militants dans lécole Diaz ont ému le monde entier.
Violence et crédibilité du mouvement
A un niveau plus général, sil est très important de rappeler la volonté non violente de la très grande majorité des manifestants, la délimitation avec ceux qui refuseraient cette orientation ne sera pas toujours facile. En effet, de la rage compréhensible contre un système qui produit, à grande échelle, des inégalités, de la misère et de la violence contre les plus pauvres, à lidée que le mouvement peut se construire malgré ou avec la violence, il ny a quun pas.
A lappui de cette idée, le fait que Prague, pas plus que Göteborg, nont été des points de retournement à partir desquels le mouvement serait retombé, marginalisé par les violences. Si, à une échelle internationale, ce constat est réel, il faudra étudier de plus près les réalités militantes après ces manifestations. A Prague, par exemple, le bilan nest pas probant. Cela sexplique probablement par le fait – un cas unique – que les manifestants venaient, dans leur écrasante majorité, dautres pays. Mais il faudra attendre le bilan quétabliront les militants suédois, avec un peu de recul, pour tirer des leçons plus générales.
Et il existe un risque qui est, lui, tout à fait certain : celui dun décrochage du mouvement davec lopinion publique, avec comme conséquence évidente le retrait des forces les plus réticentes à sengager dans la lutte contre la mondialisation libérale, à commencer par les confédérations syndicales. A Gênes, lattitude des autorités italiennes a été telle que lopinion lui fera porter la responsabilité des violences, mais cela ne sera pas toujours le cas et le soutien quapporte lopinion publique aux manifestants est une des clés de la réussite du mouvement.
Refus de la violence et cortèges déterminés
Lexemple du GSF a cependant une portée plus générale. Il montre quil est possible de refuser la violence et donc de se démarquer de ceux qui ne partagent pas cette stratégie tout en acceptant des cortèges déterminés, les militants se protégeant des charges policières par des moyens passifs (casques, boucliers plastiques, etc.).
Une autre piste, qui présente lavantage de manifester encore plus nettement la détermination mais aussi la non-violence du mouvement, existe du côté des méthodes nord-américaines, qui ont été présentées à Gênes par Liza, une militante californienne (ses formations ont été largement médiatisées). Il sagit daider les manifestants, organisés en «groupes daffinité», à résister, pacifiquement, le plus longtemps possible, aux interventions policières, mais là, sans casques ou autres moyens de défense personnels.
* Responsable des relations internationales dAttac-France. Vient de publier Le monde nous appartient, Paris, Plon, 2001. Titre et intertitres de notre rédaction. Texte original intégral publié dans le Grain de Sable (Courrier électronique francophone dinformation dAttac) n° 260.