L’ADG, une force... pas tranquille


L’ADG, une force… pas tranquille


L’introduction du programme de l’ADG, que nous reprenons ici, revient sur le contexte politique et les objectifs communs de cette campagne.

Plus que jamais, il est nécessaire de renforcer une gauche résolue et combative au parlement qui sache conjuguer l’action sur le terrain et la défense cohérente et sans compromission des intérêts des travailleurs/euses, des retraité-e-s, des locataires et de toutes les personnes «laissées pour compte» du système actuel. C’est dans cette perspective que l’Alliance de Gauche veut travailler avec celles et ceux qui se retrouvent dans ce programme pour réaliser ensemble les avancées vers un réel changement de société, construite sur l’égalité, l’émancipation sociale et une économie au service de toutes et tous.


Les années de crise ont vu le capitalisme triomphant se redéployer à l’échelle mondiale, avec une extension de son emprise, notamment à l’Est. Il impose sa domination sur le monde, en particulier par une exploitation sans merci du Tiers-Monde qui étouffe sous le poids de la dette et de la misère, creusant encore le fossé qui sépare Nord Sud.


Contre la privatisation du bien commun…


Sa domination menace aussi les équilibres écologiques dont dépendent la survie même de la planète, ce qui pose avec force la nécessité d’une utilisation plus rationnelle et équilibrée des ressources naturelles pour assurer à chacun-e la couverture de ses besoins fondamentaux. Le redéploiement capitaliste en cours s’est accompagné d’une attaque concertée et sans précédent contre les secteurs économiques qui échappent encore partiellement à la loi du profit: le secteur public (télécommunications, poste, énergie, eau…)


… et la croissance des inégalités


La «crise» a aussi conduit à une régression en matière de répartition du revenu social (attaques contre les salaires et l’emploi) c’est-à-dire à des transferts massifs de ressources du travail vers le capital et au sein de celui-ci des secteurs traditionnels vers les secteurs de pointe (télécommunications, informatique, biotechnologies, etc.) et vers les activités financières. La concentration du pouvoir économique qui en découle et qui se matérialise sans conteste sur la scène internationale a mis le politique, les Etats et les droits démocratiques des citoyen-ne-s, à rude épreuve. C’est ce qu’on appelle pudiquement la «globalisation» ou la «mondialisation».


En Suisse et à Genève


En Suisse, la politique patronale conduite dans ce contexte s’est traduite par une baisse des salaires réels, par l’explosion des plus-values boursières, la réalisation de bénéfices multimilliardaires pour quelques entreprises, alors qu’elle faisait connaître à un quart de la population du pays les réalités du chômage dans leur vie quotidienne, suite aux restructurations et aux licenciements décidés par le patronat. A Genève, cette politique a conduit à la perte de plus de 16 000 postes de travail. Les politiques budgétaires d’austérité, entraînant des baisses de prestations sociales, sont également venues élargir le fossé entre les plus riches et le reste de la population.


Pendant qu’une petite minorité tirait grand profit de cette situation, la majorité a vu son pouvoir d’achat et son niveau de vie diminuer, phénomène sans précédent depuis plus de 40 ans. La paupérisation accrue a fait apparaître une nouvelle catégorie de salarié-e-s: les «working poor», en français: les salarié-e-s pauvres, à savoir celles et ceux qui touchent un salaire en dessous du minimum vital. Dans notre canton, leur proportion atteint 9 %!


Resistons !


Aujourd’hui, cette offensive néolibérale se poursuit avec les démantèlements successifs des services publics et l’extension de la précarité. Pour l’écrasante majorité de la population, l’heure est à la résistance. Le défi est de taille et dépasse très largement nos frontières. En effet, au-delà de tel ou tel événement électoral récent dans l’hémisphère nord (USA, Grande-Bretagne, Autriche, Espagne, France, Italie) nous vivons une phase victorieuse des politiques néolibérales, tantôt appliquées par les forces traditionnelles représentant les intérêts bourgeois, tantôt – et souvent avec autant de zèle – par les forces de la social-démocratie convertie aux vertus du néolibéralisme. Les privatisations de pans entiers du secteur public, la politique du «moins d’Etat» et la surenchère dans la baisse des impôts en sont les principaux exemples. Pour notre part, nous nous inscrivons dans une volonté affirmée de résistance aux idées et à la mise en application des politiques néolibérales dans leurs diverses versions. Nous défendons en revanche une économie au service des besoins du plus grand nombre.


Renforcer une gauche combative


A Genève, pour la première fois au cours de ce siècle, la population a délégué une majorité de gauche au parlement cantonal. Ainsi, l’Alliance de Gauche, après avoir remporté 21 sièges sur cent en 1993, a maintenu une forte députation de 19 élu-e-s en 1997. Malgré une majorité PS – Verts – ADG, la tâche de nos élu-e-s a été difficile et l’Alliance de Gauche a malheureusement souvent dû faire cavalier seul dans la défense des intérêts de la majorité de la population. L’exemple du paquet ficelé de 1998 d’impôts injustes et de mesures antisociales, rejeté massivement en votation, en témoigne!


L’héritage de l’hégémonie des représentants des milieux bourgeois au cours du siècle a été alourdi par le passage du gouvernement monocolore: une dette dépassant les dix milliards, conséquence en particulier de la baisse des recettes fiscales voulue par la droite dans les vingt dernières années. A ce lourd bilan sont venues s’ajouter les pertes catastrophiques de la Banque cantonale, suite à la gestion frauduleuse des mêmes milieux bourgeois qui ont instauré à Genève certaines pratiques dignes d’une république bananière, dont – après le scandale de la BCG – celui des Offices de poursuites et faillites (OPF) est le dernier exemple criant.


Ainsi, à la veille des élections cantonales de 2001, les enjeux politiques sont multiples. Mais il en est un essentiel. Nous devons renforcer la présence d’une gauche combative au parlement, travaillant à la défense conséquente des salarié-e-s de plus en plus précarisés et de toutes les couches populaires. Cette présence est une condition nécessaire pour éviter tant le retour d’une majorité parlementaire des partis de droite, ouvertement néolibéraux, que pour empêcher les dérives et les compromissions d’une “gauche” tentée de s’accommoder aux tendances antisociales lourdes dont la droite est porteuse.


Pour quoi faire ?


Une nouvelle période semble se profiler, les contradictions du système capitaliste s’accentuent. Avec la mondialisation des capitaux, la fusion accélérée des entreprises laisse toujours plus de salarié-e-s sur le carreau et les délocalisations approfondissent l’exploitation des salarié-e-s du Tiers-Monde. Avec comme conséquence majeure au niveau planétaire un fossé béant qui se creuse toujours plus entre la richesse des détenteurs de capitaux des noyaux durs des multinationales et la pauvreté de la grande majorité de l’humanité.


La planète elle-même est menacée par l’utilisation des énergies fossiles et nucléaires, par les déforestations et par la relance des politiques d’armements. Ainsi, sous l’empire du capitalisme, les perspectives de survie de l’humanité s’assombrissent inéluctablement. La nécessité d’un changement radical de politique économique, sociale et environne-mentale, s’impose progressivement. Cette prise de conscience relance l’espoir d’un projet alternatif que les récentes mobilisations internationales contre les différents sommets des dirigeants du globe ont remis à l’ordre du jour.


C’est cette dynamique en faveur d’un nouveau projet social et économique que l’Alliance de Gauche veut faire entendre et défendre au Grand Conseil à l’heure où une nouvelle crise économique s’annonce. Il existe au-jourd’hui des acquis politiques à concrétiser et un défi social de recomposition et d’organisation de la résistance sur le terrain à relever. Notre présence au parlement prend tout son sens en visant non pas à se substituer aux mouvements sociaux, mais au contraire à être au service de toutes celles et de tous ceux qui, dans leurs diverses organisations et mobilisations associatives, syndicales et dans la diversité des actions collectives, veulent résister à la pression néolibérale et travailler à la construction d’une alternative sociale.


Intertitres de la rédaction