Ouvrier, paysans: action du 8 novembre

Communiqué de presse Action du 8 novembre 2001


Syndicats ouvriers et paysans demandent à Coop et Migros
de prendre position sur différentes questions


Aujourd’hui, plus de 90% des achats alimentaires se font via les grands distributeurs. Nous
sommes là aujour d’hui pour les interpeller, et aussi pour sensibiliser le consommateur lors
de ses achats. Cet acte d’achat n’est pas une simple action économique, c’est aussi un choix
éthique que de se déterminer pour un produit plutôt que pour un autre.


L’OMC (Organisation Mondiale du
Commerce) met à genoux la production
agricole traditionnelle en favorisant
une agriculture industrielle au détriment
de la production de proximité
et des conditions sociales et environnementales.
Elle met en concurrence
des agricultures qui ne sont pas comparables:
seuls 2% des paysans du
monde possèdent un tracteur, les 98%
restant, avec une productivité mille
fois moindre, ne peuvent en aucun cas
supporter la concurrence. Les prix
mondiaux sont fixés sur la base des
surplus artificiels de production – la
pénurie alimentaire étant une réalité
pour des millions d’humains – qui correspondent
à 10% de la production
mondiale.


Ainsi, une minorité dicte une politique
de prix à toutes les agricultures du
monde. Les marchés ne sont plus en
main des producteurs et certaines
multinationales de l’agrobusiness tentent
de s’approprier l’ensemble de la
filière agricole. Le prochain round de
négociations de l’OMC prévoit
d’ouvrir encore plus largement les
marchés agricoles et de renforcer les
échanges internationaux inégaux. Plusieurs
centaines de milliers de paysans
de par le monde ont déjà payé le prix
fort de cette politique ultralibérale et
ont été obligés de quitter leurs terres.
Dans notre pays, on prévoit que dans
les 10 prochaines années, un tiers des
exploitations agricoles disparaîtront.


Quelles en sont
les conséquences?



  • Dans les pays du Nord, les producteurs, soumis à une logique de marché et à une concurrence exacerbée, n’ont que le choix entre s’agrandir ou disparaître. En effet, les conditions de vie des familles paysannes se dégradent au point que de nombreux paysans abandonnent. Les exploitations sont alors reprises par ceux qui survivent. L’agrandissement des exploitations provoque souvent une surcharge de travail alors que les produits, subissant un dumping mondial sur les prix, sont toujours plus mal payés. Le travail de l’agriculteur, de sa famille, mais aussi de ses employés est donc de moins en moins valorisé.

  • Corollaire de cette politique du «tout au marché», les conditions de travail des ouvriers agricoles ne s’améliorent pas. Elles sont aujourd’hui de plus en plus décalées en rapport aux autres secteurs de notre économie. Les revendications justifiées des employés peuvent difficilement «trouver grâce» dans un secteur agricole de plus en plus sinistré.

  • Les consommateurs doutent de plus en plus du contenu de leur assiette. Les crises alimentaires (vache folle, poulets à la dioxine, OGM…) ont ébranlé tant les consommateurs que les producteurs.

  • Les pays du Sud, de leur côté, voient leur agriculture s’effondrer sous l’importation de produits agricoles de base (maïs, céréales, riz etc.) bon marché, provenant d’une exportation subventionnée. De plus, les cultures d’exportations sont encouragées dans ces pays (haricots, fraises etc.) au détriment d’une agriculture vivrière et ceci pour apporter des devises au pays et pour satisfaire les besoins du consommateur européen.

  • L’exode rural est trop souvent la seule issue aux paysans qui affluent vers les villes tout en augmentant les problèmes urbains déjà liés à la pauvreté et au sous-développement.


Au Nord comme au Sud, certains
produits agricoles sont acheminés sur
de longues distances, profitant du faible
coût des transports et contribuant
ainsi à la dégradation de l’environnement.


Que demandons-nous
à Migros et Coop?


Nous demandons que Migros et
Coop, qui dominent majoritairement
le marché alimentaire en Suisse,
prennent position dans le cadre de débats
publiques sur les questions suivantes:



  • Tenez-vous compte des conditions sociales de production concernant les salaires, la durée de travail hebdomadaire, les conditions d’hygiène et de sécurité au travail des ouvriers agricoles?

  • Vous avez mis plusieurs années avant de reconnaître que la rémunération de votre personnel ne correspondait plus aux exigences sociales. Seriez-vous prêts à soutenir la création d’un label social dans l’agriculture et à mettre en avant, dans vos rayons,les produits l’ayant obtenu?

  • Les prix à la production ont massivement baissé ces dernières années. Comment expliquez-vous que la baisse des prix à l’étal n’aient pas suivi au même rythme?

  • Tenez-vous compte du coût environnemental des produits transportés par avion ou par camion à travers l’Europe?

  • Avez-vous une politique d’achat de proximité pour les produits agricoles?

  • Etes-vous prêts à indiquer plus clairement la provenance des produits et d’éviter les confusions régulièrement constatées (du type provenance: Suisse/Etranger)


Pour l’organisation:

Syndicat Interprofessionnel des Travail
leuses et Travailleurs SIT, UNITERRE,
Syndicat Industrie et Bâtiment SIB,
Commission Internationale UNITERRE,
Déclaration de Berne DB, Jardins de
Cocagne.