Elections cantonales 5 avril 2009 : POP et solidaritéS présentent des listes communes

Elections cantonales 5 avril 2009 : POP et solidaritéS présentent des listes communes



Le 5 avril prochain, les
autorités cantonales seront réélues. Avec la
généralisation du vote par correspondance, c’est
dès la mi-mars que les électrices et électeurs
rempliront leur bulletin de vote. Elections très
attendues : après une législature très
mouvementée, avec une nouvelle majorité aux commandes
— un Conseil d’Etat formé de 2 socialistes, 1 Vert,
2 Libéraux-Radicaux et un Grand Conseil avec 41 socialistes, 10
Verts, 6 POP, 1 solidaritéS, 40 Libéraux-Radicaux et 17
UDC — la gauche va-t-elle rester majoritaire ?

Cette législature a été celle de la colère
et des déceptions : colère face aux diminutions
des prestations sociales pour les plus défavorisés,
colère face aux fermetures de services hospitaliers,
déception face à la politique d’un Conseil
d’Etat de « gauche » qui pratiquait une
politique de droite. Comment cela se traduira-t-il dans les urnes le 5
avril ?

    L’UDC roule les mécaniques, annonce son
intention de tout bouffer et de ramener l’ordre dans la
République avec dans son viseur l’écologiste
Fernand Cuche. Les droites radicales et nationaliste seront
apparentées, mais leur manque de leaders populaires est flagrant
(leurs conseillers nationaux ou aux Etats ne se lancent pas dans
l’élection). Le parti socialiste paiera-t-il son soutien
sans faille à la politique néolibérale du Conseil
d’Etat ? Il y a quatre ans, les Verts avaient
été portés par la popularité de Fernand
Cuche ; après 4 ans d’usure du pouvoir, qu’en
sera-t-il ?

Entretien avec Marianne Ebel, députée solidaritéS et candidate :

Durant cette législature, solidaritéS s’est
opposé à toutes les mesures de restructuration et de
diminution de prestations. La double majorité de gauche
aurait-elle pu, à ton avis, mener une autre politique ?

    Non seulement le PS aurait pu, mais il aurait
dû mener une autre politique ! Le renversement de la
droite, après 150 ans de majorité continue, était
porteur de beaucoup d’espoirs. « Pour un canton
social et solidaire » : la campagne du PS avait
été claire. Le choc du premier budget, voté six
mois après les élections, a été profond.
Les mesures antisociales, notamment la baisse des subsides de
l’assurance-maladie, étaient de toute évidence
contraires aux engagements pris quelques mois auparavant. Le programme
de législature, rédigé à la hâte par
le Conseil d’Etat, avec au cœur du projet la diminution de
10 % de la masse salariale des employés de l’Etat,
les privatisations-autonomisations de services, la baisse des subsides
aux hôpitaux ne ressemblait en rien au programme
électoral ! Au cours de cette législature, ce
n’est qu’occasionnellement qu’un vote commun,
PS-PopVertsSol, nous a permis de faire passer une mesure sociale contre
la volonté de la droite. Au lieu de développer la
formation, la santé, les transports, c’est le
rétablissement des finances cantonales et le respect du frein
à l’endettement qui ont été la
priorité du Conseil d’Etat et du Parti socialiste.

En juin 2005, 85 % des Neuchâtelois·e·s
ont souscrit à l’idée d’inscrire le principe
d’un frein à l’endettement et aux recettes dans la
Constitution neuchâteloise. Le Conseil d’Etat et le PS
justifient leur politique au nom de ce vote populaire massif. A ton
avis, n’est-ce pas un vote contraignant ?

    Au moment de la votation, le PS a
présenté cet outil comme indispensable pour
rétablir l’équilibre des finances cantonales.
C’est un projet de l’ancienne majorité qui, sentant
son échec arriver, a proposé un article exigeant une
majorité de trois cinquièmes du Parlement pour toute
nouvelle dépense ou toute nouvelle recette de plus de 5
millions, ce qui lui permettait de bloquer toute velléité
de redistribution sociale conséquente en faveur des plus
défavorisés. Notre opposition n’a jamais
été fortement médiatisée, si bien
qu’une grande partie des électrices et électeurs,
mal informés des conséquences sociales et
démocratiques d’un tel vote, n’ont compris que bien
trop tard qu’il aurait mieux valu voter NON.

Mais l’équilibre financier du canton, n’est-ce pas pour solidaritéS une préoccupation ?

    Bien sûr que oui, c’est un
problème pour tout le monde. Mais la question est de savoir si
on le résout en augmentant la participation des plus
fortunés ou en réduisant les prestations aux plus
défavorisés. SolidaritéS a avancé plusieurs
propositions pour une plus grande justice fiscale. Le PS les a toutes
refusées et le Conseil d’Etat, qui prétend
s’intéresser à de nouvelles idées en
matière fiscale, fait traîner dans ses tiroirs une
initiative déposée en 2006 déjà, et qui
émane d’un front, regroupant l’Union syndicale,
Attac, le POP, les Verts et solidaritéS pour un impôt
extraordinaire, progressif et limité dans le temps, sur les
fortunes d’un million et plus. L’impôt sur les
bénéfices des entreprises a continué
d’être pratiqué dans l’opacité. La loi
prévoit un impôt de 6 à 10 %, alors que
l’imposition réelle globale est de moins de 2 %. Si
cet impôt sur les bénéfices des entreprises
était appliqué réellement,
l’équilibre des finances serait résolu : le
canton n’aurait plus de dettes !
 

En présentant des listes POP-SolidaritéS quel est votre objectif dans ces élections ?

    solidaritéS a décidé de
présenter des listes communes avec le POP, au Conseil
d’Etat et au Grand Conseil dans les districts de Boudry,
Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Ces listes reflètent une
opposition commune à la politique du PS et du Conseil
d’Etat, pas seulement dans le cadre du groupe parlementaire
PopVertsSol, mais aussi lors des manifestations de protestation que
nous avons contribué à organiser. Tout en menant chacun
notre campagne propre, nous aurons des listes communes,
dénommées POP-solidaritéS. Nous voulons ainsi
rendre visible – et crédible – qu’il reste
dans ce canton une gauche déterminée à continuer
à se battre pour une politique sociale, féministe et
écologique. Notre objectif est de renforcer ce courant politique.