Débat sur l’islamophobie : une Première !

Débat sur l’islamophobie : une Première !

Jeudi 26 novembre, solidarités
Genève avait organisé un débat public sur la
façon de poursuivre la lutte contre l’islamophobie
au-delà du non à l’initiative antiminarets. La
soirée avait reçu le soutien d’Acor SOS Racisme, de
la Fondation de l’Entre-Connaissance, de l’Association
Droits pour tous et de la paroisse protestante de Saint-Gervais.

En introduction, j’ai relevé que la gauche anticapitaliste
se retrouvait souvent aux côtés de militants
musulman·e·s dans la lutte – contre la guerre
néocoloniale, pour les droits du peuple palestinien, contre les
conséquences des politiques néolibérales…
– et défendu la nécessité de débattre
ensemble des causes sociales, idéologiques, du racisme et de
l’islamophobie pour mieux les combattre.

    Karl Grünberg est revenu sur l’initiative
antiminarets, ses visées racistes et ses liens avec le
réseau fascisant européen « Cities Against
Islamisation ». Il a montré que le non de la
plupart des forces politiques défend la liberté
religieuse et la bonne image de la Suisse dans le monde. Elles refusent
pourtant de combattre l’islamophobie, rejetant la mise en cause
de la politique fédérale des étrangers et ses
fondements racistes.

    De son côté, Tariq Ramadan, professeur
d’études islamiques à l’Université
d’Oxford, a insisté sur la nécessité de
considérer les musulmans de Suisse en citoyen·ne·s
comme les autres, disposant des mêmes droits et des mêmes
devoirs. Les questions de l’immigration et de la
sécurité sont en effet bien souvent de fausses
fenêtres à qui ne veut pas aborder de front les questions
sociales. Il a défendu la nécessité pour les
femmes, musulmanes et non musulmanes, de débattre ensemble et
d’engager des combats, indépendamment de leurs convictions
religieuses, qu’elles portent le voile ou non.

    Quant à Catherine Samary, membre du NPA en
France, mais aussi des collectifs « Féministes pour
l’égalité » et « Une
école pour tous », elle est revenue sur le sens de
la laïcité, qui vise à faire de l’Etat le
garant de la diversité religieuse et de convictions (y compris
athées) et non son éradicateur. Elle a insisté sur
la nécessité de combattre l’ostracisme à
l’égard des femmes voilées au sein de la gauche et
du mouvement des femmes pour aborder sans a priori des questions de
contenus et d’objectifs de lutte.

    Le public, très jeune, souvent
étudiant, en partie musulman, et aussi largement féminin
(avec ou sans foulard), s’était déplacé en
nombre (120 à 130 personnes), attentif, respectueux des
différents points de vue, mais exprimant aussi une large palette
d’opinions dans le débat.

Jean Batou