Chili: Victoire de la droite sur le social-libéralisme
Chili: Victoire de la droite sur le social-libéralisme
Le 17 janvier 2010, le candidat de droite le multimillionnaire
Sebastián Piñera, dit le « Berlusconi
chilien » a gagné le 2e tour de
lélection présidentielle contre le candidat de la
Concertation (alliance démocratie-chrétienne et
social-démocratie), lex-président Eduardo Frei
Ruiz-Tagle. « 3,5 millions délecteurs ont
voté pour Piñera, avec une différence de
150 000 suffrages pour Frei. Le total des votes nuls et blancs,
dabstentions et de non-inscrits sélève
à 40 % de tout le corps électoral »
(déclaration du Movimiento de los pueblos y los trabajadores,
coalition de gauche radicale)
« La victoire de Piñera signifie un
recul énorme (
). Avec Piñera au Palais de La
Moneda, la Constitution de 1980 (imposée par Pinochet) restera
en vigueur telle quelle ; le mouvement ouvrier continuera de subir le
Code du travail pinochetiste imposé en 1980 par le
ministre du Travail, José Piñera, frère du
président élu qui rend difficile le droit de
grève et empêche la négociation de conventions
collectives ; les 800 sbires de la dictature actuellement jugés
auront des garanties dimpunité ; le peuple Mapuche
continuera dêtre massacré en Araucanie [sud du
Chili, réd.]; le grand capital pourra continuer
daccumuler des richesses dans un des pays du monde où la
brèche entre classes sociales est la plus
accentuée » écrit Mario Amorós, sur
le site de Rebelion (www.rebelion.org).
Les gouvernements de la Concertation ont mené
durant 20 ans une politique économique
néo-libérale. Ils en paient maintenant le prix
électoral, même sil y a une situation
déquilibre au parlement entre les partisans de
Piñera et la Concertation. Aujourdhui, il manque une
solution de rechange de gauche conséquente à la droite et
au social-libéralisme, même si la récente
création du MPT peut en jeter les prémisses.
H.-P. Renk
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Honduras: après les élections, la répression continue
Dans un silence médiatique complice, la répression
continue au Honduras. Le 8 janvier, plus de 600 paysans ont
été expulsés des terres quils occupaient
dans la vallée de lAguan (département de
Colón) par larmée, la police et les hommes de main
de grands propriétaires fonciers.
Bertha Oliva, présidente du Comité des
familles de détenus et disparus, dénonce le retour
dune répression similaire à celle des
années 1980 : « Des éléments des
forces armées et du G-2 (services de renseignement militaire,
réd.) demandent aux maires de dénoncer les membres de la
Résistance. Les exécutions sont sélectives, mais
déguisées en crimes de droit commun ». Parmi
les victimes, 19 membres de la communauté LGTB (lesbiennes,
gays, trans- et bisexuels), dont Walter Trochez, militant du Front
national de résistance populaire, assassiné le 14
décembre 2009. Les médias indépendants
(« El Libertador », Radio Globo) ont
été également pris pour cible : Edwin
Renán Fajardo Argueta, éditeur des reportages du
journaliste César Silva (aujourdhui exilé,
après sa séquestration par des
« incontrôlés » fin
décembre 2009), fut assassiné fin décembre et son
meurtre déguisé en suicide.
Pour prémunir le président de facto
Roberto « Goriletti » contre toute poursuite
judiciaire, le Congrès la nommé en décembre
2009 député à vie (comme le défunt
général Pinochet, au Chili).
A loccasion de linvestiture de
Porfirio Lobo, le 27 janvier, le Front national de résistance
populaire appelle à deux manifestations de protestation à
Tegucigalpa et à San Pedro Sula.
H.-P. Renk
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Les nôtres: Hugo González Moscoso (1922-2010), révolutionnaire bolivien
Né le 22 avril 1922, décédé le 14 janvier
2010, Hugo González Moscoso fut durant 69 ans un militant du
Parti Ouvrier Révolutionnaire-Combate (IVe Internationale),
quil dirigea pendant plusieurs décennies. Il appartint
également durant plusieurs années à la direction
de la IVe Internationale/Secrétariat Unifié.
Etudiant en droit (dès 1946), puis avocat
à La Paz, il participa aux luttes contre les gouvernements de
loligarchie minière et latifundiste, préparant
avec dautres dirigeants du POR lalliance ouvrière
et étudiante qui conduisit à la révolution du 9
avril 1952. Mais le gouvernement tomba aux mains du Mouvement national
révolutionnaire (parti bourgeois populiste).
Après avoir participé à la
fondation de la Centrale ouvrière bolivienne, Hugo
González Moscoso fut à maintes reprises tant
durant les gouvernements du MNR que lors des dictatures militaires qui
lui succédèrent (de Barrientos à García
Meza) arrêté, torturé, exilé (dans
plusieurs pays dAmérique latine, en Belgique et en
Suède). En 1967, le POR-Combate appuya la guérilla de
« Che » Guevara ; en 1971, il participa
à la résistance armée contre le coup dEtat
de Hugo Banzer, qui renversa le gouvernement progressiste du
général Juan José Torrès, ainsi
quà la tentative ultérieure de constituer un front
de résistance armée contre la dictature.
Dans les années 2000, Hugo González et
le POR-Combate participèrent aux divers mouvements de lutte
contre les politiques néo-libérales (la
« guerre de leau » à
Cochambamba, la « guerre du gaz »), ainsi
quau processus politique qui déboucha sur
laccession dEvo Moralès à la
présidence de la Bolivie.
En conclusion, lhommage de Guillermo Almeyra
(rédacteur au journal mexicain La Jornada) : « Hugo
González Moscoso fut toute sa vie un militant
inébranlable, conséquent, honnête, qui tenta
toujours de convertir en action ses idées de jeunesse
anticapitalistes, antibureaucratique et libertaires ».
H.-P. Renk