« Histoire de la Suisse »

« Histoire de la Suisse »

Professeur d’histoire à l’Université de
Genève, François Walter a entrepris la rédaction
d’une « Histoire de la Suisse ». Deux
tomes ont déjà paru :
« L’invention d’une
Confédération (XV-XVIe siècles) », le
second « L’âge classique
(1600-1750) ». D’ici 2010-2011, sont prévus
trois autres tomes : « Le temps des
révolutions (1750-1830) », « La
création de la Suisse moderne (1830-1930) »,
« Certitudes et incertitudes du temps
présent ».
    Cet ouvrage se distancie des interprétations
traditionnelles : « Et ils sont tellement nombreux les
anachronismes de la mémoire collective ! Non, la Suisse
n’existe pas avant 1848 ! N’en déplaise
à beaucoup, l’indépendance de la
Confédération est très aléatoire avant
1803 ! La neutralité n’a pas été
choisie mais imposée par les puissances
européennes » (introduction du 1er tome).

    Traitant  la période allant de
l’Antiquité au XVIe siècle, le 1er tome
établit que les origines de la Confédération
(Guillaume Tell, le Pacte de 1291, le soulèvement des
Waldstätten contre les baillis) relèvent d’une
tradition mythique, synthétisée par le
« Chronicon Helveticum » d’Aegidius
Tschudi (1505-1572). En fait, au XIVe siècle, la
Confédération des 8 cantons est l’une des
nombreuses alliances – la Ligue de Souabe, la Ligue des villes
rhénanes, la Hanse – existant au sein du
« Saint Empire romain germanique ». Si avec
la fin de la guerre de Souabe (1499) ou les traités de
Westphalie (1648), les cantons suisses se voient reconnaître une
autonomie de facto par rapport au pouvoir impérial, ce
n’est qu’en 1803 que la Diète impériale de
Ratisbonne officialisera la rupture de la Suisse avec l’Empire.

    Le 2e tome aborde le XVIIe siècle et la
première moitié du XVIIIe siècle. Ainsi, par
comparaison avec l’Allemagne dévastée par la guerre
de Trente Ans (1618-1648), la Suisse jouit d’une image
valorisante : « Cette région
privilégiée de l’Europe où l’on mange
à sa faim, où l’on vit en sécurité,
où la pression fiscale est supportable et le pouvoir
étatique assez présent pour qu’on sache qu’il
existe mais assez lointain pour qu’on n’ait pas à
s’en plaindre ». Une image idyllique à
tempérer : en 1653, la « guerre des
paysans » – inspirée par les mythes de la
Suisse primitive – est la première vague des tensions et
des conflits que connaîtra la Suisse au XVIIIe siècle.

    Basé sur des sources et des recherches
fiables, l’ouvrage de François Walter permet de
connaître le passé de la Suisse (indispensable pour mieux
en comprendre le présent). Par ailleurs, sur des points plus
spécifiques, il est possible de se référer au
« Dictionnaire historique de la Suisse » (8
volumes parus) et à son site www.dhs.ch

Hans-Peter Renk


François Walter, « Histoire de la Suisse », Neuchâtel, Ed. Alphil, 2009 (2 volumes parus)