Marche mondiale des femmes: femmes, violences de guerre et armée

Marche mondiale des femmes: femmes, violences de guerre et armée

La troisième action
internationale de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) a commencé
le 8 mars et s’est terminée le 17 octobre à Bukavu,
en République démocratique du Congo (RDC), par une
manifestation de solidarité avec les femmes qui résistent
quotidiennement dans un contexte de conflit armé, où les
viols et violences sexuelles envers les femmes sont employés
comme arme de guerre.

Le comité international de la MMF a rédigé un
texte de réflexion sur l’aide que peut apporter le
mouvement féministe à ces résistantes congolaises.
Le rôle de l’armée et des troupes de l’ONU est
sujet à controverse. Voici quelques réflexions
tirées de ce texte.

« L’analyse qui suit, conçue pour animer nos
débats à Bukavu, est un regard extérieur et en
même temps, l’expression des apprentissages que nous, les
activistes de la MMF, avons eus en partageant des luttes et des
débats avec nos soeurs congolaises […]

Renforcer l’armée  ?

Nos sœurs du Congo considèrent que le retrait des forces
des Nations Unies ne peut être réalisé sans que,
d’autre part l’armée nationale congolaise soit
renforcée. Cette question est complexe : par rapport au
rôle des armées nationales, il y a différentes
perspectives parmi les participantes à la Marche Mondiale des
Femmes. Notre texte commun sur la paix et la démilitarisation
affirme que « l’institution militaire contribue, de
façons diverses, à former des jeunes hommes de
manière à ce qu’ils occupent la place de dominants
dans la société (selon la hiérarchie des rapports
sociaux de sexe) ». Nous avons considéré
l’armée comme l’une des organisations les plus
patriarcales dans toutes les sociétés, et l’une des
plus révélatrices des inégalités qui
caractérisent les rapports hommes-femmes : la
hiérarchie, la domination et le culte du pouvoir du
« chef », l’obéissance, la
violence physique, l’absence d’esprit critique, un cercle
fermé masculin, etc.

    Néanmoins, les groupes de femmes en RDC
analysent qu’il faut au Congo une armée nationale,
professionnalisée et disposant de ressources nécessaires
en vue d’assurer l’intégrité du territoire et
la souveraineté nationale.

    […] Le problème que nous posent nos
sœurs congolaises n’est pas uniquement une
particularité de la RDC. Les questions concernant la
création, le renforcement ou même les problèmes
impliqués dans l’hypothèse de dissolution
d’une armée nationale, sont liés avec les
thèmes des territoires et de la souveraineté. En
Haïti, par exemple, il y a des groupes de femmes qui affirment que
la dissolution de l’armée par le président Aristide
était une décision problématique. Dans
l’enjeu des intérêts économiques et
géopolitiques internationaux sur leur territoire, la
présence de troupes militaires étrangères
persiste, justifiée aux yeux de l’opinion publique
internationale aussi par l’absence d’une armée
nationale haïtienne. […]

    La réalité de la République
Démocratique du Congo est beaucoup plus complexe que ce
qu’il est possible de présenter dans un texte écrit
pour des femmes qui habitent ailleurs. Mais nous croyons qu’un
regard externe est aussi utile, car le patriarcat, le capitalisme et le
racisme sont encore des systèmes hégémoniques dans
le monde […]

    Les groupes de femmes de RDC et des ONG travaillent
fort pour soutenir les femmes victimes de violence et lutter contre
l’impunité. Elles ont des propositions pour leur pays,
comme le montrent les divers mouvements sociaux actifs au Congo. Nous
voulons que notre passage par Bukavu soit marqué par la
solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent pour
libérer chaque territoire et chaque personne de
l’oppression et de la violence afin d’assurer la justice et
la paix.

Pour lutter contre la militarisation, nous demandons :

  La réduction des dépenses militaires, c’est
à dire la réduction des budgets publics destinés
à l’achat d’armes, à l’installation de
bases militaires et au maintien des armées et leurs
infrastructures. La fin des incitations à la fabrication et au
commerce des armes.

  Le retrait des armées militaires étrangères
dans les pays dans lesquels les conflits sont terminés.

  La fin de la criminalisation des mouvements sociaux, de la
pauvreté et l’immigration, qui est fondée sur la
manipulation idéologique de la lutte contre le terrorisme en
faveur de la sécurité nationale et qui a pour but de
légitimer la guerre et la propre terreur comme un moyen de
contrôler les femmes, les peuples et les ressources naturelles.

  La punition des auteurs de violences envers les femmes dans les
situations de conflits (armées, forces paramilitaires,
guérillas, Casques bleus de l’ONU, ainsi que maris ou
parents).

  La participation des femmes dans les processus de
prévention et gestion des conflits ainsi que dans les processus
de maintien de la paix et de construction post-conflits. »



Texte adapté par Maryelle Budry-Cruse

Pour le lire le texte en intégralité, demander à : budry-cruse@bluewin.ch.