Partage et échange avec les Roms de Genève

Partage et échange avec les Roms de Genève



Enfin ! Il y a plusieurs
années que des mendiants roumains viennent à
Genève, il y a trois ans que la loi contre la mendicité
a été votée par le Grand Conseil et que les
policiers la pénalisent lourdement, trois ans que
l’association Mesemrom (« Je suis
Rom ») milite sur le terrain, mais c’était la
première fois qu’une rencontre et un échange
d’envergure avec les Roms étaient organisés par une
institution.

Sensibilisée par la Cotmec et Mesemrom, l’Eglise
catholique ouvrait en effet ses portes à une grande
réunion le 7 octobre à la paroisse du
Sacré-Cœur.

    Des catholiques de gauche, nombre de gens
engagés dans les luttes sociales, des jeunes, ainsi que la
presque totalité des Roms actuellement à Genève
(une centaine) ont répondu à l’invitation.
Apéritif, stand d’information et de livres, puis une
très intéressante présentation de la situation.
D’abord avec l’anthropologue Iulia Hasdeu,
maître-assistante en études genre et spécialiste
des communautés tsiganes et roms de Roumanie, puis par
l’avocate Dina Bazarbachi, présidente de Mesemrom, qui
lutte avec une énergie hors du commun contre les discriminations
dont sont victimes les Roms de Genève. Elle détaille les
harcèlements policiers (une jeune femme amendée pour
20 000 francs en six semaines de séjour !) et les
absurdités politiques (prétendre protéger les
enfants alors que les parents sont persécutés par la
police). Elle estime que la seule issue est de collaborer avec les
autorités roumaines pour les aider à donner de meilleures
conditions de vie aux communautés roms. C’est pour
survivre à l’effroyable pauvreté, à
l’impossibilité de trouver un travail même dans leur
pays que des Roms sédentarisés viennent mendier à
Genève.

    Laurent Moutinot a rappelé qu’il
était contre cette loi, mais qu’elle lui avait
été imposée par le Grand Conseil, dont il
était l’exécutant. Il s’est
étonné du « silence » des
Eglises et autres institutions humanitaires quand la loi a
été votée en novembre 2007. Il craint beaucoup la
progression de la répression, comme actuellement en France, ce
qui signifie un retour aux années d’avant-guerre !

    M. Balou, de la Ligue des Droits humains en
Haute-Savoie, lutte sur le terrain. Sans l’aide des associations
humanitaires, les Roms de France voisine mourraient dans la rue. Les
militants recensent les immeubles vides pour y loger des familles,
recueillent habits, meubles, couvertures, nourriture pour permettre la
simple survie. La collaboration entre Genève et la Haute-Savoie
doit être plus active autour de la même communauté
qui traverse quotidiennement la frontière.

    Enfin, après plus d’une heure de
discours sur les Roms, ceux-ci ont demandé et obtenu la
parole ! Traduites par Iulia Hasdeu, plusieurs personnes ont
exprimé leur joie de cette rencontre. Un jeune homme a
raconté qu’il avait pu suivre une formation
d’informaticien, mais qu’il lui était impossible de
trouver un travail en Roumanie, du fait de son ethnie.

    Plusieurs centaines de personnes étaient
présentes pour entendre ce discours clair sur les
discriminations dont souffre cette communauté depuis plusieurs
siècles, partout en Europe.

    A notre échelle, nous pouvons et devons
entrer en contact avec les Roms, les aider à survivre et leur
proposer du travail, notamment pour animer des fêtes par la
musique et la nourriture tsiganes.


Maryelle Budry

Pour des informations supplémentaires : www.mesemrom.org