Contre le nucléaire: le réveil du mouvement

Contre le nucléaire: le réveil du mouvement

Réveil du mouvement antinucléaire, titrons-nous à
la UNE de ce numéro de solidaritéS. Ce réveil est
en effet à la fois un fait, un projet et une
nécessité. Un fait d’abord. Il convient en effet
aujourd’hui, à ce titre, d’évoquer cette
mobilisation antinucléaire remarquable qui a eu lieu pendant
cinq jours entre la France et l’Allemagne, pour dénoncer
l’impasse des déchets radioactifs que vomissent à
longueur d’année toutes les centrales atomiques.

    Vendredi 5 novembre, 11 conteneurs CASTOR
remportaient en Allemagne des déchets hautement radioactifs
ayabt été retraités à la Hague dans la
Manche. Ils sont arrivés, avec des jours de retard, mardi 9
novembre au centre de stockage de Gorleben en Basse-Saxe. Le passage de
ce «train d’enfer» a été marqué
par une mobilisation pacifique et massive des deux côtés
de la frontière.

    En France, de nombreux groupes et associations ont
manifesté à cette occasion leur refus du nucléaire
et de ses déchets dangereux. En Allemagne, la population a
massivement rappelé au gouvernement d’Angela Merkel que la
sortie du nucléaire restait d’actualité et que la
durée d’exploitation des centrales nucléaires ne
devait pas être prolongée.

    Le train atomique a été retardé
à de nombreuses reprises, par un blocage du
« Groupe d’Actions Non-Violentes
Antinucléaires » (GANVA) à Caen dans le
Calvados et par de nombreux blocages en Allemagne : des milliers
de manifestant·e·s pacifiques sur les voies et les
routes, des agriculteurs bloquant les ronds-points avec leurs
tracteurs, des camions empêchant le transport des conteneurs de
se poursuivre par la route… Jamais un transport de ce type
n’aura duré aussi longtemps !

    Et, même si ce transport a été
marqué par différentes violences policières, tant
en France qu’en Allemagne, il aura porté un coup
réel à l’industrie nucléaire grâce
à une mobilisation internationale  sans
précédent.

    En France, la répression étatique et
policière fait rage contre des militant·e·s du
GANVA. En première ligne : Félix,
Hélène, Aurélie, Christelle, Maxime, Damien et
Thomas. Il convient de leur rendre hommage. Tous ont bloqué
pendant trois heures et demi le convoi de déchets radioactifs
à Caen le 5 novembre dernier. Trois d’entre-eux/elles ont
été gravement blessés aux mains, l’un
d’eux a eu deux tendons sectionnés et a dû subir une
opération, les deux autres ont été
brûlées et subiront une greffe de peau. Ces activistes ont
en effet été détachés des rails bien trop
brutalement par une police, pressée de dégager la voie du
train. Leur procès se tiendra le 8 décembre au Tribunal
de Grande Instance (TGI) de Caen et sera l’occasion d’une
nouvelle mobilisation d’antinucléaires solidaires et de
démocrates qui ne supportent pas qu’on réponde
à l’action citoyenne non-violente par la brutalité
d’Etat.

    Mais le réveil antinucléaire est un
fait en Suisse également. Rappelons à ce titre la marche
de Pentecôte au printemps dernier qui a vu près de 5000
antinucléaires, toutes générations confondues,
manifester aux environs de la centrale de Gösgen pour
s’opposer à la construction de tout nouveau
réacteur atomique en Suisse, ceci à l’appel de plus
de 83 organisations…

    Au chapitre projet de ce
« réveil », il convient donc –
dès maintenant – de travailler à mobiliser pour que
l’an prochain ait lieu une marche de Pentecôte qui soit
encore plus massive… nous étions 5000 en 2010, visons le
double ! Etape obligée avant ce rendez-vous
l’anniversaire de Tchernobyl fin avril, qui devrait aussi
être marqué de mobilisations antinucléaires en
Suisse, partout où ce sera possible.

    L’avis rendu cette semaine par
l’inspection fédérale de la sécurité
nucléaire (IFSN), qui préavise favorablement tous les
sites proposés pour les trois nouvelles centrales atomiques
projetées en Suisse par le lobby du plutonium, à
Mühleberg, Gösgen et Beznau, est venu rappeler à
chacun-e cette nécessité de remonter au front.
    En effet, les étapes de la bataille autour de
la « renaissance » ou non du nucléaire
en Suisse se précipitent. On verra se succéder sous peu
les premières votations populaires
« consultatives » sur ces nouveaux projets,
notamment dans le Canton de Vaud – qui a déjà dit
NON massivement à la prolongation d’exploitation de
Mühleberg – et dans celui du Jura… Avec comme
horizon, la victoire du nécessaire du NON en 2013 lors du
référendum fédéral qui permettra à
tous les électeurs·trices du pays de s’exprimer.
D’ici là, l’argent de nos adversaires va couler
à flot pour défendre ces projets, et –
au-delà – pour défendre l’option de
société que représente le
nucléaire : productiviste, anti-démocratique,
anti-­écologique, centralisatrice, policière…
A défaut de millions, c’est notre énergie
(renouvelable) humaine et militante qu’il faut qu’on mette
en jeu.

Pierre Vanek