Une ressource fragile, quelquefois mortelle
Une ressource fragile, quelquefois mortelle
Dans les pays occidentaux, la disposition dune eau potable semble aller de soi. Cela na pourtant rien dune sinécure, car si leau potable ne représente que 10% de toute leau douce utilisée dans le monde, elle représente environ 80% des coûts de gestion de la ressource. Opération complexe, lapprovisionnement en eau salubre demande un effort technique et économique soutenu. On a ainsi pu dire quil y avait autant de technologie dans un litre deau potable que dans un téléphone mobile. De cet effort dépend en grande partie la qualité de leau fournie. A tel point que lOrganisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que le nombre de robinets deau pour 10000 personnes est un meilleur indice sanitaire que le nombre de lits dhôpital.
Un tiers des décès dans le monde
A défaut deau potable, la santé humaine est rapidement mise en péril. Dans les pays dits en voie de développement, leau contaminée entraîne un tiers des décès dans le monde. Leau souillée est aussi lagent de transmission principal de 80 pour cent des maladies. Parmi elles, la diarrhée, responsable de près de la moitié des décès denfants âgés de moins de cinq ans. Dans un assourdissant silence médiatique, leau polluée tue 5500 enfants par jour dans le monde. Lexistence deaux stagnantes fortement souillées à proximité des habitations est lune des causes principales de cette situation, qui voit 57% de la population mondiale ne disposer ni de latrines, ni de fosses septiques, ni dégouts. Autre facteur de mise en danger des populations par la dégradation de leau: la délocalisation dans les pays du Sud des activités polluantes (Brésil) ou le choix dun développement industriel forcené, comme en Chine, pays ou la bureaucratie protocapitaliste est en train daccumuler un fantastique déficit écologique: le réseau fluvial chinois est gravement pollué, recueillant 80% des déchets industriels sans traitement préalable. 40% des rivières ne correspondent pas aux normes minimales de lOMS. Les 13 millions dhabitants de Shangaï boivent ainsi une eau polluée par des effluents tels que huiles usées, ammoniaque et autres rejets de lindustrie chimique.
A la fin des années 80, les eaux du Kelang en Malaisie, connaissaient une telle concentration en mercure que lon avait proposé de les mettre en bouteille…pour sen servir comme pesticide!
En Inde, Bophal à non seulement été ravagée par la catastrophe de lusine chimique de lUnion Carbide en 1984, dont les effets se poursuivent encore aujourdhui; la région abrite aussi une entreprise important de la cendre de zinc et qui rejette ses déchets dans leau de la Betwa. Gravement polluée par du zinc et du cadmium, cette eau est bue par les deux cent mille personnes vivant en aval du site. Or le sous-continent indien joue massivement la carte du retraitement des déchets toxiques, le plus souvent hors de tout contrôle. Les épisodes de ce genre ne pourront donc que se répéter.
ds