Une majorité pour des avantages fiscaux aux multinationales
Une majorité pour des avantages fiscaux aux multinationales
Taux de participation :
28 %. Acceptation des baisses dimpôts pour les
multinationales 77 %. La campagne massive des autorités,
de la Chambre du commerce et du Parti socialiste allié au PLR et
à lUDC a porté ses fruits.
En effet, le gouvernement et les médias nont cessé
de présenter la loi comme la fin des exonérations
fiscales généreusement accordées depuis 30 ans,
alors que rien nest plus faux, puisque la loi continue
dautoriser le Conseil dEtat à accorder des
exonérations fiscales, totales ou partielles, et quil le
fera. Comme jusquà présent. A la tête du
client.
Le désintérêt populaire pour
cette votation a été patent; il nexprime pas
seulement la difficulté de se forger une opinion face au
matraquage médiatique, mais il est aussi signe des doutes
profonds sur la capacité de la démocratie parlementaire
à répondre aux défis que pose la mondialisation
capitaliste.
solidaritéS a joué un rôle
essentiel dans laboutissement du référendum contre
la révision de la fiscalité des entreprises; nous ne
pouvions pas laisser passer un tel cadeau aux actionnaires sans
manifester publiquement notre opposition. Les entreprises ne sont pas
une abstraction, elles ont des propriétaires, et quand on sait
que 90% des impôts sur les personnes morales sont payés
par quelques 200 entreprises -pour lessentiel des
sociétés par actions-, ce sont bien les actionnaires qui
se frottent les mains sur le dos des plus démunis, mais aussi
des classes dites moyennes.
Les autres cantons suivront
Pour le reste de la Suisse, le vote des Neuchâtelois-es est un
signal très net vers une baisse dimpôt sur le
bénéfice des entreprises et sur les holdings, à
commencer par Genève et tous nos cantons voisins. Dans le monde
néolibéral globalisé, les sociétés
de placement veulent du rendement pour leurs actionnaires. Ainsi, le
rôle de lEtat se réduit de plus en plus à
attirer les entreprises sur son territoire en baissant leurs
impôts sur les bénéfices pour leur offrir des
conditions cadres dites favorables. Dans cette catégorie,
lIrlande est championne; aujourdhui Neuchâtel
rejoint cette tête de peloton. Bonjour la crise économique
et les dégâts pour la population!
Promotion de lindividualisme
Une chose est sûre: le résultat de la votation
neuchâteloise va donner des ailes aux politiciens de tendances
libérales, quils soient radicaux, libéraux, UDC,
ou quils se disent socialistes. A court terme des
sociétés holdings et des sociétés de
capitaux sinstalleront peut-être dans le canton ou y
feront surgir leurs bénéfices, le temps que
dautres cantons prennent le relais avec des impôts encore
plus bas.
Le culte de largent, ladoration des riches sont
aujourdhui les valeurs dominantes, mais le
néolibéralisme na pas seulement pour effet
denrichir les plus riches, il a aussi une dimension politique
plus large. Le mouvement ouvrier a été porteur
dune culture de solidarité, de justice sociale,
dégalité. Le monde du travail neuchâtelois
en a été largement imprégné, mais si
aujourdhui lavenir des travailleurs-euses dépend,
pour les bobos du PS, de la capacité dattirer des
entreprises en promouvant la flexibilité pour le travail et la
baisse dimpôt pour le capital, cest toute une autre
vision du monde qui sinstalle, faite de concurrence,
dégoïsme, de rejet et dindividualisme.
Services publics dans le collimateur
Le consensus libéralo-socialiste forgé par le PS, les
radicaux-libéraux et lUDC triomphe dans les urnes, mais
dans la société, cest le désarroi. Le
programme de législature du Conseil dEtat prévoit
une réduction du budget de 150 millions. Ainsi donc
léducation, le social, la santé vont faire les
frais de ces cadeaux concédés à quelques 200
entreprises (sur un total de plus de 6400). Combien de temps
faudra-t-il encore avant quon entende dautres sons de
cloches et que la rue, aujourdhui désorientée et
déserte, ne se réveille ?
Henri Vuilliomenet
Crèches : le maintien de listes dattente pour la garde des enfants est garanti
En présentant le contre-projet du Grand Conseil comme seul
réaliste, les partisans de cette solution à la baisse ont
réussi à enterrer linitiative populaire pour un
nombre approprié de structures daccueil de
qualité. Cette initiative, qui demandait que les besoins
effectifs des parents soient satisfaits, a été
rejetée dans les mêmes proportions que lacceptation
des baisses dimpôts sur le bénéfice des
entreprises et des holdings.
Cette initiative, qui au fond ne demandait rien
dautre que lapplication de la loi approuvée
en juin 2001 par 78 % des votant·e·s, a fait
lobjet dune campagne mensongère de la part du
Conseil dEtat et de tous ceux et celles qui ont refusé
jusquici dappliquer la loi de 2001 qui exigeait la
création (en 5 ans !) dun nombre suffisant de
crèches pour répondre aux besoins. Le Conseil
dEtat fera-t-il aujourdhui ce quil a refusé
de faire hier ?
Une chose est sûre, la nouvelle loi,
aujourdhui acceptée par 73 % des votants suite
à cette campagne de dénigrement, permettra une diminution
de la qualité daccueil (encadrement éducatif et
surface moindres par enfant) et ne sera à coup sûr
pas à même de répondre aux besoins des parents. Les
listes dattente et le système D continueront
dêtre le lot de celles et ceux qui cherchent à
concilier travail professionnel et éducation.
ME