022 télégenève piloté de Denver? Never!

 022-Télégenève est la société qui fournit la TV par câble, sous sa marque de « Naxoo », à environ 150 000 abonné·e·s genevois, dont plus de la moitié en Ville de Genève. Cette municipalité détient 51 % des actions, l’actionnaire minoritaire étant « UPC-Cablecom » contrôlée par le groupe « Liberty Global » basé à Denver.

 

Suite à la signature par l’Exécutif de la Ville d’une convention d’actionnaires avec Cablecom en 2006, sous la houlette de Manuel Tornare – contrat dont la teneur n’avait pas été communiquée au Conseil municipal – Télégenève est bloquée dans son développement par Cablecom.

     En position de force, ne respectant pas nombre d’engagements pris en 2006, Cablecom a semble-t-il entrepris d’étrangler Télégenève par des procédés discutables… pour que cette société lui tombe dans l’escarcelle. En n’entrant par ailleurs pas en matière sur une vente de ses parts de Télégenève aux SIG, acteur public qui œuvre également à Genève (avec Swisscom) dans le domaine des réseaux publics d’information.

 

Le CA cède à un chantage 

Le Conseil administratif – sans notre camarade Rémy Pagani qui a dit publiquement son désaccord – a malheureusement entrepris de régler le problème en cédant au chantage et en vendant les actions de Télégenève au plus offrant, soit – nul n’en doute – à Cablecom ! Avec des conséquences négatives faciles à imaginer sur l’emploi et les prix/prestations au public.

     L’artisan principal de cette capitulation face à une multinationale US est l’ex-conseiller administratif Pierre Maudet, qui s’est illustré dans ce dossier notamment par son refus de communiquer aux élu·e·s municipaux une « étude stratégique » que Le Courrier s’est procurée et a présentée dans son édition du 4 juin.

     Réalisée pour le CA, cette étude évoque d’autres pistes que la vente… mais les élu·e·s municipaux n’ont pas le droit d’y avoir accès et une plainte pénale a même été déposée suite à la « fuite » qui a permis aux lecteurs-trices du Courrier d’en savoir plus que ne l’aurait voulu Maudet. Celui-ci s’est illustré aussi en commettant un exposé des motifs en faveur de la vente de Télégenève dans lequel l’unique argument pour brader la société est le suivant :

     « Les objectifs de politique publique des fondateurs de 022TGE ont été largement atteints, apportant la télévision, par câble, aux foyers genevois […] la Ville de Genève peut donc sereinement considérer qu’elle a rempli sa mission et laisser la place à des sociétés mieux outillées… »

 

Au tour des SIG après le 14 octobre ?

Rigoureusement sur le même modèle, on pourrait affirmer que puisque les foyers genevois bénéficient d’un raccordement adéquat en matière d’eau, de gaz et d’électricité… les « objectifs de politique publique » en la matière ont été « largement atteints » et donc qu’on peut vendre SIG au privé.

Scénario inimaginable ? Pas vraiment… Rappelons que sous le gouvernement monocolore de droite au siècle dernier, le cabinet d’avocats Halpérin et consorts avait préparé un projet de loi de privatisation des SIG, qui avait circulé, mais que le magistrat PDC Philippe Joye n’avait pas eu le cran de déposer, suite notamment au refus populaire de la privatisation du Service des autos (SAN)…

     Signalons aussi – à l’appui d’un tel scénario – qu’avec le nouveau projet de constitution, les SIG perdent tout ancrage constitutionnel et que le nouveau texte dispose simplement que le monopole d’approvisionnement et de distribution d’eau, de gaz et d’électricité « peut être délégué à une institution de droit public » (art. 168).

     Vous avez bien lu, il s’agit d’une possibilité non contraignante. Ce monopole « pourrait » donc aussi bien être délégué à une multinationale de droit privé ou à une quelconque institution de droit public, par ex. une SA de droit public, dans laquelle le privé détiendrait une part, voire la majorité, des actions ! Ceci alors que la constitution actuelle spécifie clairement la nature publique des SIG et liste ses propriétaires que sont le Canton, la Ville et les communes. Une raison de plus de dire NON le 14 octobre.

     Quoi qu’il en soit, pour en revenir à la vente de Naxoo, Pierre Maudet n’aura pas le loisir de mener à terme ce projet discutable. Lâchant dans l’urgence ses dossiers municipaux pour endosser le costume de Conseiller d’Etat…, ceux-ci devraient en principe être repris par un certain… Rémy Pagani ! Affaire à suivre donc…

 

Pierre Vanek