Jour du dépassement

 Nous reproduisons ci-dessous l’appel lancé par un collectif d’individus face à l’urgence climatique. Signez l’appel sur www.jourdudepassement.ch

 

Depuis un quart de siècle environ, l’humanité dans son ensemble exige de la planète plus qu’elle ne peut offrir, et la pollue plus qu’elle ne peut se régénérer. Chaque année, le système productiviste – malgré les différentes étiquettes vertes ou soutenables dont il s’affuble – dévore plus de ressources et déverse plus de pollution.

 

     Actuellement, nous consommons en un peu moins de 8 mois les ressources que notre planète met une année à générer. Dit autrement, durant les quatre derniers mois de l’année environ, l’humanité vivra à crédit écologique, aux dépens de la planète et des générations futures.

     Si nous prenons au sérieux les valeurs de justice et d’égalité et souhaitons voir la survie de l’humanité et d’une planète préservée, nous ne pouvons échapper à des changements radicaux et rapides de nos modes de penser, de produire, d’échanger et de vivre.

     L’accaparement effréné des ressources naturelles qui génère ce dépassement est principalement le fait des 20 % les plus riches, surtout dans les sociétés dites « développées ». En effet, ceux-ci s’arrogent actuellement plus de 80 % des ressources de la planète et générent la même proportion de pollution. Il faudrait déjà plus de trois planètes pour que chaque terrien·ne puisse vivre comme un occidental moyen.

     La Suisse occupe une place centrale dans ce triste bilan. Elle est une plaque tournante du commerce des matières premières, fortement producteur de CO2 et de pollution. Sa politique fiscale attire de plus en plus sur son sol les sièges de multinationales – en plus des géants d’origine indigène – dont les produits formatent nos modes de vie gaspilleurs. Son système bancaire gère les fortunes du monde entier, dont les détenteurs-trices, de par leur position, accaparent les profits générés par l’exploitation des humains et des ressources naturelles de la planète.

     Nous, sociétés et habitant·e·s des pays dominants, portons une importante part de responsabilité, au travers de nos modes de vie consuméristes et par notre (in)capacité à nous mobiliser collectivement et à agir politiquement pour refuser la folie des systèmes productivistes destructeurs, à dénoncer l’illusion des solutions technologiques et nos difficultés à favoriser le partage, la solidarité et l’émancipation de l’humanité toute entière.

     Nous appelons ainsi toute personne, association ou organisation se reconnaissant dans cet appel à le signer et à le faire connaître. Nous invitons chacune et chacun, d’ici à cette date symbolique du 22 août, jour noir du dépassement, à se rencontrer régulièrement afin de réfléchir ensemble à ce problème, à organiser des actions collectives et à imaginer des solutions répondant à l’urgence et à la gravité du défi. Nous proposons de faire de cette journée un moment fort, marqué par de multiples actions et évènements, afin que les profonds changements nécessaires puissent débuter et que nous puissions basculer vers un monde véritablement durable, juste et solidaire.