vente: accord entre Unia et employeurs

 

Une convention collective qui couvre l’ensemble des commerces de vente du canton de Neuchâtel a été signée. Elle règle les conditions de travail en échange de l’élargissement des heures d’ouverture des commerces. Après de longues tractations, une loi avait été adoptée en 2009 qui prévoyait déjà l’ouverture des commerces jusqu’à 19h en semaine et 18h le samedi. Cette loi prévoyait également l’interdiction de la vente d’alcool dans les shops après 20h, ce qui avait provoqué l’ire de ces derniers qui avaient fait aboutir un référendum. SolidaritéS s’était retrouvé bien seul à gauche pour combattre cette loi. Les sociétés de commerçants étaient alors sûres de leur coup et ne cachaient pas leur ambition. Séverine Gutmann, responsable à l’époque de la fédération neuchâteloise du commerce indépendant, le rappelait dans une interview à la veille du vote : « N’oubliez pas la motion de la chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie qui demandait la fermeture à 22 h pour tous les soirs », interview qui se concluait par « si la loi est acceptée, nous nous contenterons d’abord de laisser les consommateurs s’habituer. Nous allons observer, adapter, tester. Faire petit à petit ». Ils durent déchanter car la loi fut refusée. Les patrons du commerce comprirent qu’ils avaient besoin de faire des concessions et d’avoir un accord syndical. D’où cette convention collective, longuement négociée, qui s’imposera pour l’ensemble du commerce neuchâtelois.

  

Contenu de la convention

– 42h de travail hebdomadaire

– horaire des employé·e·s  fixés 15 jours à l’avance, compte tenu de leurs demandes

– un samedi par mois de congé pour les plein temps (prorata pour les temps partiels)

– salaires minimums : sans formation 13 x 3200 francs pour les commerces de moins de 10 employés (équivalent plein temps) dans le canton, 13 x 3400 francs pour les plus grands, avec CFC, respectivement 13 x 3500 francs et 13 x 3700 francs.

Cette convention a fait l’objet de multiples assemblées du personnel de ce secteur, publiquement convoquées, mais comme il est très dispersé, peu organisé, c’est une minorité qui a soupesé les avantages et les inconvénients de cet accord pour finalement l’accepter tel quel.

Points faibles de cet accord

Deux problèmes sont posés avec cet accord : l’extension des heures d’ouverture des commerces et des salaires minimums nettement en-dessous de ceux pour lesquels nous nous battons. 13 fois 3200 francs, c’est un salaire minimum mensuel de 3500.- alors que nous sommes en pleine bataille pour établir une loi à 4000.- mensuels suite à l’acceptation en votation populaire cantonale du principe du salaire minimum. Ce n’est que pour les travailleurs et travailleuses qualifié·e·s des commerces de plus de 10 employés (dans le canton) que le salaire minimum correspondra au montant de 4000 francs.

 

Prochaine étape : force obligatoire

Unia considère avoir limité les dégâts et posé les bases d’une amélioration de la situation des vendeuses et vendeurs. Cette convention n’entrera en vigueur que si elle est déclarée de force obligatoire par le SECO (secrétariat à l’économie), c’est-à-dire qu’elle s’applique à l’ensemble des commerces, qu’ils l’aient signé ou non. Et là on peut s’attendre à des levées de bouclier et de fortes oppositions de commerces qui ne veulent appliquer ni les salaires minimums, ni les horaires et contraintes contenus dans la convention. La modification de la loi par le Grand Conseil sera par contre une formalité, lui qui avait déjà accepté en 2009 un élargissement de l’ouverture sans convention (8 oppositions à l’époque). Il n’y aura probablement pas de référendum, à moins qu’une coalition de commerçants mécontents s’y lance.

 

Qui contrôlera ?

La vraie question sera l’application de la convention dans les 1200 commerces du canton. Qui va la contrôler ? Un vaste champ de mobilisation syndicale s’ouvre pour s’assurer que seront respectés aussi bien les samedis de congés, les heures de travail, les plannings annoncés à l’avance ainsi que les salaires minimums négociés.

     Cette convention est un plancher qu’il faudra dépasser au plus vite, en particulier pour atteindre les 4000 francs de salaire minimum que nous voulons faire inscrire dans une loi cantonale concrétisant le principe constitutionnel adopté par une nette majorité en votation populaire.

Henri Vuilliomenet