Hôpital de la Providence

Hôpital de la Providence : Dernier round. Vraiment?

Pour la direction, les jeux sont faits. Depuis le printemps, elle avait fait le choix de vendre l’Hôpital (une fondation liée à l’Eglise catholique) au groupe Genolier, qui vient pour faire des bénéfices. 

 

Un premier débrayage avait eu lieu en septembre. Objet du conflit : la CCT 21 (convention collective de la santé subventionnée par le canton) que la Providence ne veut plus appliquer, car Genolier, le racheteur potentiel, n’en veut pas. Les syndicats (SSP et Syna) et la direction avaient convenu de recourir au Conseil d’Etat pour une procédure de conciliation. Après le refus irrévocable dudit Conseil concernant le financement de la Providence pour les prochaines années, les représentants du personnel avaient décidé de conduire trois journées de grève qui auraient dû se tenir jeudi 15, mardi 20 et jeudi 22 novembre. Et là, hop, l’Office de conciliation, qui dépend du Département de l’économie, sort de sa léthargie en volant au secours de l’employeur, annonçant que la conciliation court toujours et donc que les actions de lutte sont illégales. De quoi conforter la Providence qui avait menacé publiquement les grévistes de licenciement immédiat. Les syndicats ont dénoncé la manoeuvre, mais ont renoncé à la grève dans l’immédiat, pour ne pas faire courir de risques au personnel.

 

Et ils ont osé le vote

Le groupe Genolier, coté en bourse, a proposé à ses futurs employé·e·s de voter pour ou contre la reprise de la Providence. Un vote bien hypocrite, dont le choix est fixé par la direction : soit passer dans le giron de Genolier, avec dégradation des conditions de travail et licenciements, soit des vagues de licenciements et la suppression de services, avec de toute façon une péjoration des conditions de travail. Le personnel sait à quoi s’attendre puisqu’il a pu découvrir le fonctionnement (vanté par l’ex-conseiller fédéral Joseph Deiss) de la clinique Genolier de Fribourg au début de ce mois. Pour une clinique de taille similaire à la Providence, c’est 200 employé·e·s de moins qui y travaillent. Le choix du personnel, c’est la CCT Santé 21. Là, il n’y a pas besoin de vote. Les employés avaient jusqu’au samedi 17 novembre pour renvoyer leur bulletin de vote et le résultat devrait être connu en début de semaine suivante. 

 

Les syndicats annoncent la poursuite de la lutte 

«Malgré l’acharnement conjoint de l’employeur, du Conseil d’Etat et de l’office de conciliation à interdire aux salariés de se battre pour le maintien de la CCT Santé 21, malgré la parodie de vote organisée par un repreneur avide de gains sur le dos du personnel neuchâtelois de la santé, les syndicats, d’une part, dénoncent l’abus de droit qui est fait contre le personnel et, d’autre part, vont organiser la reprise de la lutte. Et ceci dès que seront levées les inadmissibles menaces de licenciements qui pèsent aujourd’hui sur les salariés et jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications légitimes, à savoir: le maintien de la CCT Santé 21, l’absence d’externalisations et l’absence de licenciements.» (extrait du tract du SSP et de Syna)

La lutte à la Providence est bienvenue, après des années de dégradations des conditions de travail dans les services publics neuchâtelois, sans qu’il n’y ait jamais eu de lutte de résistance significative. C’est un signal pour le Conseil d’Etat. C’est plus largement un signal pour le personnel de la santé en Suisse qui va se trouver confronté à des problèmes similaires. La modification du système de financement hospitalier de la Loi sur l’assurance-maladie, en mettant en concurrence les hôpitaux, vise en effet à réduire les coûts sur le dos du personnel et de la qualité des soins. C’est un terrain de lutte qui s’ouvre pour la défense des conditions de travail.

 

Camille Jean Pellaux