Appel à une mobilisation à lUni de Genève le 17 mars
Appel à une mobilisation à lUni de Genève le 17 mars
Nous, collectif «les Désaxés», avons décidé de réaffirmer cette année encore notre opposition au Forum «Interface». Compte tenu des interrogations et discussions nées de notre intervention lors de la précédente édition de ce forum, nous avons élaboré cette fois-ci une plate-forme (ci-dessous) qui expose et détaille les raisons de notre action. Nos revendications sinscrivent dans le contexte plus étendu des questions actuelles en matière déducation et de service public et nous appelons à une large mobilisation.
Comme lors des deux précédentes manifestations, nous dénonçons lappropriation, au nom de l«emploi», de lespace public et du discours social par les grandes entreprises privées. Celles-ci entravent les formes possibles dautonomie collective et individuelle. Nous refusons les termes mêmes dans lesquels «Interface» définit la question du travail. Les notions d«emploi» et de «débouchés» ne reflètent en rien les formes de travail que nous aspirons à construire et exercer. Elles contribuent au contraire à dévaloriser, précariser et disqualifier le travail, celui-ci ne pouvant dès lors plus être vu quen termes de réussite sociale, avec ses corollaires de compétitivité, hiérarchie, individualisme, etc.
A cela, nous opposons une conception des pratiques sociales basée sur lexercice de savoirs-faire qui nous insèrent dans une collectivité. Cette perspective nous permet de garder à lesprit que toute personne est porteuse de compétences à offrir à la société et quaucun discours manipulateur ne doit parvenir à nous placer dans une position de demande ou de dépendance envers les entreprises. Notre futur ne réside pas dans les prétendues offres qui nous sont faites, mais dans les projets et propositions que nous élaborons et défendons collectivement en nous garantissant les moyens de les réaliser, tant au niveau de lUniversité que de la société dans son ensemble.
En ce sens, notre action se base sur la défense et la ré-appropriation des «biens communs», qui constituent la garantie matérielle et historique dune réponse aux besoins sociaux. Parmi eux, les services publics, et plus particulièrement lenseignement, nous intéressent, nous membres de la communauté Universitaire, au premier chef. On peut adresser au système denseignement actuel des critiques fondées; mais nous devons y trouver des réponses collectives et refuser dabandonner les lieux denseignement et leur organisation aux intérêts du privé. Les privatisations ne feront quéloigner encore des individus les moyens de choisir pour eux-mêmes, délaborer des projets de vie et des projets de société.
Mais surtout, prendre la parole contre le forum Interface est une occasion de réinvestir lespace politique et social. Seule notre désaffection de cet espace symbolique permet à dautres de sy installer et de laccaparer. Loccupation physique du hall même de lUniversité par les entreprises leur confère une position de pouvoir et une légitimité escroquée qui leur permet dassener un modèle de société qui assure surtout le bien être de leurs directeurs ou actionnaires. Lexemple dInterface, à limage du World Economic Forum mais à une autre échelle, est particulièrement éclairant sur ce point. Lorsque cette légitimité est ébranlée par la contestation, ils commencent par déployer leur arsenal de philanthropie hypocrite: les emplois quils nous offrent, leurs ONG, leurs propositions de dialogue, etc. Quand cela ne suffit plus, comme cest désormais le cas, ils criminalisent pour mieux réprimer.
Cest donc le capitalisme, système de domination économique, idéologique et militaire qui sexerce sur toutes les activités humaines, que nous rejetons. Nous refusons de dialoguer avec ce pouvoir et ses représentants, qui nous privent des moyens de lélaboration collective et continue dun projet de société. Nous refusons leur discours, nous combattons leurs idées et nous vous invitons pour cela à:
ré-occuper, entre pain et fromage,
entre cornichons et Protectas,
lespace politique et social
qui est le nôtre,
par un pique-nique manifestif
dans le hall central
de Uni Mail Genève,
à midi, le lundi 17 mars,
journée douverture du forum Interface
Les Désaxés
Info / Forum: www.desaxes.org
Contact: info@desaxes.org
PLATEFORME DU 17 MARS
Nous revendiquons:
- LAffirmation du caractère public de lUniversité tant au niveau de lenseignement que de la recherche, condition nécessaire (quoique pas suffisante) dune certaine autonomie. Maintien des intérêts politiques du capital hors du cadre de lenseignement public: refus du sponsoring à tous les niveaux de lenseignement. Interdiction de la publicité à but lucratif dans tous les bâtiments publics. Prise en charge publique et/ou autogérée des services liés au système éducatif (cafétéria, nettoyage, sécurité, ) systématiquement privilégiée à la sous-traitance à des entreprises privées.
- Un Accès gratuit à lenseignement, mise dans le domaine public des résultats de la recherche, financement des activités universitaires par la collectivité.
- Un Accès de tou-te-s à lenseignement supérieur de manière réellement équitable indépendamment de lorigine (sociale ou géographique) et de la situation (familiale, financière, légale ou autres) des étudiant-e-s.
- Le Rejet des accords internationaux court-circuitant les processus démocratiques locaux: réaffirmation de la prééminence des droits populaires sur toute forme de négociation intergouvernementale opaque. Rejet de lAccord Général sur le Commerce des Services (AGCS) imposé par lOMC ainsi que de la Déclaration de Bologne qui ouvre la porte de la marchandisation de lenseignement et donc de la connaissance.
- LOrganisation réellement démocratique des lieux denseignement et de recherche: intégration de tous les acteurs, notamment des élèves/étudiant-e-s aux discussions et processus de décision. Participation accrue des étudiant-e-s aux discussions et décisions relatives aux plans détude, à la nomination des professeurs et à la vie universitaire.
- LAffirmation de la fonction émancipatrice de lenseignement à tous les niveaux: faciliter lacquisition dautonomie individuelle face à toutes formes didées reçues ou systèmes doppression tels que le patriarcat ou le totalitarisme quil soit de marché ou dEtat.