Un soutien toujours plus nécessaire à la lutte contre le pollueur Chevron/Texaco!

La condamnation de la compagnie pétrolière nord-américaine Chevron/Texaco, confirmée par la Cour nationale de justice de l’Equateur en novembre 2013 après une procédure lancée en 1993, a eu un retentissement international: le combat des 30000 indigènes et de leurs avocats a une valeur exemplaire dans la lutte contre les dégâts sociaux et environnementaux des multinationales. Les procédures de recours engagées par le pétrolier devant d’autres tribunaux nécessitent d’autant plus notre soutien internationaliste au combat des indigènes.

Après 20 années de procédures, l’avocat Pablo Fajardo Mendozza a emporté une manche décisive dans le procès contre le pétrolier américain : la compagnie Chevron/Texaco, après une première condamnation de la justice équatorienne à une amende à hauteur de 14 milliards d’euros, devra payer une amende réduite à 7 milliards aux plaignants regroupés dans le front de défense de l’Amazonie.

La compagnie américaine a porté depuis la procédure devant une cour de New York et devant la Cour d’arbitrage de La Haye, cherchant l’exonération en accusant la justice équatorienne de corruption ! Le président Correa a dénoncé le récent vol de courriers au gouvernement par l’entreprise pour étayer son recours en qualifiant cette affaire de «gravissime». Le risque d’une révision de cette condamnation par d’autres instances judiciaires est donc un danger réel et le soutien international est actuellement d’autant plus nécessaire.

Il faut rappeler l’ampleur des dégâts : Texaco a contaminé en Equateur entre 1964 et 1990 plus de 450 000 hectares de forêt vierge amazonienne, zone de biodiversité parmi les plus riches de la planète. Une exploitation intensive de pétrole avec des moyens désuets pour augmenter ses profits a permis à Texaco de verser plus de 650 000 barils de résidus dans les sols et de verser des quantités astronomiques d’eau toxique dans le réseau de lacs, de fleuves et de nappes phréatiques de toute une région, privant d’eau potable plus de 30 000 indigènes. Cette pollution d’une ampleur exceptionnelle (dix fois plus que la pollution des côtes galiciennes par l’Exxon Valdez ou égale à la pollution du golfe du Mexique par BP en 2010 !) a entrainé dans la région contaminée une hausse considérable de cancers (3 à 5 fois plus que la moyenne nationale), le déplacement forcé de milliers de paysans ne pouvant travailler sur des terres devenues incultivables, de nombreuses maladies diverses (peau, digestion, gynécologie, malformations) et la quasi-extinction de deux peuples ancestraux : les Tetetes et les Sansahuaris.

La première venue en Suisse de l’avocat Fajardo Mendozza est une occasion précieuse de manifester notre soutien à cette lutte des victimes du pétrolier américain pour leurs droits, lors des deux soirées organisées le 4 mars à Genève et le 5 mars à Lausanne par des collectifs de soutien.

 

Gilles Godinat