Vive la hausse... des coûts de la santé!

Vive la hausse… des coûts de la santé!

Depuis quinze ans, et à chaque fois qu’est abordée la question du système de santé, les médias ne cessent de
parler de la hausse des «coûts» de la santé. Vous l’aurez bien compris, on veut nous faire croire que les sommes consacrées à se soigner ou à se maintenir en bonne santé sont des «coûts», sous entendu des dépenses qui ne rapportent rien.


L’objectif de cette campagne permanente est bien sûr de tenter de remettre en cause les prestations de base fournies par la Lamal et d’agir sur le mode de financement et non pas de réduire les sommes consacrées à la santé qui sont très profitables d’un point de vue capitaliste. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que le marché de la santé est dans la ligne de mire de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS) en vue de sa libéralisation. Au niveau mondial, ce marché est estimé à 3500 milliards de dollars.


Les sommes consacrées à la santé en Suisse avoisinent les 42 milliards de francs et représentent environ 11% du Produit intérieur brut.


Du point de vue économique, parler de coûts est un non sens. La production de services et de biens destinés à la santé est, au même titre que n’importe quelle autre activité économique, une production de richesse. Il suffit de penser aux salaires versés, aux montant investis dans les équipements et dans la recherche. Depuis 1990, l’évolution du P.I.B. en Suisse est très faible. Sans la hausse des montants consacrés à la santé il est probable que le P.I.B. aurait été proche de la stagnation.


Du point de vue idéologique il est intéressant de constater qu’on ne parle jamais de «coûts» lorsqu’il s’agit d’autres activités économiques dont l’utilité humaine et sociale est loin d’être évidente. Pensons aux dépenses consacrées à la voiture pour ne pas parler de celles destinées à l’armement.


Le vocable de la «maîtrise des coûts de la santé» traverse toutes les forces politiques. Chacun y va de sa recette. Ainsi l’UDC, qui veut réduire le catalogue des prestations de la Lamal pour confier aux assurances privées complémentaires la prise en charge des autres traitements et mettre ainsi en place une médecine à deux vitesses. Ainsi le PS, qui dans son initiative prévoit des mesures de planification et de clause du besoin.


Et pourtant, quoi de plus normal que de dépenser de l’argent, et pourquoi pas beaucoup plus, pour être en bonne santé le plus longtemps possible, pour limiter la souffrance, pour accompagner décemment les personnes âgées en fin de vie? Le problème n’est pas celui des «coûts», mais bien celui du financement du système de santé. Chacune et chacun a droit à tous les traitements nécessaires, quelle que soit sa capacité économique. Par contre, chacune et chacun doit participer au financement en fonction de ses revenus.


Bernard CLERC