Une approche marxiste du travail domestique - Deuxième partie

Deuxième partie

L’exploitation du travail salarié est la principale source de valeur nouvelle et de profit capitaliste dans le monde contemporain, qui permet l’accumulation élargie (la croissance économique). Par ailleurs, le travail domestique non rétribué, accompli principalement par les femmes, est la principale manifestation matérielle de leur oppression dans nos sociétés patriarcales. Le lien entre ces deux types de travaux dépendants n’a pas toujours été analysé de façon satisfaisante par les marxistes. Dans ce dossier, dont nous publions ici la seconde partie (la première partie est parue dans le numéro précédent de solidaritéS), l’économiste espagnol José Albarracin tente d’en proposer une vision intégrée.

La loi de la valeur, en fonction de laquelle le capital se dirige d’une activité moins rentable vers une autre plus rentable, et qui par conséquent est le mécanisme au travers duquel le travail salarié de la société se répartit, ne régit pas directement le travail domestique. On ne peut pas non plus énoncer une loi qui, de manière analogue à la loi de la valeur, répartirait le travail domestique entre les femmes selon des critères d’efficacité sociale. Sa régulation fondamentale est faite par la famille comme institution de base du système patriarcal, et sa mission consiste en ce qu’une partie de la production nécessaire à la société se réalise en dehors des circuits du marché et retombe sur les femmes.

 

La force de travail, une marchandise

 

Le travail domestique n’est pas le seul à n’ajouter aucune valeur aux choses. Le travail salarié qui s’emploie dans les secteurs non productifs (santé, enseignement, commerce, hôtellerie, administration publique…) ne produit pas de marchandises incorporant un travail, mais des services qui n’ajoutent pas de valeur. Toutefois, ces travail­leurs·euses vendent leurs services en échange d’un salaire, et donc, sont partie prenante de la force de travail qui a une valeur d’échange. Pourrait-on parler de la « valeur de la force de travail domestique » par analogie avec la valeur de la force de travail en général ? Existe-t-il un prix du travail domestique, c’est-à-dire pourrait-on parler d’un salaire domestique ?

Si nous faisons abstraction du travail domestique, la valeur de la force de travail devient un concept absolu : c’est la quantité de travail socialement nécessaire pour reproduire la force de travail. En effet, dans la société capitaliste, le tra­vail­leur·euse est obligé de vendre sa force de travail en échange d’un salaire, puisque c’est là la seule marchandise dont il dispose et qu’il puisse vendre pour acheter celles dont il a besoin pour subsister. La force de travail est donc une marchandise de plus et, à l’égal de la valeur de n’importe quelle autre marchandise, sa valeur d’échange est déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production, c’est-à-dire par la valeur de ses moyens de subsistance. Produire ce qui est nécessaire pour vivre une journée requiert moins d’heures de travail qu’une journée de travail, car le tra­vail­leur·euse peut reproduire ses moyens de subsistance avec seulement quelques heures du total de sa journée de travail et, pendant le reste du temps, il travaille pour le capitaliste, c’est-à-dire, il produit de la plus-value.

Mais si nous considérons le travail domestique, la valeur de la force de travail devient un concept relatif. Dans la société capitaliste, la production de valeurs d’usage effectuée par les femmes au sein de la famille n’est pas suffisante à son entretien, voilà pourquoi il est nécessaire d’acheter des marchandises pour compléter ce dont la famille a besoin pour sa subsistance. La seule marchandise que la famille peut vendre pour obtenir les moyens nécessaires pour acheter ces marchandises, c’est sa force de travail. La famille comme institution patriarcale est chargée du maintien de la division sociale du travail : ce sera la femme qui réalisera le travail domestique et l’homme – celui qui vendra sa force de travail en échange d’un salaire – qui fera le travail salarié. Dans la majorité des familles, c’est l’homme qui effectue la majorité du travail salarié, mais comme nous parlons au niveau conceptuel, qu’il y ait des familles où le travail salarié est effectué par l’homme et la femme, ou seulement la femme, ne change rien aux choses, puisque, en tout cas, ce seront les femmes qui feront le travail domestique dans l’immense majorité des cas. Rappelons-nous ce que nous avons dit dans un paragraphe précédent sur la famille comme institution abstraite, garante de la division sexuelle du travail.

 

 

Travail salarié et travail domestique

 

Le niveau de vie des tra­vail­leurs·euses et de leur famille sera déterminé par les valeurs d’usage qu’obtient la femme avec son travail au foyer (le travail domestique) et par les marchandises qui s’obtiennent sur le marché avec le salaire principalement de l’homme (le travail salarié). Le premier n’entre pas dans les circuits du marché et n’est pas régi par la loi de la valeur, ce qui fait que, pour le capitaliste, il n’est pas partie prenante de la valeur de la force de travail. Le capitaliste se limite à payer aux tra­vail­leurs·euses ce qui est nécessaire pour qu’ils achètent les marchandises dont ils ont besoin pour qu’ils-elles puissent subsister, eux-elles et leur famille. Le travail domestique est une autoproduction et une autoconsommation qui n’intéresse en rien le capitalisme.

En conséquence, on ne peut parler d’une « valeur de la force de travail domestique », puisque la valeur de la force de travail inclut non seulement les marchandises nécessaires à la reproduction du travail salarié, mais aussi celles nécessaires à la reproduction du travail domestique. Quand le capitaliste paye un salaire, il paye la valeur de la force de travail qui inclut non seulement le travailleur, mais aussi sa femme et toute la famille (1). Mais le salaire d’un travailleur n’intègre pas la rétribution du travail de sa femme parce que ce dernier n’a pas de valeur d’échange.

Le rôle du travail domestique consiste à produire une partie des valeurs d’usage nécessaires à la reproduction de la force de travail en dehors des circuits du marché (2). Ce qui est incorporé à la valeur des marchandises, ce sont les heures de travail qu’effectue le travailleur salarié. Celles qu’effectue sa femme à la maison servent à son entretien, mais les heures qu’un travailleur incorpore à une marchandise sont indépendantes de celles que sa femme a consacrées au travail domestique.

Finalement, on ne peut parler de « prix du travail domestique » ou de « salaire domestique ». Le salaire du travailleur salarié sert à l’entretien de sa famille, il n’y en a pas une partie qui est la rétribution du travail domestique de la ménagère. Mais ce dernier point requiert des précisions additionnelles. Le travail domestique n’a pas de valeur, mais il pourrait avoir un prix. Il existe d’autres choses dans la société capitaliste qui, comme la terre stérile, n’ont pas de valeur d’échange, mais qui, en revanche, ont un prix. Mais pour qu’il existe un prix, il faut qu’il soit possible que la chose à vendre puisse avoir divers acheteurs. Ce n’est guère le cas du travail domestique.

D’un autre côté, supposer que la femme vend ses services à son mari, le seul acheteur qu’elle puisse avoir, puisqu’en dehors du foyer elle n’effectuerait pas un travail domestique, mais un travail salarié, serait définir les relations patriarcales comme étant un rapport d’exploitation et non d’oppression, un concept beaucoup plus large que le premier. A l’exploitation normale que subissent tous les tra­vail­leurs·euses, s’ajoutent pour les femmes travailleuses, l’oppression patriarcale.

Dans les paragraphes précédents, nous avons avancé une série d’arguments dont nous pouvons tirer une première conclusion: toute transposition mécanique au travail domestique des concepts qui sont utilisés pour le travail salarié constitue une erreur. Au contraire de ce qui se produit avec ce dernier, le travail domestique n’a pas de valeur d’échange, on ne peut rien trouver de semblable à « un salaire domestique », il ne produit pas de valeurs d’usage qui aient une valeur d’échange, il n’ajoute aucune valeur aux choses et, en conséquence, nul n’en obtient de plus-value. Cela est dû au fait que la régulation du travail domestique n’est pas régie par la loi de la valeur, car elle se réalise en dehors des circuits du marché, mais par la famille comme institution de base du système patriarcal.

 

 

Un rôle fondamental pour l’économie capitaliste

 

Toutefois, dans la mesure où c’est l’un des éléments qui détermine le niveau de vie des travailleurs et de leur famille, le travail domestique joue un rôle fondamental pour l’économie capitaliste. Personne n’obtient de plus-value du travail d’une femme concrète à la maison, mais l’ensemble du système peut augmenter la masse totale de plus-value grâce au travail domestique de l’ensemble des femmes. Ainsi, le travail domestique n’est pas régulé par la loi de la valeur, mais, comme c’est le cas de toutes les choses sous le mode de production capitaliste, il n’en est pas indépendant.

La valeur d’une marchandise, qui se juge par la quantité de travail socialement nécessaire pour la produire, se compose de divers éléments. D’un côté, il faut compter le nombre d’heures de travail qu’il faut pour produire les matières premières avec lesquelles elle est fabriquée et celles qui s’y intègrent à travers l’usure de la machine utilisée pour sa production. C’est le travail mort qui fait partie de ce que Marx appelle le capital constant. D’un autre côté, il faut compter le nombre d’heures que le tra­vail­leur·euse a utilisées directement dans sa production (comme nous l’avons vu auparavant, dans les conditions moyennes de productivité, savoir-faire, etc. de chaque société à chaque époque). C’est le travail vivant qui s’incorpore à la marchandise, et il a à son tour deux composantes : le capital variable, qui est la partie des heures de travail direct équivalent à la valeur des moyens de subsistance dont le travailleur et sa famille ont besoin, et la plus-value, qui est la partie des heures de travail direct que s’approprie le capitaliste. Une réduction de la valeur de la force de travail produite par une plus grande intensité du travail domestique par exemple, impliquerait une réduction de la partie correspondante du capital variable qui s’incorpore à la marchandise. Avec le même travail vivant, cela supposerait une augmentation de la plus-value.

Chaque capitaliste individuel ne peut pas faire grand-chose pour réduire la valeur de la force de travail par ce biais, car le salaire qu’il paye à ses tra­vail­leurs·euses est indépendant du travail que leurs femmes effectuent à la maison. Mais pour le capitalisme dans son ensemble, le travail domestique permet que le travail salarié nécessaire au maintien du niveau de vie des tra­vail­leurs·euses et de leur famille soit inférieur à celui qui serait requis en son absence. Il suppose une diminution de la valeur de la force de travail, donc une réduction du capital variable total, et par conséquent une augmentation de la plus-value prise globalement. Ainsi, le travail domestique contribue à la formation de la plus-value globale de la société, parce qu’il maintient le capital variable à un niveau plus bas que celui qui correspond au niveau de vie effectif des tra­vail­leurs·euses.

Le capital peut utiliser le travail de la femme sous une forme additionnelle pour réduire la valeur de la force de travail et augmenter la plus-value. L’intégration massive des femmes au travail salarié tout en maintenant la même quantité de travail domestique, c’est-à-dire l’utilisation intensive de la double journée de travail, entraîne une dévalorisation de la force de travail. Car étant donné le niveau de vie des tra­vail­leurs·euses et de leur famille, déterminé historiquement et socialement, l’intégration des femmes au travail salarié sans diminution du temps consacré au travail domestique équivaut à une dévalorisation du travail effectué par l’homme. En effet, pour maintenir et reproduire la même famille, il fallait auparavant une journée de travail salarié, mais avec l’intégration des femmes aux activités marchandes, il en faut deux, celle de l’homme et celle de la femme. Cela signifie qu’il faut davantage de journées de travail pour obtenir les marchandises qui constituent la valeur de la force de travail. De cette façon, le capital pourra réduire la proportion de la journée de travail que chaque travailleur utilise à reproduire les moyens de son existence propre, ce qui se traduira donc par une augmentation de la plus-value (3).

En conclusion, même s’il n’est pas extrait directement de plus-value du travail domestique, travail domestique, travail salarié et production de plus-value sont intimement liés pour la société dans son ensemble. Dans une société primitive, le produit nécessaire à la subsistance de la société doit être interprété au sens strict, c’est-à-dire comme la production minimale et indispensable pour que la société vive et se reproduise. Mais, dans une société capitaliste développée, il faut inclure dans ce concept des productions qui, si elles ne sont pas nécessaires effectivement à la survie du point de vue matériel strict, le sont d’un point de vue historique et social. La consommation de viande, par exemple, est excessive dans les pays industrialisés, car du point de vue matériel, le niveau de production de cette denrée dans ces pays ne peut être considéré comme nécessaire pour la survie. Mais l’adoption de mesures qui signifieraient une réduction drastique de la production de viande impliquerait de graves problèmes sociaux.

 

 

Stabilité sociale et niveau de vie

 

A long terme, dans certaines limites, le capital peut agir sur ce que la société considère comme produit socialement nécessaire, mais à court terme, c’est une donnée intangible. Le niveau de vie des tra­vail­leurs·euses, la valeur de la force de travail et le salaire de subsistance sont également déterminés par des facteurs historiques et sociaux. Le salaire ne peut être simplement la contrepartie des marchandises nécessaires à la subsistance, mais il doit être suffisant pour que le niveau de vie des tra­vail­leurs·euses puisse inclure des valeurs d’usage comme l’automobile, si l’on veut obtenir une certaine stabilité sociale%u200A; il existe un salaire indirect que constitue la prestation de certains services indispensables, comme la santé ou l’éducation, auxquels le capital doit consacrer une partie de la plus-value, etc.

Si nous faisons abstraction du travail domestique, une réduction du niveau de vie des tra­vail­leurs·euses implique une baisse de la valeur de la force de travail et, par conséquent, une augmentation de la plus-value. Toutefois, à l’instar de ce qui se passe avec le produit socialement nécessaire, le capital ne peut agir significativement sur ces facteurs qu’à long terme. C’est précisément là un des objectifs de la politique d’austérité. La réduction du pouvoir d’achat des salaires qu’elle comporte a pour but d’augmenter la plus-value relative en réduisant la valeur de la force de travail ce qui, de fait, se traduit par une réduction de la consommation des tra­vail­leurs·euses. Mais à court terme, ses effets ne peuvent être très significatifs. C’est pour cela qu’à long terme, le capital essaye de faire en sorte que les tra­vail­leurs·euses acceptent dans leur niveau de vie, la suppression de certains biens ou la réduction des services sociaux. Les attaques contre la sécurité sociale ou la baisse des coûts de l’enseignement que recherchent les gouvernements n’ont pas d’autre but.

Nous incluons le travail domestique dans celle analyse. La composition du niveau de vie des tra­vail­leurs·euses et de leur famille, partagée entre travail domestique et travail salarié, est une variable qui affecte la plus-value, et donc le taux de profit. En effet, même si le niveau de vie ne changeait pas, une variation de cette composition dans le sens d’accroître (ou de diminuer) la proportion de travail domestique signifierait une réduction (ou une augmentation) de la valeur de la force de travail. C’est là une variable qui a une relative importance pour le capital, mais, comme c’est le cas avec le produit socialement nécessaire ou le niveau de vie des tra­vail­leurs·euses, la composition de ce dernier est également déterminée par des raisons historiques et sociales.

L’histoire du mode de production capitaliste est l’histoire de la mercantilisation croissante de la production sociale. Quand il a éjecté l’artisan de la production familiale pour le transformer en salarié, il a réduit la production de la famille elle-même et l’a obligée à acheter des marchandises sur le marché. Quand, au 19e siècle, il établit un impôt sur les ha­bi­tant·e·s des colonies et les oblige ainsi à vendre leur force de travail pour un salaire avec lequel ils s’en acquittent, il les oblige à réduire leur propre production et à acheter des marchandises. Le travail domestique n’a pas échappé à ce processus.

 

 

La mercantilisation des activités domestiques

 

La production de valeurs d’usage qu’effectuent les femmes à la maison n’a pas de valeur d’échange, mais le travail domestique comprend des activités qui peuvent être mercantilisées et devenir rentables pour le capital. Ainsi, le capital a éliminé la production pour l’autoconsommation, en grande partie réalisée par les femmes, les obligeant à acquérir ces produits sur le marché%u200A; il a énormément développé l’industrie de l’alimentation pratiquement inexistante auparavant, allégeant une partie du travail domestique, et a converti la fabrication des vêtements qui jusqu’alors était à la charge des femmes, en une de ses industries fondamentales.

Au stade du capitalisme tardif, où l’on enregistre une forte tendance à l’industrialisation des services, la tendance à la mercantilisation de certaines productions du travail domestique s’est accentuée. Par conséquent, on a pu enregistrer une tendance à la réduction de la production de valeurs d’usage par le travail domestique. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il y a eu une tendance parallèle à l’augmentation de la valeur de la force de travail. L’histoire du capitalisme est aussi celle de l’augmentation de la productivité du travail salarié. Une augmentation de la productivité dans les industries qui produisent des marchandises pour les tra­vail­leurs·euses implique une réduction de la valeur de la force de travail, c’est-à-dire une dévalorisation du travail salarié.

A l’heure actuelle, le capitalisme met beaucoup plus de marchandises à disposition des tra­vail­leurs·euses qu’il y a 100 ou 150 ans, tant en conséquence de l’élévation du niveau de vie que de la mercantilisation du travail domestique. Mais l’augmentation de la productivité a été considérable, ce qui s’est traduit par une réduction de la valeur de ces marchandises, qui a dû être compensée par leur augmentation en nombre.

Bien que le capitalisme ait arraché des pans de travail domestique pour les introduire dans l’activité marchande, les tra­vail­leurs·euses reproduisent aujourd’hui la valeur des marchandises qu’ils doivent acquérir sur le marché avec une proportion de leur journée de travail moindre qu’auparavant.

Le travail qu’effectue la société pour maintenir le niveau de vie des tra­vail­leurs·euses et de leur famille s’est réduit avec le développement du capitalisme, parce que la part de ses deux composantes a été réduite. Mais la proportion qui est due au travail domestique aurait pu ne pas être réduite. D’un côté, l’augmentation de la productivité du travail salarié a été considérable. De l’autre, comme nous l’avons mentionné auparavant, le capitalisme avait beaucoup moins d’intérêt à augmenter la productivité du travail domestique, précisément parce qu’il s’effectue en dehors des circuits du marché. En fin de compte, la façon de faire la soupe ou les soins que requièrent un petit enfant ne sont pas si différents de ce qu’ils étaient voilà 100 ans, surtout si on les compare avec les changements qui se sont produits dans le travail salarié.

 

Jesus Albarracin

 

Ce dossier est la seconde partie d’un article repris de la revue Inprecor, n° 274, 17 octobre 1988. Son titre original était «Travail domestique et loi de la valeur». Nous en avons publié la première partie dans le numéro précédent de notre journal.

 

 

  1. Marx le reconnaît ainsi dans Le Capital quand, en parlant du travail féminin et infantile comme moyens d’augmenter la plus-value, il dit : «La valeur de la force de travail n’est pas déterminée par te temps de travail nécessaire à la subsistance de l’ouvrier adulte individuel, mais par celui qui est nécessaire à la subsistance de la famille ouvrière» (Le Capital, Livre I, chapitre XIII, 3e paragraphe).
  2. Marx considère la famille bourgeoise comme un instrument de plus de la société capitaliste. Son rôle est la production d’une partie des valeurs d’usage dont la société a besoin pour subsister et toutes les autres caractéristiques de la famille, les liens affectifs, le rôle subordonné des femmes en son sein, etc. ont comme seul objectif fondamental l’augmentation de l’exploitation. C’est pourquoi, la famille bourgeoise et, il faut le supposer, l’oppression des femmes, disparaîtra avec l’abolition de la propriété privée. En ce sens, dans Marx, l’oppression de la femme dans le capitalisme est son « exploitation » à travers la famille. Voir à ce sujet, le Manifeste communiste, dans le paragraphe consacré aux « Prolétaires et communistes » où cette conception de la famille semble la plus claire.
  3. C’est là une des formes d’utilisation des femmes pour réduire la valeur de la force de travail et augmenter la plus-value relative qui a été traitée en particulier par Marx (voir Le Capital, Livre I, chapitre XIII). Il est extrêmement intéressant de le lire aujourd’hui, à la lumière de certaines des polémiques dans le mouvement féministe