POV Paper
POV Paper : Un journal pour parler des sexualités alternatives
Après un premier vernissage international lors du Porn Film Festival à Berlin, POV Paper a fait son lancement suisse au Théâtre l’Arsenic, le 1er novembre dernier. Journal queer abordant les questions de sexualités, de genre et d’orientations sexuelles en mêlant photographies, illustrations et dessins, il s’inscrit dans la continuité du festival des sexualités La Fête du Slip. Notre rédaction s’est entretenue avec Viviane Morey, cofondatrice éditoriale de POV Paper et directrice artistique du festival.
Quelles sont les revendications de l’orientation « sex positive », affirmée tant par le festival que par le journal ?
En partant du constat que, dans notre société en général, la sexualité est vue comme quelque chose de négatif, de dangereux, de tabou, voire de subversif, il nous a semblé important d’en parler. Il faut aborder les problèmes que cela soulève, c’est un enjeu clé pour résoudre et éviter une approche trop cloîtrée en ayant peur de nommer les choses telles qu’elles sont. La sexualité est quelque chose de positif du moment qu’elle se fait à l’intérieur de limites qui sont le consentement, l’approche sensible à la santé et la possibilité ou non de la reproduction.
Y a-t-il une volonté de déconstruire la conception binaire hétéronormée ?
On se revendique clairement du déconstructionnisme. A force de subvertir les normes de genre et de remettre en question les faits établis, il y a une possibilité d’aller vers quelque chose qui diffè du schéma hétéronormatif. POV cherche à produire des fantasmes alternatifs afin d’amener une vision et des images qui permettraient d’apprécier et de connaître autre chose que ce qu’on voit habituellement dans l’industrie pornographique. J’ajouterai même, en parlant de changement, qu’on ne peut s’intéresser à un groupe opprimé, par exemple les femmes, sans prendre en compte les autres groupes tels que les homosexuel·le·s, les transsexuel·le·s et les étranger·ère·s. Aucune émancipation ne peut se faire sans les autres. Nous, on se bat davantage pour quelque chose qui est de l’ordre du genre, de la sexualité et des orientations sexuelles mais elle s’inscrit dans une lutte commune.
A travers cette expression culturelle, y a-t-il une visée politique ou militante ?
C’est très important pour nous de ne pas nous présenter comme un festival militant ou politisé car on est dans une démarche inclusive. On s’adresse à un large public. Mais évidemment, on a des valeurs et un positionnement fort. Toutefois, ma conviction, c’est que vu que tout est politique, on l’est forcément. On n’est pas prosélyte, on ne cherche pas à convaincre tout le monde mais plutôt à accueillir les avis différents et à faire en sorte que les gens puissent entendre d’autres avis et discuter ensemble. C’est une chose d’avoir un avis posé, idéologique sur une question, c’en est une autre de rencontrer quelqu’un qui représente cet enjeu en chair et en os et de maintenir sa position. Plutôt que d’imposer un point de vue, on cherche à amener les gens à parler ensemble et se faire leur propre avis, à réfléchir, à se confronter aux autres.
Propos recueillis par Amela Softic
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