Irak

Irak : Un petit vent d'espoir

Depuis la fin du mois de juillet, des manifestations populaires massives ont eu lieu dans la capitale Baghdad et plusieurs villes du sud du pays pour dénoncer principalement la corruption et la faillite politique des partis politiques confessionnels au pouvoir, mais aussi condamner les pannes et coupures d’électricité continues et la détérioration des services publics.

Même si des partis conservateurs et alliés au gouvernement ont appelé à participer aux manifestations par opportunisme et tenté d’amadouer le mouvement, les ma­ni­fes­tant·e·s, jeunes en grande majorité et avec une présence féminine importante, remettaient en cause le régime politique dans son entier.

On pouvait en effet entendre dans ces manifestations des appels pour un Etat laïc et non confessionnel, contre la division entre populations sunnite et chiite, pour les droits des femmes et une dénonciation claire des partis politiques confessionnels avec des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire «Le parlement et l’Etat islamique (ou Daech) sont les deux faces d’une même pièce», «Daech est né des entrailles de votre corruption» «L’Humain ne vit pas de la religion, mais du pain et de la dignité», «Au nom de la religion, ils agissent comme des voleurs», etc. 

En plus, une foule importante dans la ville de Kerbala, haut lieu symbolique du chiisme, n’a pas hésité à dénoncer également les interventions de la République Islamique d’Iran dans les affaires du pays en chantant «Kerbala est libre, Téhéran dégage! Dégage!» après que des groupes de milices confessionnelles chiites et des hommes du clergé chiite ont scandé des slogans à la gloire du Guide suprême iranien Ali Khamenei. Les manifestant·e·s furent ensuite attaqués par ces milices, comme à Baghdad et dans d’autres villes du pays.

Ce mouvement populaire massif s’est accompagné aussi de grèves dans certains secteurs, particulièrement de l’énergie et de l’industrie, s’opposant aux privatisations.

Le gouvernement irakien dirigé par le Premier ministre Haider al-Abadi, du mouvement fondamentaliste islamique chiite Dawa, a réagi à ces manifestations en faisant voter de nouvelles lois contre la corruption; il a aussi supprimé d’importants postes – notamment ceux des trois vice-premiers ministres et trois vice-présidents, dont Nouri al-Maliki, l’ancien Premier ministre honni et symbole de la corruption – et privilèges des ministres et députés pour tenter de mettre fin à ce mouvement.

Il faut témoigner notre solidarité avec les masses populaires irakiennes dans leurs luttes pour la démocratie, la justice sociale, contre le confessionnalisme et contre un régime dominé par des forces néolibérales, corrompues et réactionnaires.

Joseph Daher