Les Municipalités de gauche de Lausanne et Renens font la chasse aux pauvres
Depuis le printemps, environ soixante sans-abri vivent dans le jardin du centre d’hébergement d’urgence du Sleep-In. Les Municipalités de Lausanne et Renens, qui financent ce lieu en commun avec le canton, ont décidé d’expulser ces migrants précarisés, sans leur proposer d’autres solutions de logement.
Depuis plusieurs années, les centres d’hébergement d’urgence de l’agglomération lausannoise sont débordés. Chaque soir, plus de 60 personnes dorment dans la rue, ou, l’hiver, dans des abris de la protection civile. Parmi celles-ci, il y a plusieurs dizaines de migrants d’Afrique de l’Ouest, notamment de Gambie ou du Nigéria, pays où près de 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cette pauvreté endémique explique que ces personnes soient parties vers l’Europe, dans l’espoir d’y trouver un emploi. Certains de ces migrants ont, dans un premier temps, décroché un poste en Espagne ou en Italie, avant de le perdre, en raison du chômage de masse qui s’est développé après 2008, avec la crise économique.
Dans la foulée, ils sont donc venus tenter leur chance en Suisse. Mais, en tant que ressortissants extra-européens, ils n’y ont aucune perspective professionnelle, dans la mesure où la Loi sur les étrangers stipule qu’un migrant « ne peut être admis en vue de l’exercice d’une activité lucrative que s’il est démontré qu’aucun travailleur en Suisse ni aucun ressortissant d’un Etat avec lequel a été conclu un accord sur la libre circulation des personnes correspondant au profil requis n’a pu être trouvé. » Les ressortissants extra-européens ne décrochent donc presque que des emplois au noir, temporaires et très mal payés, ce qui les empêche du même coup de trouver un logement.
Au lieu de chercher à aider ces travailleurs sans-abri, les autorités de gauche de Lausanne et Renens font tout pour les faire partir.
Harcèlement
Cela suppose de leur rendre la vie impossible, en les empêchant de dormir dans un jardin où des bâches ont été tendues pour former un abri de fortune et où des WC ont été installés. Une fois à la rue, ces personnes continueront d’être harcelées par la police, qui a pour instruction de ne laisser personne dormir sur la voie publique ou dans les parcs.
Une autre politique est pourtant possible. A court terme, elle passe par l’ouverture de places supplémentaires en hébergement d’urgence ou de mise à disposition de logements vides, pour permettre aux migrants de stabiliser leur situation. Cela suppose que le canton soutienne l’effort des villes en faveur de l’hébergement des personnes précarisées, alors que jusqu’ici, le Département dirigé par le socialiste Pierre-Yves Maillard se refuse à toute augmentation de la subvention aux villes pour l’hébergement des sans-abri.
A moyen terme, une politique alternative passe par la suppression des dispositions discriminatoires contenues dans la Loi sur les étrangers, qui empêchent ces personnes de travailler et donc de vivre en Suisse. Comme le remarque la directrice du centre d’hébergement La Marmotte de Lausanne, il n’y aura pas de « bonne solution » tant que l’on ne donne pas à ces personnes « des papiers et un travail » (24 Heures, 17 août 2015).
Hadrien Buclin