Santé au travail

Santé au travail : Des chiffres inquiétants

En juin dernier, l’Office fédéral de la statistique publiait un rapport de Jean-François Marquis intitulé «Accidents et problèmes de santé liés au travail». Nous en synthétisons ici les principaux résultats.

En 2013, près de 1 travailleurs·euses sur 16 a été victime d’un accident du travail, tandis que 1 sur 9 déclarait souffrir d’une maladie liée à son activité professionnelle.

 

 

Des accidents prévisibles

Sur les 316 000 personnes ayant souffert d’accidents du travail cette année-là, 5 % en ont déclaré deux ou plus ; un petit quart des salarié·e·s concernés ont dû arrêter de travailler pendant plus de deux semaines ; la proportion d’hommes concernés (8 %) a été sensiblement plus élevée que celle des femmes (5 %) ; la proportion de jeunes de moins de 30 ans se monte à 11 % ; celle des apprentis, à 17 %. Les travailleurs·euses sur appel sont aussi plus souvent touchés (12 %), tout comme les salarié·e·s temporaires (14 %). De même, les personnes employées dans certaines branches de l’économie sont, sans surprise, plus fortement affectées : agriculture et sylviculture (15 %), construction (14 %).

L’enquête de l’OFS montre aussi que le taux d’accidents augmente en fonction du nombre de risques identifiés dans l’activité professionnelle concernée, ce qui signifie en clair qu’ils sont prévisibles et pourraient être réduits par la prise de mesures de protection appropriées. Parmi ces risques, on notera par ordre d’importance décroissante : l’exposition au bruits et aux fortes vibrations, le port de lourdes charges, l’inhalation de substances chimiques et de poussières, l’exigence d’une concentration visuelle soutenue. En effet, moins de 2 % des personnes n’ayant été exposées à aucun de ces risques ont subi un accident en 2013.

Alors que les risques physiques touchent essentiellement les hommes, les risques psychosociaux concernent avant tout les femmes. Par ordre d’importance décroissante, on relèvera : les violences et menaces, le harcèlement moral, la forte charge émotionnelle et la forte pression temporelle. Les femmes exposées à au moins deux de ces risques ont été sensiblement plus accidentées (7 %) que les autres (3 %).

 

 

Une morbidité accrue

En 2013, le nombre de personnes souffrant d’une maladie liée à leur travail s’élevait à 750 000. Cela représente 11 % des travailleurs·euses, dont un gros quart déclarait même deux pathologies distinctes. Le taux de morbidité professionnelle ne varie pas selon le sexe, mais selon l’âge (15 % des 50 ans et plus) et la formation professionnelle (15 % parmi les peu qualifiés). Les affections mentionnées renvoient à des souffrances physiques (osseuses, articulaires, musculaires…) dans 59 % des cas, en particulier pour les salarié·e·s âgés (72 %) et faiblement qualifiés (70 %) ; et morales (stress, dépression, angoisses…) dans 19 % des cas.

Trois quarts des personnes affectées par un problème de santé au travail se disent limitées dans leurs activités quotidiennes ; un gros tiers de celles-ci se déclarent fortement limitées, parmi lesquelles on ne s’étonnera pas de trouver deux fois plus de personnes âgées de 50 ans et plus ou faiblement qualifiées.

Globalement, c’est dans l’agriculture (15 %), dans la construction (12 %), suivies de près par le secteur santé, social et médico-social (11 %), que la proportion de personnes affectées par des problèmes de santé au travail est la plus élevée. Sans surprise, les salarié·e·s les plus épargnés sont ceux qui assurent des tâches dirigeantes, intellectuelles ou administratives (8 %).

Jean Batou