3000 personnes manifestent en Suisse contre les renvois

Le 19 mars,  journée mondiale contre le racisme et pour le droit de rester, de larges manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de Suisse, en opposition à la politique de fermeture des frontières, aux renvois Dublin, ainsi qu’aux bunkers. Ailleurs, des mobilisations ont eu lieu notamment à Athènes, Calais, Ljubljana, Londres et Vienne.

Tandis que les lois d’asile se durcissent, le mur qui entoure l’Europe forteresse ne cesse de s’élever. La journée mondiale de lutte avait pour objectif de répondre à la haine et au racisme en montrant un autre visage du Vieux continent. Dès 11 heures le matin, un groupe d’une cinquantaine de militant·e·s s’est donné rendez-vous sur la Place de la Gare à Lausanne afin de distribuer des tracts appelant à la manifestation nationale organisée à 15 h à Zurich. D’autres tracts d’information ont également circulé, avec pour but de dénoncer les accords Dublin, cette machine à expulsion vers le premier pays où un.e migrant·e a été enregistré·e en Europe.

 

Annette Dubois

 

Dans la rue pour le droit de rester

Tou.te.s ensemble, les manifestant·e·s vaudois ont ensuite pris le train pour se rendre à Zurich, où une large mobilisation était prévue. De la même manière, des activistes de Berne, Bâle, Lucerne, Neuchâtel etc. ont préparé des actions régionales avant de converger direction le Hallenstadion pour rejoindre le mouvement zurichois, puis de manifester jusqu’à la Marktplatz Oerlikon.

A Genève, une manifestation composée de près de 900 personnes a débuté l’après-midi à la Place Neuve, avant de défiler dans toute la ville. Elle s’est achevée sur la Plaine de Plainpalais et a été suivie d’une fête improvisée sur le parvis du Grütli, avec concert et repas. Ce lieu de rencontre final était symbolique, puisqu’il a permis de rappeler les nombreux mois de lutte du collectif No Bunkers l’été passé, pour dénoncer le logement indigne des migrants. Sur tout le territoire suisse, la mobilisation aura réuni près de 3 000 personnes.

 

 

Stop Dublin, stop bunkers, welcome everybody!

Partout, les manifestant·e·s ont réclamé l’abolition du règlement Dublin, ce système qui ballotte les réfugié·e·s à travers l’Europe et morcelle les familles. A Genève, ces accords ont récemment encore défrayé la chronique, rappelant leurs conséquences dramatiques sur les vies humaines. Le 11 mars dernier, Amanuel G., requérant d’asile érythréen, a été expulsé de la Suisse vers l’Italie, séparé ainsi de sa femme enceinte et de ses deux enfants. Un tel système, auquel des politiciens comme Simonetta Sommaruga ou Pierre Maudet refusent de se soustraire bien qu’ils en aient toute latitude, ne montre aucun respect pour le droit d’asile.

Mais la déshumanisation dans la pratique de l’asile en Suisse ne s’arrête pas au seul risque de renvoi. Les conditions d’accueil déplorables pour les réfugié·e·s se constatent aussi dans l’hébergement dans des bunkers, partout en Suisse. De plus en plus systématiquement, les cantons et les communes recourent à l’abri souterrain pour y mettre des personnes durant plusieurs mois, des années parfois. A Genève, le nombre de bunkers s’est accru dramatiquement, passant de 2 à 11 en une année; et près de 700 migrants sont concernés par cette situation.

La Suisse prévoit une fiscalité privilégiée pour les entreprises étrangères, des forfaits fiscaux pour les plus riches, mais renvoie et place en bunkers les pauvres qui demandent l’asile. L’Europe cherche à empêcher l’entrée des migrant·e·s, en recourant sans hésiter à des procédés militaires de contrôle et à l’enfermement. Face à cela, seules la solidarité, la liberté de circulation et les frontières ouvertes constitueront une solution digne pour tou.te.s les exilé.e.s sur les routes de l’Europe, qu’il s’agisse des hommes et des femmes qui fuient la guerre, la faim, les persécutions politiques ou le désastre économique. Ils sont venus, ils restent!

Aude Martenot