Le Conseil national veut libéraliser les heures d'ouverture des magasins

Le 29 février dernier, le Conseil national s’est prononcé en faveur de la nouvelle loi sur les heures d’ouverture des magasins (LOMag). Le projet doit maintenant repasser devant le Conseil des Etats, qui l’avait refusé de justesse il y a quelques mois. Concoctée et soutenue par les patrons du commerce du détail, la LOMag prévoit des ouvertures de 6 h à 20 h en semaine et de 6 h à 18 h (voire 19 h) le samedi. Soit une extension des horaires dans 14 des 26 cantons, touchant plus de 60 % du personnel de vente.

Quelques jours plus tôt, les syndocat Unia publiait une enquête menée auprès de 2520 vendeuses·eurs: 96 % d’entre elles·eux sont opposé·e·s à la LOMag. La perspective de travailler plus tard le soir est donc largement rejetée par le personnel concerné, mais les conditions de travail ne sont visiblement pas une préoccupation sous la coupole fédérale. Pourtant, la moitié des quelque 320 000 salarié·e·s de la vente n’est pas soumise à une convention collective de travail (CCT) et 50 000 d’entre elles·eux ont un salaire inférieur à 4000 francs.

Sans compensation pour le personnel, la LOMag sera combattue par référendum par les syndicats si elle est acceptée au parlement. Or, depuis une quinzaine d’années, presque toutes les extensions des heures d’ouverture des commerces ont été rejetées par la population. Lorsqu’elles ont été acceptées, comme à Neuchâtel en 2014 et le 28 février dernier au Tessin, c’est qu’elles prévoyaient des contre-­parties pour le personnel. C’est vers un compromis similaire que l’on s’achemine aussi à Genève (voir solidaritéS nº 285). Que l’on estime ces compensations suffisantes est une autre question, dont la réponse appartient aux principales·aux concernées. Pour l’heure, c’est à leurs côtés que nous dirons non à une dégradation de leurs conditions de travail et de vie. GW