33e Rencontres internationales des jeunes en Espagne

Les 33e Rencontres internationales des jeunes révolutionnaires, organisées par les jeunesses de la IVe internationale, se sont déroulées du 24 au 30 juillet en Espagne à 50 km au nord-est de Barcelone dans un cadre très accueillant.

Par ordre de grandeur, des délégations de France, de l’Etat espagnol, d’Italie, de Suisse, de Belgique, du Danemark, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, du Sahara occidental, du Mexique, du Brésil, du Portugal, ainsi que des Etats-Unis ont pris part au camp regroupant en tout 360 camarades. Les organisations politiques composant la délégation suisse réunissaient 45 militant·e·s et sympathisant·e·s, à savoir 28 du Mouvement pour le socialisme (MPS), 15 de solidaritéS et 2 de la Gauche anticapitaliste (GA).

Une semaine a à peine suffi pour faire tenir les nombreux débats, échanges et rencontres qui s’y sont déroulés. Comme les années précédentes, les journées étaient organisées par thématiques. La crise et le rôle de la jeunesse faisaient l’objet de la première journée, les liens entre impérialisme et phénomènes migratoires ont été abordés le lendemain, le mercredi était consacré au féminisme, le jour suivant aux luttes LGBTIQ, tandis que la nécessité de l’écosocialisme était abordée le vendredi, et le dernier jour traitait de la question de la stratégie de nos organisations.

Les journées étaient structurées autour de deux réunions générales, à visée formatrice le matin et sous forme de table ronde le soir. L’après-midi, en moyenne dix ateliers avaient lieu simultanément, tandis que des rencontres entre les délégations prenaient place à midi et permettaient de confronter nos expériences locales. Un espace femme et un espace LGBT se réunissaient aussi quotidiennement (voir encadré).

Cette semaine était donc non seulement l’occasion de se former, mais également de partager des expériences, que ce soit informellement ou plus formellement lors des réunions entre délégations ou durant les ateliers. A l’échelle de la Suisse, ce camp a aussi permis de discuter des possibilités de collaborations qui s’offrent à nous à l’avenir avec les militant·e·s de la GA et du MPS, notamment sur les questions de l’accueil des migrant·e·s et des réfugié·e·s, ainsi que celles de la lutte contre les accords internationaux de libéralisation des services (TISA).

Autant dire qu’avec un tel programme, cette semaine est vite passée. La délégation italienne a annoncé qu’elle organisera le camp l’année prochaine, qui s’annonce donc tout autant ensoleillé que celui venant de s’achever. solidaritéS organisera à nouveau un voyage collectif et les camarades et sympathisant·e·s sont d’ores et déjà chaleureusement invités à y participer!

VB


 

Rencontres internationales et espaces non mixtes

La création d’espaces non mixtes pour les femmes et les personnes LGBTIQ* est considérée depuis longtemps comme une pratique nécessaire dans le cadre des Rencontres internationales des jeunes (RIJ). La participation des membres de solidaritéS au RIJ en Catalogne et l’implication active de certains d’entre eux et elles dans ces espaces peuvent être une bonne occasion pour relancer le débat sur les pratiques de la non-mixité politique au sein de notre organisation.

Plusieurs femmes de la délégation suisse ont fait le constat que la non-mixité n’a pas éliminé les rapports de pouvoir entre femmes comme l’a montré l’expérience de l’année dernière. Cela a amené les femmes de la délégation suisse allemande à ne pas participer à l’espace femmes en 2015 et à écrire un texte qu’elles ont lu lors du premier workshop cette année. Il avait pour but de poser principalement le cadre de fonctionnement de cet espace qui permettrait à chaque femme de se sentir libre de s’exprimer et de débattre en toute confiance. Ce groupe féminin non-mixte était conçu comme un lieu de réflexion et d’action créé par les femmes et pour les femmes. Les activités (comme l’organisation de la fête non-mixte) dans le cadre de cet espace ont été menées surtout dans une perspective de lutte autogérée contre le système d’oppression patriarcale.

Les femmes subissent une oppression structurelle, c’est-à-dire qu’elles souffrent des inégalités historiquement constituées et reproduites par la société. Comment, donc, les espaces non mixtes aident-ils les groupes dominés à s’émanciper? Tout d’abord, le fait de se retrouver dans un espace féminin permet aux femmes de comprendre si l’absence des hommes a une influence sur leurs sentiments et leurs comportements. Dans cet endroit sécurisant, les participantes peuvent s’exprimer et partager leur situation d’oppression vécue quotidiennement, y compris dans les organisations politiques. À travers cette expérience, il est plus facile pour une femme de définir son oppression sans que cela soit fait à sa place par un homme.

Le fait que les hommes dans les organisations de gauche se définissent en tant que féministes et se battent pour les droits des femmes ne suffit pas à détruire la relation d’autorité masculine. Nous ne pouvons pas nous libérer complètement et immédiatement de nos habitus sociaux et il est évident que le simple désir ne suffit pas à détruire le système de l’oppression patriarcale au sein de nos organisations. La présence d’un homme a une forte influence sur la possibilité d’une femme de s’exprimer et de s’ouvrir. C’est pour cette raison que la non-mixité politique peut aider les femmes à avoir plus de confiance en soi, à développer un sentiment d’appartenance et de solidarité féminine et de cette manière à s’impliquer encore plus dans le mouvement.

Adelaïde Pougatchiova