RIE 3 genevoise

RIE 3 genevoise : 3 × NON!

Le Conseil d’Etat genevois a abattu ses cartes: la RIE 3, ce serait 440 millions de moins pour le canton et les communes au profit des grandes entreprises et de leurs plus gros actionnaires, et sans doute beaucoup plus.

La Table Ronde cantonale réunissant partis, communes, associations patronales et syndicats n’aura donc servi qu’à avaliser un projet annoncé dès le début par l’Exécutif, la Fédération des entreprises romandes (FER) et le Groupe des entreprises multinationales (GEM). Ce projet est cohérent avec la politique économique genevoise, qui mise sur les services financiers et le trading aux dépens du secteur secondaire, dont l’emploi a reculé de 1,4 % cette année.

Il est certain que la gauche tentera d’infléchir ce projet violemment antisocial au Grand Conseil, mais il est certain que l’Entente bourgeoise, l’UDC, le MCG et le Conseil d’Etat ne céderont sur rien de significatif, tant la pression des milieux dominants est forte pour avaliser leur projet phare. Il est donc essentiel de préparer le front référendaire le plus large, aussi sur le plan cantonal, dès aujourd’hui.

Accepter la version genevoise de la RIE 3, ce serait avaliser une cure d’amaigrissement des services publics et des prestations sociales sans précédent, de même qu’un Personal Stop dans le secteur public.

Marché de dupes

Alors que les cadeaux fiscaux faits aux nantis depuis 15 ans ont déjà réduit les recettes publiques de plus d’un milliard par an, avec un taux de 13,49 %, l’exécutif annonce une baisse supplémentaire de près d’un demi-milliard aux dépens des principales dépenses de l’Etat. Et les compensations annoncées ne représenteraient guère que 20 % de ces pertes, et la moitié de celles-ci ne seraient que temporaires… Il s’agit d’un marché de dupes, dans la ligne des politiques néolibérales les plus brutales, raison pour laquelle Ensemble à gauche a quitté la Table Ronde et dénoncé cette mascarade dès le mois de juin.

Tandis que son projet de budget 2016 a été rejeté par le Grand Conseil unanime, et qu’il a été incapable de négocier un compromis avec la fonction publique, l’acculant à faire sept jours de grèves et à descendre dans la rue par milliers, le gouvernement cantonal est prêt à tout aujourd’hui pour «vendre» son projet à la population. Quelques millions pour la conciliation vie professionnelle-vie privée, pour la formation professionnelle et pour les transports publics, devraient ainsi faire accepter des coupes prévisibles de centaines de millions dans les services publics et les assurances sociales. De qui se moque-t-on?

Proposition indécente

Pour faire avaler la pilule et obtenir une majorité devant le corps électoral, le Conseil d’Etat annonce qu’il est prêt à laisser filer les déficits. Mais une fois ses objectifs fiscaux atteints, il n’aura évidemment aucune peine, invoquant l’explosion prévisible de la dette, à justifier un programme de réductions des prestations à la population, mais aussi des postes et des salaires de la fonction publique, plus brutal encore que celui qu’il avait concocté en 2015.

Le Conseil d’Etat déclare ainsi la guerre à la population en démantelant la solidarité fiscale au profit d’une économie inféodée à la place financière et au secteur du trading. Il essaie de nous faire croire que la baisse massive des taux d’imposition permettrait de défendre l’emploi, alors qu’elle aboutirait à une réduction des postes dans le public sans aucune garantie d’embauche dans des services privés ultra-sensible aux fluctuations des marchés financiers.

Résistons sur le terrain et dans les urnes!

Face à cette provocation, solidaritéS, membre d’Ensemble à gauche, appelle la gauche politique, syndicale et associative cantonale et communale à se rassembler pour dire NON à ce programme qui sacrifie les intérêts de l’écrasante majorité à l’accroissement sans fin des profits des plus grosses sociétés et de leurs actionnaires.

Renforçons le front référendaire contre la RIE3 au niveau fédéral et cantonal ; défendons un modèle de développement économique qui promeut la place industrielle ; renforçons un Etat au service de la population et de l’environnement ; mobilisons-nous au coude à coude, travailleurs et usagers, femmes et hommes, pour mettre un cran d’arrêt à la politique rétrograde d’un Conseil d’Etat aux ordres des privilégiés.

Jean Batou et Pablo Cruchon


Une candidature au rôle de Pierre-Yves Maillard au sein du Parti socialiste genevois?


Magali Girardin

Lundi 5 septembre, la Conseillère administrative Sandrine Salerno (exécutif de la Ville), annonçait son «soutien critique» à la RIE 3 à la Tribune de Genève.

Elle accrédite la version du Conseil d’Etat selon laquelle la RIE 3 permettrait de sauver 22 000 emplois et 1,1 milliard de recettes fiscales. «Ce qui compte aujourd’hui, insiste-t-elle, c’est d’assurer les conditions de sécurité et de stabilité à long terme, nécessaires à l’économie, et prévenir une hausse du chômage […] A quelques points près, un soutien de gauche [à la RIE 3] est possible».

Quels points? «Un engagement ferme à ne pas tailler dans les prestations ou la fonction publique durant la période des cinq ans de suspension du frein au déficit». Laisser ainsi filer les déficits à hauteur de 600 millions par an pendant 5 ans ou plus. Une option illusoire, puisqu’en favorisant l’explosion de la dette elle justifiera une intensification brutale de l’austérité.

Laissons la question de la fin au journaliste de la TDG: «Vous soutenez, sous condition, un projet de baisse d’impôt. Certains vont vous accuser de trahir et de payer votre ticket d’entrée au Conseil d’Etat en 2017». Nos lecteurs·trices en jugeront…