Une grève attendue depuis longtemps

Une grève attendue depuis longtemps : L'enseignement neuchâtelois défend ses conditions de travail

Les 450 enseignant·e·s réuni·e·s par le Syndicat des services publics neuchâtelois (SSP) ont voté une grève reconductible pour le 8 novembre. Le secteur de l’enseignement exige que le Conseil d’État retire son projet de nouvelle grille salariale et ouvre de véritables négociations. Entretien avec Zoé Bachmann, institutrice, gréviste et militante de solidaritéS.

Comment s’est déroulée cette assemblée du 2 novembre qui a décidé de la grève?

Lors du vote, il y a eu un débat sur le délai, qui est court pour une telle mobilisation. En effet, au lycée et au secondaire, il n’y a pas de problème de gardiennage, alors que pour le primaire c’est différent. Il faut avertir les parents et s’organiser. D’un autre côté, il fallait se caler sur des échéances politiques comme le vote du budget. La grève a été votée à une très grande majorité et quelques oppositions et abstentions. Les enseignant·e·s ont donné un ultimatum au Conseil d’Etat pour retirer ce projet de grille salariale et accepter de négocier.

Quel est l’impact de cette grille salariale sur vos conditions de travail et de vie?

Les salaires sont gelés depuis plusieurs années. La nouvelle grille salariale est en discussion depuis longtemps. Les syndicats avaient espoir que cette grille soit renégociée. Ils ont fait plusieurs propositions qui ont toutes été rejetées par le Conseil d’État. Le syndicat a donc quitté la table des négociations car il n’est pas là pour simplement enregistrer les décisions. La lecture de la grille est très compliquée. Les progressions sont différentes d’une classe à l’autre. Avant, on atteignait notre maximum salarial après dix ans de carrière. Avec ce nouveau système, on l’atteint après 42 ans de carrière. Certain·e·s enseignant·e·s qui commencent leur carrière plus tard n’atteindront jamais ce niveau. On constate, par rapport à l’ancien système, que les pertes peuvent aller jusqu’à 285 000 francs par carrière. D’un autre côté, les directions et les chef·fe·s de services ne sont pas touchés

C’est la question salariale qui a mis le feu aux poudres?

Cette grille salariale, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On ne parle pas que de salaires, on parle de conditions de travail et donc des conditions d’apprentissage des élèves. Il y a de moins en moins de budget pour les activités annexes. Il n’y a pas assez d’heures de soutien pour les élèves. Dans pas mal de collèges, on a l’impression qu’on laisse une bonne partie des élèves derrière soi en raison du manque de moyens pour leur accompagnement. Il s’agit notamment des élèves qui ont plus de difficultés ou qui sont allophones. Enfin, il y a de plus en plus de classes de plus de 25 élèves. Cela n’est pas la même chose pour des élèves de 6 ans qui apprennent à lire ou des élèves de 11 ans qui sont déjà autonomes. On ne souhaite pas devoir donner une semaine de vacances supplémentaires comme à Lucerne en raison du manque de moyen.

Comment s’est déroulée cette journée de grève?

Cette journée de grève a été un succès. Elle a réuni beaucoup de monde. C’est difficile de savoir exactement combien. C’est la première fois que les enseignant·e·s se mettent en grève une journée complète depuis des dizaines d’années. L’assemblée du secteur s’est réunie à la Maison du peuple à La Chaux-de-fonds cet après-midi. Il y avait près de 700 personnes. Les enseignant·e·s ont décidé de reconduire la grève au lendemain. Le comité d’organisation réfléchit à la suite des mesures à prendre.

Ces mesures d’austérité touchent-elles d’autres secteurs?

Il y a des mesures qui ont été prises pour l’administration publique qui va devoir travailler 1h de plus par semaine pour le même salaire. De même, dans la santé, la CCT 21 prévoit des baisses de salaire et des augmentations de temps de travail qui sont rudes. Enfin, au plan communal, les employé·e·s communaux de La Chaux-de-fonds ont eu une baisse de salaire de 2,5%.

Sébastien Schnyder