Les turpitudes de l'UDC neuchâteloise
Les élections cantonales ont été désastreuses pour ce parti qui n’a pas vu venir ce résultat. Passer de 20 sièges à 9 n’est pas une mince affaire, même si la loi électorale neuchâteloise anti-démocratique (quorum de 10%) a renforcé la chute: la ville de Neuchâtel, en infligeant à l’UDC un score de 6,9%, l’a privé de tout représentant dans le plus important district du canton.
Les nationalistes avaient beaucoup misé sur leur initiative cantonale anti-frontaliers, « Les nôtres avant les autres », déposée en février en pleine période électorale et censée booster leurs résultats. L’affichage massif représentant des colonnes de voitures à la frontière n’a manifestement pas convaincu les Neuchâtelois·es de voter en leur faveur.
Qu’est-ce qui a contribué à la chute de l’UDC?
Les bisbilles internes au parti, les « affaires » qui ont décrédibilisé Perrin ou Legrix, les démissions du parti, la « faiblesse » des candidat·e·s proposés? Tout cela a joué un rôle, mais pourquoi leur initiative anti-frontaliers n’a-t-elle pas fait mouche, alors même qu’au moment de son lancement on avait vu un responsable du POP et une des Verts se déclarer ouverts au soutien de cette initiative?
L’intitulé déjà, « Les nôtres avant les autres » fait égoïste, mesquin et radin. Toute l’étroitesse d’esprit de l’UDC est dans ce titre. Au Tessin, une initiative du même tonneau a connu un succès dans les urnes et a bénéficié à ses auteurs. Qu’en sera-t-il à Neuchâtel? On peut espérer qu’elle ne fera pas le même résultat. L’initiative xénophobe fait-elle l’unanimité dans les rangs d’un parti issu du PLR et d’abord pro-patronal? Ce n’est pas si sûr… Une main-d’œuvre qualifiée, fût-elle frontalière, reste recherchée et est nécessaire à plus d’un patron dans le canton. Ceci dit, il ne fait guère de doute que l’UDC a les moyens, notamment financiers, de faire aboutir cette initiative, même si la situation interne du parti ne semble pas s’améliorer (le conseiller national Clottu vient d’être exclu pour d’obscures raisons de cotisations non payées, l’ex-président du Grand Conseil, Challandes, est passé chez les Verts).
Ne rien céder
Le monde du travail a tout à gagner à l’affaiblissement du nationalisme. Le recul de l’UDC neuchâteloise a des raisons spécifiques, mais ne crions pas victoire trop vite: l’UDC neuchâteloise n’est pas morte et sa base électorale est toujours là, prête à se manifester à la prochaine campagne « saignante » du parti. Il n’est pas impossible que ce parti recrute des membres plus à droite que la vieille garde issue du PLR, et c’est peut-être une des causes de leurs différents internes. Quoi qu’il en soit, nous allons combattre énergiquement leur initiative et redéposer, au Grand Conseil, une série de propositions concrètes, contre le dumping salarial, pour la défense de l’emploi et la formation des jeunes, afin de sortir de ce piège nationaliste autrement que par la seule logique « discours contre discours ».
Comme nous l’avons dit lors de notre campagne électorale, nous nous engageons pour que cette initiative, comme celle identique que des UDC veulent maintenant lancer au niveau fédéral, soit enterrée au plus vite.
La lutte anti-raciste, au centre de l’action de solidaritéS, n’est pas non plus étrangère aux difficultés des nationalistes en ville de Neuchâtel. Nous ne lèverons pas le pied. HVu