Gare aux nouveaux Versaillais!

«Les journalistes policiers
marchands de calomnies
ont répandu sur nos charniers
leurs flots d’ignominies
les Maxime Ducamp, les Dumas
ont vomi leur eau-forte»

(Eugène Pottier, Elle n’est pas morte, mai 1886).

Chroniqueur à On n’est pas couché, Yann Moix calque les pisse-copie versaillais dans une lettre à Emmanuel Macron. Selon Moix, lors de la Commune en 1871, «l’immense majorité des Parisiens était prise en otage par la folie rouge» (Marianne, 19.5.2017).

Ci-dessous, extraits d’une réponse rédigée par Roger Martelli (Association des amies et amis de la Commune de Paris: commune1871.org):

«En une ‘Semaine sanglante’, dans un doux mois de mai, les troupes gouvernementales de Versailles firent couler à flots le sang des communards parisiens, fusillèrent, arrêtèrent, déportèrent, contraignirent à l’exil des dizaines de milliers de femmes et d’hommes. Pourtant la haine et la rancœur, semble-t-il, furent l’apanage des victimes et pas celle des bourreaux. Le peuple de Paris commit, il est vrai, une faute irréparable: il voulut d’une République, mais pas de celle des notables. Il fit de la Marianne son symbole, mais estima qu’elle ne pouvait être elle-même que si elle était sociale.

[…] Comment peut-on aujourd’hui rabâcher sans relâche ces contes à faire peur aux enfants? Des dizaines de livres, des centaines d’articles ont été écrits pour sortir la Commune de l’ignorance, de l’approximation et de la sottise. Peine perdue: pour Yann Moix, les procureurs de Versailles, seuls, sont les dépositaires de la vérité.

[…] La Commune de Paris n’a pas à être enjolivée, pas plus qu’elle ne peut être vilipendée. Il suffit de dire ce qu’elle a été, dans sa diversité, son foisonnement, ses hésitations et même ses contradictions. Elle ne donne pas de leçons toutes faites. Elle ne se copie surtout pas. Nous ne sommes pas au 19e, mais au 21e siècle. A sa manière, la Commune innova et, si nous voulons la suivre, nous devrons innover à notre tour. Mais elle nous laisse un état d’esprit, une soif de justice, de démocratie directe, de laïcité, un sens de la chose publique, toutes choses qui, presque cent cinquante ans plus tard, restent d’une incroyable modernité»

Disons-le donc avec les mots d’Eugène Pottier: «Tout ça n’empêche pas, Nicolas, que la Commune n’est pas morte!».

Hans-Peter Renk