Pour une pièce d'identité municipale à Lausanne

Mardi 2 octobre, le groupe Ensemble à Gauche, par l’intermédiaire de notre élu Claude Calame, a déposé un postulat demandant l’introduction d’une pièce d’identité municipale adressée à tou·te·s les habitant·e·s de la ville de Lausanne, par-delà leur statut de séjour. Une mesure essentielle pour combattre les discriminations en cascades qui frappent notamment les personnes sans-papier.


Aux Etats-Unis, plusieurs villes ont introduit des cartes d’identité municipales.

Elles vivent ici depuis parfois 10 ou 15 ans. Elles travaillent, au gris ou au noir, souvent en cotisant aux assurances sociales ou en payant des impôts à la source. Leurs enfants, pour la plupart, vont à l’école ici. Par centaines, probablement par milliers sur le territoire de la Ville de Lausanne, ces personnes travaillent pour nous et avec nous, partagent notre vie sociale, mais sans bénéficier d’un statut légal de séjour leur permettant de vivre dignement. Elles seraient 12 000 dans le canton de Vaud et entre 100 000 et 250 000 dans toute la Suisse.

La situation de ces personnes relève d’une hypocrisie incompatible avec un projet de société solidaire et démocratique. Elles contribuent au bien-être de la collectivité sans bénéficier des prestations sociales élémentaires. Sur les chantiers, dans les emplois domestiques, dans les soins à la personne, dans les services sanitaires, dans la restauration et l’hôtellerie, leur contribution est indispensable, mais elles sont exclues du corps social.

Les «sans-papiers», de fait les personnes sans permis de séjour, vivent dans l’angoisse permanente d’être arrêtées, puis expulsées. Ce sentiment les retient de faire valoir leurs droits les plus élémentaires. Pour palier en partie cette situation de discrimination inadmissible, plusieurs autorités communales ont mis ou s’apprêtent à mettre sur pied un système de pièce d’identité municipale. Les Villes de Bienne et de Berne en discutent actuellement. A Zurich, l’association Züri City Card défend un projet de ce type.

Aux Etats-Unis, les villes de Los Angeles, San Fransisco et New York ont d’ores et déjà mis en place un tel système. Par exemple, l‘IDNYC donne accès à tous les services et programmes offerts par la ville. Tout résident à New York y a droit, en particulier les SDF, les personnes âgées et les immigrant·e·s sans statut. Cela signifie que les personnes sans statut légal peuvent s’identifier pour ouvrir un compte en banque, signer un contrat de bail à loyer, emprunter un livre à la bibliothèque, bénéficier des soins à l’hôpital, déclarer un vol ou encore s’adresser à la police municipale sans s’exposer à un risque de renvoi.

Pierre Conscience