Féminin-Masculin

Féminin-Masculin : #MeToo dans la rue

Le 25 novembre a eu lieu la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes. Retour sur quelques manifestations dans les villes romandes.


Gaël Béant

Des chaussures à Lausanne…

«Harcelée par mon collègue de bureau.», «Sans papiers, expulsée de la Suisse pour avoir dénoncé des agressions sexuelles.», «Prostituée, violée par un policier.». Samedi 25 novembre, vingt-cinq paires de chaussures rouges accompagnées de témoignages ornaient les pavés de la place de la Palud à Lausanne. Profitant de la journée contre les violences faites aux femmes, l’association Feminista voulait prolonger le phénomène #MeToo et le faire descendre dans la rue.

Il s’agissait d’occuper l’espace public et de rendre visible l’ampleur du problème du harcèlement, des violences et des discriminations que la société patriarcale fait subir aux femmes. Il s’agissait aussi de dénoncer ces injustices «toutes ensemble», de passer des témoignages individuels aux luttes collectives, de #MeToo à #WeTogether.

Au milieu de quelques dizaines de personnes, les prises de parole ont permis d’insister sur l’importance de la sensibilisation et de la formation, mais aussi de rappeler l’impunité dont jouissent trop souvent les agresseurs. Notre militante Valentine Loup a dénoncé «le silence des hommes sur leur rôle dans le maintien de la culture du viol».

…des rubans à Fribourg…

De son côté, la section fribourgeoise de solidaritéS ne s’est pas laissé décourager par une pluie battante. Elle aussi a organisé une action dans le centre de Fribourg, en compagnie de l’association Mille Sept Sans, qui lutte contre le harcèlement de rue. Pour sensibiliser la population, une militante de solidaritéS portait des rubans où figuraient des exemples de violences faites aux femmes: harcèlement, sexisme, discrimination salariale, honte, mansplaining, insultes, etc. Les passant·e·s étaient invités à la libérer symboliquement en arrachant les rubans.

Quant aux militantes de Mille Sept Sans, elles se sont chargées d’informer sur la différence entre drague et harcèlement. Tant pour les militant·e·s que pour les passant·e·s, plus ou moins sensibles à ces enjeux, les échanges ont rendu la journée instructive et enrichissante.

…et une chaîne humaine à Genève

La pluie et le vent n’ont pas non plus épargné Genève, où une centaine de personnes se sont tout de même donné la main le long du pont du Mont-Blanc. Clou du spectacle: l’éclairage du jet d’eau en orange, couleur symbolisant la journée.

Au bout du lac, la diversité des associations appelant à participer à cette journée pourrait faire croire à une forme de consensus sur la nécessité de lutter contre les violences sexistes. Mais ne nous y trompons pas. N’oublions pas que ce combat ne peut être dissocié de la remise en cause du système patriarcal qui les génère et les justifie.

Valentine Loup l’a rappelé lors du rassemblement lausannois, «les violences faites aux femmes sont un phénomène structurel». Eradiquer ces violences implique de s’opposer à la culture patriarcale de nos sociétés et aux relations sociales qui la fondent.

Informations recueillies par MBn