Défendre la Terre et l'eau en y laissant sa vie

A chaque rapport annuel des ONG Global Witness et Front Line Defenders, la liste d’assassinats de défenseuse·eur·s des droits environnementaux et fonciers s’allonge.


Isidro Baldenegro López, qui militait contre l’exploitation forestière illégale au Mexique a été assassiné en janvier 2017. – TEIA

En 2017, 312 militant·e·s dans 27 pays ont été assassiné·e·s à cause de leur travail pacifique. Plus de deux tiers des activistes tué·e·s défendaient le droit à la terre, l’environnement et les droits des populations autochtones. La grande majorité étaient actifs·ves contre des méga-projets liés à l’industrie de l’extraction et aux grandes entreprises.

Seulement 12 % des meurtres ont entraîné l’arrestation de suspect·e·s et 84 % des militant·e·s assassinés avaient reçu des menaces de mort. Or, l’impunité pour les actes de violence contre les défenseuses·eurs des droits humains et l’absence chronique de protection créent un environnement propice aux assassinats.

«Ils nous menacent pour nous faire taire. Mais moi, je ne peux pas me taire. Je ne peux pas garder le silence face à tout ce qui arrive à mon peuple. Nous nous battons pour nos terres, pour notre eau, pour nos vies», déclare Jakeline Romero à Global Witness. Cette dirigeante indigène colombienne subit depuis plusieurs années des menaces et des actes d’intimidation, pour avoir osé dénoncer les impacts ravageurs d’El Cerrejón, la plus grande mine à ciel ouvert d’Amérique Latine. Détenu entre autres par Glencore, ce projet est accusé d’entraîner des pénuries d’eau et des déplacements massifs de populations.

Les militant·e·s sont de plus en plus considéré·e·s comme des criminel·le·s à travers le monde, y compris aux Etats-Unis. Ils et elles font fréquemment l’objet d’accusations inventées de toutes pièces et de procès civils agressifs, intentés par les gouvernements et les entreprises qui souhaitent les faire taire.

Les assassinats font partie d’un arsenal de tactiques employées pour réduire les militant·e·s au silence: menaces de mort, arrestations, attaques sexuelles, enlèvements et poursuites judiciaires agressives.

Aujourd’hui, dans beaucoup de pays, défendre la Terre et l’eau est une activité à haut risque. Notre solidarité est plus que jamais nécessaire.

Juan Tortosa