L'EIAP doit revoir sa copie!

Depuis début mai, le milieu de l’accueil de l’enfance est en émoi. La cause: l’Établissement intercommunal pour l’accueil collectif parascolaire primaire (EIAP) a publié un nouveau cadre de référence concernant l’accueil des enfants dans le parascolaire. Flexibilisation et réductions des dépenses sont au programme.


Daniel Lobo

Début 2017, le Grand Conseil vaudois a voté la nouvelle loi pour l’accueil de jour de l’enfance (LAJE 2). Le texte préconise la création d’un groupe de travail intercommunal (EIAP) chargé d’édicter un nouveau cadre de référence pour le parascolaire. Après une année de «dur labeur», l’EIAP publie début mai le résultat de son travail et laisse un mois aux milieux concernés pour prendre position. Ce laps de temps très (trop) court démontre une nette volonté de passer en force.

Mais qu’en est-il de ce projet? Ce nouveau cadre de référence vise à augmenter le nombre d’enfants par éducateur·trice et à réduire le personnel formé. Il introduit également une notion floue «d’exigence pédagogique peu élevée». Cette dernière inclut les trajets, le repas de midi et l’arrivée et le départ des enfants dans le lieu d’accueil. Selon l’EIAP, ces moments n’exigent pas la présence d’éducateur·trice diplômé·e. Alors que ce sont des périodes essentielles de socialisation, qui requièrent notamment des connaissances théoriques et des compétences en matière d’observation.

De plus, cette aberration pédagogique supprime le temps consacré à l’élaboration de projets éducatifs et le temps de colloques. Le mot d’ordre du projet est la flexibilité. Derrière ce mot inoffensif se cache une arme de destruction massive de nos acquis sociaux, utilisée notamment en France lors de la mise en place de la loi travail du gouvernement Macron.

Ce nouveau cadre de référence est symptomatique de la mise sous tension des communes, obligées de réaliser des économies à cause des baisses d’impôts accordées aux entreprises par la RIE 3, tout en répondant à la demande grandissante de places d’accueil. Nous pouvons malheureusement constater que le choix est fait et s’inscrit dans un mouvement plus large de mise à sac des services publics.

Pour répondre à cette attaque, un front large mêlant associations professionnelles (ARDIVE, avenir social, l’association des enseignants), lieu de formation (ESEDE) et syndicat (SSP) s’est mobilisé. Il a publié un communiqué de presse expliquant les conséquences du projet, entre autres une baisse globale de la qualité d’accueil et une augmentation des burn-out chez le personnel éducatif. Du côté institutionnel, l’Office de l’accueil de jour de l’enfance (OAJE) critique également le cadre de référence comme étant inadéquat et ne permettant pas de garantir la qualité de l’accueil des enfants dans le parascolaire.

Pratiquant moi-même le métier d’éducateur dans le canton de Vaud, je suis scandalisé par ce projet. J’aimerais conclure cet article avec les paroles d’une chanson d’Assassin: «le futur que nous réserve-t-il?». Quel futur dans ce monde qui sacrifie Enzo, Talyah et les autres sur l’autel du profit et des sociétés anonymes? Contre la détérioration de nos conditions de travail et pour le bien-être des futures générations, il faut se mobiliser. Ou comme le disait NTM «encore plus qu’en 68 va falloir se battre!»

Jérémie Wuillemin