PAV

PAV : Une importante victoire d'étape

Le 10 juin dernier, le corps électoral s’est prononcé sur le plus grand projet de transformation urbaine du canton de Genève, le PAV (Praille-Acacias-Vernier). Une votation ô combien importante dans le cadre de la lutte pour le droit au logement, en dépit des critiques justifiées du projet. Finalement, la campagne n’a laissé aucun doute et la population a appuyé la création de logements sociaux à plus de 60 %.


La campagne de la droite s’afichait sur plusieurs trams

La transformation du PAV est un enjeu cantonal de première importance dans la lutte contre les promoteurs pour le contrôle des constructions et de la propriété foncière. Ce territoire, le plus grand potentiel de développement du canton, est au centre des convoitises car il promet des profits extrêmement élevés. La campagne de la droite, particulièrement agressive et centrée sur la lutte contre les pauvres, a démontré que les milieux immobiliers ne reculeraient devant rien.

Un projet imparfait

Certes, le projet comporte de nombreuses faiblesses. La principale est la place trop généreuse accordée à la propriété par étage (PPE) sur le terrain public, qui revient à une privatisation du foncier. Mais ne nous y trompons pas: le projet reste une opportunité pour mener une lutte acharnée contre la privatisation du sol et la gentrification du canton. Avec une valeur des terrains publics évaluée à 5 milliards, ce secteur est une vraie bombe financière. Or, la jouissance de ses retombées n’est de loin pas acquise pour la population.

Une victoire sur l’orientation générale

Le oui au PAV constitue une victoire d’étape, grâce à l’orientation générale du projet, qui fait la part belle aux habitations bon marché (HBM) et aux logements d’utilité publique (LUP). L’urgence sociale de notre canton est de construire, mais avant tout des logements accessibles au plus grand nombre. Plus de 8500 personnes pointent sur les listes d’attente pour obtenir un HBM, sans compter toutes celles et ceux non-inscrit·e·s qui pourraient en bénéficier.

La lutte contre la précarité et contre les expulsions passe par la construction prioritaire de tels logements. Au total, 62 % des constructions sur terrains publics seront des LUP, y compris les 24 % de HBM.

Campagne indigne de la droite et des milieux immobiliers

Dans la campagne, la droite s’est attaquée frontalement aux catégories les plus précaires de la population et aux constructions qui leur sont destinées. L’objectif était double: faire échouer le projet afin d’augmenter la part des constructions dédiées à la spéculation et aux profits privés élevés (PPE), et infliger une défaite à une possible politique sociale du logement.

D’ailleurs, la droite, emmenée par Cyril Aellen, s’attaque aux dispositifs financiers d’aide aux LUP. La votation sur le PAV a donc été le terrain d’une tentative d’orientation de la politique du logement vers la construction d’encore plus de PPE et de villas et une plus grande emprise des milieux immobiliers sur le type de construction envisagé. Cette tentative a lamentablement échoué devant le peuple et le résultat vient renforcer notre position.

Un combat sur la propriété foncière

Si le premier combat sur l’orientation générale du projet PAV a été gagné, la lutte sur ce secteur ne fait que commencer car d’autres grands enjeux nous attendent. Tout d’abord, la lutte pour la la propriété foncière. Qui possédera le sol et pourra décider de la manière de construire et surtout à quoi seront affectés les bénéfices? Cet enjeu est crucial car il soulève la question de la privatisation de notre canton. En laissant les acteurs privés prendre possession du sol, nous leur abandonnons également notre souveraineté, tant sur la politique sociale du logement que sur l’accès à la ville ou encore sur les profits générés. Nous devons donc tout faire pour que l’État conserve le contrôle du sol et qu’aucune vente de terrain public n’ait lieu.

Soutenir l’Initiative ALOSCA–Cartel

Si nous parvenons à conserver cette souveraineté sur la propriété foncière, nous pourrons alors déterminer en partie les rendements de ces logements et l’affectation des bénéfices éventuels. L’initiative lancée conjointement par l’Asloca et le Cartel, qui prévoit la cessation de terrain à la caisse de pension de l’État de Genève (CPEG), répond justement à ces deux préoccupations. D’une part, elle soustrait aux spéculateurs la possession du sol en cédant les terrains de l’État à la CPEG. D’autre part, elle permet d’affecter les rendements des logements au maintien des retraites de la fonction publique, afin d’éviter une recapitalisation qui couterait des milliards aux contribuables.

Conjuguer les luttes

Pour imposer notre vision d’une ville dont les habitant·e·s gardent le contrôle, il faudra maintenir la pression sur le Conseil d’État et sur le Parlement, et montrer notre détermination face aux milieux immobiliers. Cela ne sera possible qu’en liant les luttes institutionnelles et les mobilisations populaires.

Nous devons renforcer la mobilisation dans le cadre du mouvement «Prenons la Ville», en multipliant les actions, les occupations et les manifestations, mais aussi continuer à remporter les dossiers parlementaires importants. Restons donc attentifs et mobilisés car le combat sera long. Ensemble, continuons d’affirmer: «La ville est à nous!»

Pablo Cruchon