Solidarité avec les grévistes de Tamedia
Après l’arrêt de travail contre l’usine à dividendes de l’ATS en début d’année (voir solidaritéS nos 322 et 323), les salarié·e·s de Tamedia ont lancé un mouvement de grève à Genève et à Lausanne pour répondre à l’annonce de 36 licenciements au quotidien Le Matin. Une grève reconduite pour jeudi.
Francois Graf – Strates
Cette grève reconductible a été votée par 88% des salarié·e·s alors que dans l’immédiat seul le personnel du Matin est directement impacté. Il s’agit d’un acte de solidarité courageux mais également lucide. Lors des derniers conflits, les salarié·e·s ont fait face à des promesses que Tamedia n’a pas tenues et ne compte pas tenir. La direction a réagi en ordonnant la reprise du travail et en menaçant les grévistes de licenciement avec effet immédiat ainsi que de demande de réparations en cas de continuation de la grève. Elle a également convoqué les pigistes pour remplacer les journalistes en les menaçant s’ils·elles s’avisaient de se joindre au mouvement de protestation en cours. Malgré la violence de ces menaces, 300 personnes étaient dans la rue à Lausanne ce mercredi et les salarié·e·s ont décidé de reconduire la grève en cours de journée pour maintenir la pression lors d’une probable reprise des négociations.
Des bénéfices en hausse
Chez Tamedia, les vagues de restructuration se succèdent avec leurs wagons de licenciements alors que les profits du groupe explosent. En mars de cette année, le groupe annonçait ainsi une augmentation de ses bénéfices de 39,1% à plus de 170 millions de francs pour 2017. Le groupe supprime ces postes alors qu’une procédure devant l’office de conciliation vaudois en matière de conflit du travail est en cours suite à la fin de la version papier du Matin. Il montre ainsi bien que le patronat brandit la chimère du partenariat social et de la paix du travail uniquement lorsqu’il en a besoin pour discipliner les travailleuses et les travailleurs qui luttent. Au quotidien, le cadre légal squelettique lui convient très bien pour mener ses plans visant l’optimisation de son profit sur le dos des salarié·e·s.
Des licenciements par centaines
Ainsi, il ne s’agit pas de la diversité de la presse mais bien de vies sacrifiées sur l’autel du profit. On l’a vu à l’ATS et on le voit à la RTS qui prévoit la suppression de 250 postes de travail. Mais on le voit dans d’autres secteurs comme Nestlé qui licencie en masse (500 chez Nestlé et 80 chez Nespresso) et dans bien d’autres lieux: les CFF entendent casser les conditions de travail des cheminots; Bombardier licencie près de 700 personnes; les électriciens font face à la police venue briser une grève; les maçons voient leur retraite attaquée à chaque renouvellement conventionnel; la restauration normalise des conditions de travail précaires; le commerce de détail voit l’élargissement de ses horaires en parallèle à la suppression d’emplois.
Dans ce cadre-là, les gesticulations politiciennes ne serviront à rien car elles ne mèneront qu’à accompagner la défaite avec, pour corollaires, le découragement et la détérioration de nos conditions d’existences. La lutte appartient aux travailleurs et aux travailleuses et à celles et ceux qui leur sont solidaires.
Sébastien Schnyder